Pour certain·e·s, le nom de Vanderbilt évoque une pub surannée pour un parfum vendu en supermarché et en librairies agréées. Pour d’autres, c’est celui d’une héroïne du siècle passé. Un mythe. Mais qui est réellement Gloria Vanderbilt ?

Gloria Vanderbilt, « Million Dollar American Princess », naît en 1924 dans l’une des familles les plus fortunées de la planète. Le genre Rothschild ou Kennedy, mais en plus grand, en plus hollywoodien, en plus « coiffure crantée et boa en plumes agité en descendant le double escalier central de la propriété ». Il se dit à une époque que leur fortune dépasse le PIB des States. Originaires des Pays-Bas, ses ancêtres font fortune dans le transport maritime puis dans le transport ferroviaire. Mais les descendants, moins bosseurs, plus dépensiers, font fondre le magot de génération en génération sans jamais remplir les caisses à la hauteur de leurs dispendieuses folies.

Leur dada : l’immobilier. Des propriétés new-yorkaises d’une taille hallucinante, avec salles de réception pouvant accueillir plusieurs milliers de personnes. L’une à deux pas de la Cinquième avenue, d’une superficie de 8.000 mètres carrés, d’autres à Newport, à Rhode Island et de la déco, beaucoup, beaucoup de déco. Des biens qui seront vendus, éparpillés, au fil des drames. Car les tragédies, Gloria connaît ça. Son père, Reggie, alcoolique notoire, meurt alors qu’elle n’a qu’un an et demi. Sa mère est âgée de 21 ans. La gamine et sa génitrice filent vivre à Paris, fréquentent la famille royale d’Angleterre, dépensent comme on le faisait en ce temps-là quand on le pouvait. La mère est accusée d’être volage, lesbienne, décadente et incapable de s’occuper de sa petite. Elle en sera séparée dix ans plus tard après un procès retentissant (du genre qui rendra Gloria célèbre aux yeux de toute l’Amérique) initié par la famille paternelle. Gloria est confiée à sa tante Gertrude Whitney, une artiste glaciale et fantasque. À son contact, elle apprend l’indépendance. Pour la protéger de la folie new-yorkaise, elle l’envoie dans une pension pour enfants riches du Connecticut. Elle s’ennuie dans ce cadre structuré et décide de se marier avec Pat DiCicco, un méchant homme. Elle n’a que 17 ans. Il l’isole, il la bat, elle s’enfuit et se réfugie dans les bras du chef d’orchestre Leopold Stokowski. Il a 40 ans de plus qu’elle et l’épouse en secret au Mexique, alors qu’elle est toujours mariée à l’autre cinglé. Leur avion s’écrase pendant la lune de miel, ils s’en sortent et fêtent ça en concevant deux enfants à deux ans d’intervalle.

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Son nom, acheté par un géant du textile asiatique, était collé sur des jeans qui allaient devenir les musts du dressing des Américaines.

Elle découvre les joies du papillonnage alors que son époux, âgé et jaloux, le lui reproche de plus en plus. C’est au bras du réalisateur Sidney Lumet qu’elle poursuit sa vie, confiante, puissante, à l’apogée de sa beauté. Nous sommes au milieu des années 50 et le couple s’enivre de l’énergie de l’époque. Chez eux, au cours des fêtes qu’ils organisent, on croise Marilyn Monroe, Liz Taylor, Truman Capote (quasi obsédé par elle). Elle fond face à l’écrivain Wyatt Cooper, quitte tout et recommence : deux fils, des dîners, des mondanités, de l’opulence. Wyatt est l’amour de sa vie. Il meurt à 50 ans à peine, des suites d’une opération alors que leur mariage la comble de bonheur. Peu avant, Gloria touchait le sommet. Son nom, acheté par un géant du textile asiatique, était collé sur des jeans qui allaient devenir les musts du dressing des Américaines. Le logo : un cygne. L’égérie : Gloria Vanderbilt herself. Cover de magazines, ventes records (six millions de pièces en une année), plan marketing irréprochable, elle incarnait alors – bien avant tout le monde – la réussite dans le secteur de la mode et du luxe. Au début des années 1980, le fameux parfum inonde les enseignes. Mais alors que le chagrin la paralyse, Gloria file les clés de son business à son psy et à son avocat, histoire qu’ils l’assistent. Ils la ruineront quasiment. 

C’est bon question drama ? Non. En 1988, Carter, son fils, se défenestre sous ses yeux. Et Gloria survit, encore, inspirant par sa ténacité des millions de femmes. Elle s’éteindra en 2019, à l’âge de 95 ans, dans le New York qu’elle aimait tant.   

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