La marque française Modetrotter ouvre son pop-up store à Bruxelles du 16 au 20/02, le temps de nous dévoiler son univers pétillant et créatif. Nous avons rencontré sa fondatrice, Marie Courroy pour en savoir plus sur l’histoire de la marque.
Pour créer ses vêtements, Marie Courroy s’inspire davantage des voyages et de la rue que des magazines et des podiums. C’est d’ailleurs le concept de la marque : chaque collection tire son inspiration d’une ville. La dernière en date ? Sifnos. On en profite pour en savoir un peu plus sur la fondatrice de la marque.
Parlez-nous un peu de vos débuts dans la mode.
J’ai commencé dans la mode par hasard, avec un stage chez Vanessa Bruno. À la base, je n’avais pas d’appétence particulière pour ce domaine. J’aimais surtout les couleurs.
Comment décririez-vous le style de Modetrotter ?
Je ne suis pas sûre que nous ayons un style particulier. Nous habillons plusieurs styles de femmes, de tout âge. Si certaines prennent leurs Jean Elias près du corps, d’autres préfèrent une taille au dessus, comme un baggy. C’est ce que j’adore dans mon métier : ne me sentir enfermée par rien. Et je ne m’interdis rien. C’en est fini du temps où l’on se faisait un total look. Aujourd’hui, on mélange du Chanel avec du Zara. Et du Modetrotter ! La seule chose que vous retrouverez chaque saison, c’est la couleur. C’est vraiment l’ADN de la marque.
À la base, Modetrotter était un site de vente en ligne. Comment êtes-vous passée du site à la marque ?
Je trouvais très dur d’être revendeur et de ne pas assumer moi-même les succès ou les problèmes liés aux vêtements que je vendais. Si une chemise à 350€ perdait ses boutons au bout d’une semaine, à part m’excuser je n’avais aucun pouvoir de changement. Aujourd’hui, je suis très fière d’assumer nos erreurs, mais également nos succès.
Je ne comprenais pas non plus les politiques de démarque. Alors que les magasins pouvaient faire de petites opérations de démarques, je n’avais jamais le droit de le faire sur le web, sous prétexte que tout le monde pouvait facilement trouver ma boutique en ligne. Je trouvais ce système à deux vitesses très injuste.
Aussi, je trouvais les prix de ce que je vendais souvent injustifiés. Donc pour toutes ces raisons, j’ai décidé de passer de l’autre côté, d’autant plus que je partais avec une petite base solide : mon expérience d’acheteuse, et ma base client.
Votre magasin a vu le jour en 2017. Ça fait quoi de pouvoir enfin rencontrer ses clientes ?
L’ouverture du magasin s’est faite par hasard. Nous cherchions un bureau et celui que l’on a trouvé possédait un rez-de-chaussée sur rue. Nous nous sommes rapidement dit qu’il fallait l’exploiter. C’était très important et intéressant pour nous d’avoir le retour des clientes, car c’est pour elles que nous travaillons. Nous pouvions les voir en direct et répondre à leurs questions vu que nos bureaux communiquaient avec la boutique.
Aujourd’hui, c’est un peu différent, car nous avons dû agrandir nos bureaux et déplacer le point de vente, mais leur retour reste toujours essentiel.
D’où vient le concept “une collection, une ville” ?
C’était le concept originel de Modetrotter. Il y a 15 ans, j’avais remarqué sur les salons que les acheteuses italiennes ne s’habillaient pas de la même façon que les acheteuses japonaises ou que les acheteuses américaines. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui, mais à l’époque c’était vraiment le cas. Je trouvais intéressant de faire des looks en fonction d’un pays, et qu’une même pièce soit portée façon japonaise, façon londonienne, ou façon française. Cela donnait des looks très différents.
Pour cette nouvelle collection, vous avez choisi la ville de Sifnos. Que vous a-t-elle inspiré ?
Ah, la Grèce… Cette ville est d’une douceur de vivre extraordinaire. Elle m’a inspirée dans ses couleurs, sa lumière, sa douceur et ses matières légères. J’ai eu très envie de robes en me baladant sur l’île.
En parlant de ville, bienvenue à Bruxelles ! Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce pop-up ?
J’adore les Belges et la Belgique. Et comme ce sont nos clientes les plus assidues, hors France, nous avons voulu partir à leur rencontre. De plus, cela tombait à pic, car nous venions de décider de développer le wholesale (le commerce de gros, NDLR).
Quelle est votre vision de la mode aujourd’hui ?
J’ai une vision très simple de la mode, je n’en fais pas toute une histoire. Au final, ce ne sont que des vêtements. Je suis très enthousiaste à l’idée que des marques prennent vie régulièrement. Cela signifie que des gens ont encore des projets. Par contre, je trouve qu’il faut clairement réinventer notre façon de consommer la mode. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur le désastre écologique qu’elle engendre. Je suis toujours tiraillée entre le fait de proposer des vêtements à vendre et le fait de travailler dans l’industrie la plus polluante du monde. Alors, à notre niveau, nous avons mis certaines choses en place. Nous proposons, par exemple, de la seconde main sur le site, ou encore des collections d’upcycling.
Vous avez déjà de nombreuses collaborations à votre actif. Avec qui souhaiteriez-vous faire la prochaine ?
J’aime énormément les collaborations, car elles nous permettent de sortir de notre univers. J’aime réfléchir à comment insuffler du Modetrotter à une marque ou un artiste sans que l’une ou l’autre se fasse engloutir. Aujourd’hui, j’aimerais faire une collaboration avec une marque de Montagne type Fusalp ou Aigle, ainsi qu’avec une marque de déco.
Une collaboration que vous avez particulièrement aimée ?
J’aimerais refaire une collaboration avec Benjamin Biolay, car j’avais adoré entrer dans son univers très différent du mien. J’aime quand une collaboration me nourrit aussi de l’intérieur, quand je dois vraiment me casser les méninges pour réussir à sortir quelque chose.
C’est aussi ma préférée, car c’était la première. Je le remercie, car quand nous avons fait la collaboration, nous étions encore minuscules (1 an d’existence). Malgré cela, il nous a fait confiance. Qu’un grand comme lui accorde sa confiance à des petits comme nous, c’était vraiment un signe d’une grande ouverture d’esprit.
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