Star de cinéma. Productrice. Fondatrice de sa propre association caritative. Visage de la nouvelle campagne de la célèbre montre Chronomat de Breitling. Méchante doyenne dans le prochain film Netflix, « L’école du Bien et du Mal ». Alors que Charlize Theron savoure sa maternité, elle brise les barrières à l’écran et en dehors, toujours prompte à faire évoluer les mentalités. Conversation Zoom contre la montre.
Il est 9 heures du matin à Los Angeles. C’est l’heure de ma réunion Zoom avec Charlize Theron. Sa voix est claire, pure, joyeuse. Peut-être même sourit-elle. Mais je ne peux pas le savoir, car je suis face à un écran noir. Wouf… Un chien ? Elle s’excuse et se lève pour ouvrir la porte. Il veut sortir. Pour ses nombreux fans, Charlize Theron est l’incarnation de la beauté et de la féminité, métamorphosée en déesse éthérée pour le parfum « J’adore » de Dior. Dans la nouvelle campagne Chronomat de Breitling, elle se présente comme une femme engagée. Ce qu’elle est. Aux côtés de la danseuse étoile afro-américaine Misty Copeland et de l’actrice chinoise Yao Chen, elles forment un trio de femmes reconnues pour briser les codes et affronter les stéréotypes en tous genres avec style et conviction.
Une star de cinéma, mais pas seulement
Ce n’est un secret pour personne que, depuis 2009, Charlize Theron est une « messagère de la paix » respectée pour le compte des Nations unies et une militante infatigable engagée sur les questions sociales. En 2007, elle a créé sa propre fondation, le « Charlize Theron Africa Outreach Project », qui soutient la jeunesse africaine dans son combat contre le sida, entre autres causes. L’année dernière, son association caritative a lancé « Together for Her », une campagne mondiale contre les violences domestiques, qui ont connu un pic partout dans le monde pendant la pandémie. Charlize Theron se bat également en faveur de la communauté LGBTQIA+. Elle a d’ailleurs par le passé exprimé son refus de se remarier tant que le mariage homosexuel ne serait pas légalisé aux États-Unis.
Au cinéma, Charlize Theron aime aussi l’action : à coups d’uppercuts dans « Atomic Blonde » (dont le deuxième volet a été annoncé), « Mad Max : Fury Road » ou encore « Fast & Furious 9 ». Dans « The Old Guard » (Netflix 2020), elle incarne avec style une redoutable immortelle, en pleine forme physique. Elle fait également preuve d’une polyvalence hors pair en choisissant des rôles très exigeants, qui requièrent parfois une métamorphose complète. En 2004, elle a remporté un Oscar, un Golden Globe et un Ours d’argent de la meilleure actrice dans « Monster » de Patty Jenkins, l’histoire de la tueuse en série Aileen Wuornos. L’actrice y est apparue méconnaissable, ayant pris 15 kilos pour le rôle. En 2018, elle a récidivé dans « Tully » de Jason Reitman, prenant 18 kilos pour jouer le rôle d’une jeune mère. « J’ai dû vivre avec ces kilos en trop pendant près de deux ans. À 40 ans, c’est plus difficile de perdre du poids qu’à 20 ! » (ELLE France 2018) En 2019, elle joue et coproduit le drame « Scandale », pour lequel elle a obtenu une nouvelle nomination aux Oscars.
Bientôt, l’actrice incarnera Lady Lesso, la « doyenne du Mal » dans le conte de fées « L’école du Bien et du Mal », basé sur la saga romanesque éponyme de Soman Chainani et réalisé par Paul Feig pour Netflix (sortie prévue en 2022).
Aujourd’hui âgée de 46 ans, l’actrice joue son plus grand rôle loin des caméras. Mère de famille, elle élève seule ses deux enfants adoptifs, Jackson (9 ans) et August (6 ans), avec une belle ouverture d’esprit.
Zut ! Il est 9 h 25. On m’informe discrètement sur le chat Zoom que l’entretien arrive à son terme… Contrairement à Charlize Theron, le temps ne semble pas jouer en ma faveur !
Vous êtes actrice, productrice, ambassadrice des Nations unies, militante par le biais de votre propre association caritative, et mère de deux enfants… Vous avez avoué éprouver quelques difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle. Avez-vous enfin trouvé l’équilibre parfait ?
Je ne pense pas que la perfection soit de ce monde. Je suis en paix avec ça (rires). J’aimerais bien en tout cas. L’équilibre est très difficile à atteindre en tant que monoparent, quel que soit votre métier, mais d’autant plus si celui-ci vous amène à voyager. Mais les choses évoluent, car mes enfants grandissent. Ce ne sont plus des petits bouts qui n’ont même pas conscience de l’endroit où ils vont. Ils ont maintenant atteint un âge où ils ont leurs propres centres d’intérêt, et des tas de choses à faire après l’école.
Comment avez-vous vécu la pandémie et les confinements successifs ?
J’étais à Los Angeles et quand j’y repense, notre confinement s’est déroulé on ne peut mieux. J’étais avec les personnes que j’aime le plus, mes enfants et ma mère. J’étais tout à fait consciente que je n’aurais jamais pu vivre ce genre de moments en temps normal avec ma famille et donc, à cet égard, ça m’a vraiment plu.
Le rôle de « professeur » a-t-il été le plus difficile pour vous ?
Je n’étais pas fan de l’enseignement à domicile, et je savais très bien que je n’étais pas douée pour ça ! Cela dit, ce serait vraiment intéressant de demander à mes enfants de raconter cette période à leur manière. Je me souviens de l’impact de l’épidémie de sida en Afrique du Sud, alors que je n’avais même pas l’âge de ma fille aînée. En tant qu’adultes, nous voyons ça comme une situation exceptionnelle. Espérons que ça ne se reproduise pas. Pourtant, si on ne fait pas attention, ça pourrait arriver.
Après deux ans d’absence, appréhendez-vous le retour sur les plateaux de tournage ?
Ces deux dernières années, je n’ai fait que travailler en préproduction avec notre société (Denver and Delilah Productions, NDLR), c’était passionnant. Je suis maintenant enthousiaste à l’idée de reprendre le travail, mais j’ai envie de m’y remettre avec prudence. Ce virus est bien réel, et je pense qu’il n’a pas fini de nous embêter. Une juste dose de peur est donc salutaire.
Le calendrier des sorties cinéma a été chamboulé par la pandémie. Quels sont vos prochains films ?
« La famille Addams 2 » est sorti au mois d’octobre (l’actrice y donne la réplique à Morticia Addams, NDLR), ensuite en postproduction, « L’école du Bien et du Mal » pour Netflix, puis deux ou trois choses qui doivent rester secrètes pour l’instant. Je ne peux pas en parler, mais ça va être super ! C’est tout ce que je peux dire (rires).
Vous avez joué dans 55 films et six séries en seulement 26 ans. Vous avez fait l’objet de 18 nominations et remporté trois prix. De quoi êtes-vous le plus fière ?
Je dirais… ma longévité. C’est probablement la chose la plus importante. J’ai toujours profondément aimé ce métier et j’avais vraiment envie de pouvoir continuer le plus longtemps possible. La plus grande crainte des acteurs et actrices, c’est d’être éclipsés par le ballet constant de nouveaux talents, et de finir aux oubliettes. Quand j’étais plus jeune, l’idée de pouvoir vivre uniquement de ce boulot, sans avoir un deuxième emploi alimentaire, relevait du rêve. C’est très difficile d’y parvenir. Je suis fière des choses auxquelles j’ai dit « non ». Et je suis fière des choses auxquelles j’ai dit « oui », en gardant toujours à l’esprit l’objectif de bâtir une longue carrière.
Quel est votre rapport au temps ?
Le temps est précieux. C’est la seule chose qu’on ne peut pas acheter. Une quantité de temps nous a été impartie, et c’est donc la chose la plus précieuse qui soit sur cette terre. De plus, nous ne savons pas quand il viendra à échéance, ce que nous aurons pu partager et laisser derrière nous comme héritage, ce qu’il restera du temps que nous avons passé auprès de nos enfants. Alors, je chéris le temps. Je ne prends rien pour acquis. Quand j’étais plus jeune, j’étais pressée parce que je ne savais pas combien de temps j’avais. Maintenant que je suis plus âgée, je ressens l’importance de ralentir et d’apprécier à sa juste valeur le temps que je passe avec mes enfants, avec les gens que j’aime, et le temps que j’ai pour faire les choses qui comptent véritablement pour moi, pour ne pas le gaspiller !
Vous faites partie de la nouvelle équipe Breitling, aux côtés de Misty Copeland et de Yao Chen dans le cadre de la campagne pour la nouvelle montre Chronomat. Est-ce important pour vous d’appartenir à une communauté ?
Oui. L’envie de faire partie d’une communauté est inhérente à la condition humaine. On peut aussi s’identifier à de nombreux collectifs différents. Je pense qu’il faut voir comme un atout le fait que nous, les humains, puissions avoir des intérêts multiples. La communauté peut vraiment être un vecteur d’encouragement à travers le soutien et l’acceptation. Donc, dans ce sens, je pense qu’elle joue un rôle fondamental. Les personnes qui n’éprouvent pas ce sentiment d’appartenance peuvent se sentir très seules.
Comment cette collaboration avec Breitling a-t-elle démarré ?
J’ai été approchée au moment de la première campagne que nous avons faite ensemble. Adam Driver et Brad Pitt avaient déjà signé. J’ai adoré le concept de la campagne. Le courant passait super bien entre Adam, Brad et moi, et ce que Peter Lindbergh avait imaginé me semblait réussi et sincère. Cette entreprise qui fabrique des montres depuis 1884 a su capter l’air du temps.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la montre Chronomat de Breitling ?
À une époque où nous ne sommes pas obligés de porter une montre, Breitling s’y prend très intelligemment et aborde la question d’une autre façon : « Pourquoi ne pas concevoir un objet que les gens voudraient mettre à leur poignet ? » C’est comme ça que je vois cette montre. Le design présente une qualité moderne, au-delà de ses atouts incroyables sur le plan technique. Elle est à la fois classique et contemporaine. Elle ne dicte pas le déroulement de votre journée ni ce que vous devez porter.
Vous êtes une véritable militante et vous vous battez pour plusieurs causes, notamment l’inclusivité, la diversité, la communauté LGBTQIA+. Vous avez même créé votre propre fondation, le « Charlize Theron Africa Outreach Project » en 2007. Qu’est-ce qui vous a poussée à le faire ?
Je suis née et j’ai grandi en Afrique du Sud. Pendant mon adolescence, j’ai été très affectée par l’épidémie de sida qui a dévasté mon pays et qui, à bien des égards, continue de le faire. J’ai vu beaucoup de personnes mourir du sida. L’urgence autour de l’épidémie de sida était si grande à la fin des années 80 et dans les années 90 qu’à l’aube des années 2000, nous avons bénéficié d’un soutien énorme en matière d’antirétroviraux pour les personnes déjà séropositives. Mais je me suis rendu compte qu’il subsistait de grosses lacunes en matière de prévention. L’Afrique du Sud, en particulier, a perdu une génération entière de parents. Les plus jeunes ont grandi, avec un peu de chance, avec un parent ou un grand-parent, et les traditions anciennes ont fait obstacle à la médecine moderne et à la compréhension de la façon dont le virus se propageait et infectait les gens. Il n’y avait pas vraiment d’organisation centrée sur la prévention. C’est pourquoi j’ai voulu créer une fondation.
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