Depuis les années 70, les femmes ont conquis beaucoup de droits. Malheureusement, il reste de nombreux combats à mener...
1970. Dans les rues, des femmes élèvent leurs voix pour protester contre les inégalités au travail, au sein de leur foyer, à l'école, vis-à-vis de la loi... Si la condition de la femme a bien évolué depuis, leurs revendications résonnent toujours dans l'actualité. Ce 8 mars, comme chaque année, des milliers de femmes déambuleront aux quatre coins de la Belgique pour revendiquer une société égalitaire. À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, retour sur les grands combats qu'il reste encore à mener.
1. Assurer l’égalité salariale et professionnelle
L'écart salarial est l'une des principales préoccupations des femmes. Et pour cause : selon un rapport de 2021 de l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (IEFH), les femmes gagneraient 23,1% de moins que les hommes... sans correction pour la durée de travail. Cela veut en fait dire que ce pourcentage ne tient pas compte des emplois à temps partiel. À poste équivalent à temps plein avec la même ancienneté et les mêmes responsabilités, l'écart serait en fait de 9,2% en 2021.
Depuis plusieurs années, cet écart tend à diminuer. Selon l'IEFH, "l’écart salarial de genre va jouer un rôle moins important au fil des années en Belgique, ce qui constitue, en soi, une évolution positive". Le principal problème concerne en réalité un autre phénomène : la difficulté pour les femmes d'accéder à des emplois importants. Le marché du travail est à deux vitesses : d'un côté, les emplois confortables aux salaires élevés, de l'autre les emplois à temps partiel, moins intéressants et offrant peu de perspectives. Or, les femmes sont beaucoup plus susceptibles d’être recrutées à temps partiel (49%) que les hommes (9,3%). Elles sont en outre plus souvent recrutées dans des secteurs où le salaire est plus faible (30,3%) : soins, titres-services, vendeuses...
Les femmes sont aussi, en moyenne, plus susceptibles d’être absentes pendant de longues périodes que les hommes. Comme les employeurs ne versent pas de salaire après un mois d’absentéisme, cela réduit également le salaire annuel brut total du travailleur absent. L'année dernière, le salaire annuel brut total d’une femme s’élevait en moyenne à 38 145€, contre 46 909€ pour les hommes, soit un écart de 8 764€. Si les hommes comme les femmes ont vu leur salaire brut augmenter, les indexations ont fait que l’écart salarial s’est encore creusé puisque les hommes ont un salaire brut plus élevé à la base. Résultat ? Les femmes ont été plus durement touchées par l'inflation que les hommes.
2. Valoriser et mieux répartir les tâches domestiques
On en a marre d'entendre qu'être femme au foyer n'est pas un vrai métier. Cette phrase ridicule n'est pas sans conséquence puisqu'elle se répercute sur les pensions. La source du problème : la mauvaise répartition des tâches domestiques. Depuis le 18ème siècle, on nous rabâche que l'homme doit évoluer dans la sphère du dehors tandis que les femmes doivent rester cantonnées à la maison. Les clichés ont la peau dure, puisque ce sont encore majoritairement les femmes qui s'occupent des corvées ménagères, quelle que soit leur situation professionnelle.
En 2015, une étude du SPF Économie avait révélé que, sur une semaine, les femmes vouaient 8 heures de plus que les hommes aux tâches ménagères. "La répartition du travail entre hommes et femmes suit encore le modèle traditionnel des rôles" avait indiqué le SPF Économie. À cause de cela, beaucoup de femmes sont obligées de passer à temps partiel, voire de devenir femmes au foyer. Et dans le calcul des pensions, les tâches domestiques ne comptent pas. Résultat : selon le Service fédéral des pensions, la pension moyenne des femmes s'élève à 1 024,81 euros, contre 1 311,79 euros pour les hommes.
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Une récente étude réalisée en France a tenté d'estimer combien gagnerait une femme au foyer si elle était rémunérée. Résultat ? Entre les tâches ménagères, les courses, le linge, les devoirs, le repassage, la cuisine et les conduites des enfants, la charge de travail des mères représenterait l’équivalent d’environ 6 400 € par mois. Soit l'équivalent d'un.e dirigeant.e d'entreprise...
3. Lutter contre les violences sexuelles
C'est sans doute l'un des combats les plus importants que nous avons à mener : lutter contre toutes les violences faites aux femmes, qu'elles soient sexistes ou sexuelles, au travail, dans la rue ou à la maison ou encore physiques ou psychologiques. Plus parlants que les mots, les chiffres témoignent : selon l'ONG Plan international, 9 femmes sur 10 ont déjà été victimes de harcèlement de rue, 1 jeune fille sur 3 a vécu des attouchements non consentis et seulement 6% des victimes font appel à la police. Plus grave encore : l'année 2022 a été le berceau de 24 féminicides. Rien que cette, on en compte déjà trois en Belgique au début du mois de mars... D'ailleurs, les féminicides ne sont recensés par l'Etat que depuis l'année dernière. Jusqu'ici, c'était le blog Stop Féminicide, créé par un ensemble d'ASBL féministes, qui les dénombrait en épluchant la presse. Dans le cadre du Plan national de lutte contre les violences de genre, la Belgique a commencé son recensement officiel cette année. On vous en parlait d'ailleurs dans cet article.
4. Pouvoir disposer de son corps pleinement et librement
Près de la moitié des femmes sont privées du droit à disposer de leur corps, d'après un rapport de l'ONU basé sur une enquête réalisée dans 57 pays en développement. Viol, stérilisation forcée, mutilations génitales... voilà le lot d'une majorité de femmes à travers le monde. Les récents événements qui ont eu lieu aux États-Unis nous ont rappelé à quel point nos droits n'étaient jamais acquis et à quel point la vigilance restait donc de mise. Au mois de juin 2022, la très conservatrice Cour Suprême américaine (résultat de quatre années de présidence Trump) révoquait le fameux arrêt « Roe v. Wade » qui protégeait le droit à l’avortement depuis près de cinquante ans aux États-Unis. Cette décision a donné le droit à chacun des cinquante États de décider d’interdire ou non l’IVG selon ses conditions. Pour citer les mots de la démocrate Nancy Pelosi : "Les femmes américaines ont aujourd'hui moins de liberté que leurs mères".
En Belgique, les femmes ont obtenu la libre disposition de leur corps. Mais cette liberté n'est pas acquise pleinement. Par exemple, les femmes ont le droit d'avorter, mais pas au-delà de 12 semaines de grossesse. Pourtant, un tas de raisons peuvent pousser une femme à avorter au-delà de 3 mois, comme faire un déni de grossesse ou être victime d'un compagnon violent. Mais disposer de son corps, c'est aussi pouvoir entretenir librement des relations sexuelles. Un autre domaine dans lequel l'inégalité de genre persiste. Si les hommes qui enchaînent les conquêtes sont considérés comme des don juan, les femmes qui en font de même sont le plus souvent dénigrées et stigmatisées. Être une femme et aimer le sexe dérange. Pourtant, la société valorise sans cesse l'hypersexualisation de la femme. Bref, les vieilles mentalités continuent de faire barrage à la pleine liberté des femmes. La question est : quand cela prendra-t-il fin ?
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