Certaines se présentent comme de véritables gourous du “bien-être”, d’autres partagent simplement leurs conseils beauté et santé à l’emporte-pièce sans réelle expertise dans le domaine. Qui sont ces influenceuses qui cumulent des millions de followers sur leurs différents réseaux sociaux et qui, sous leurs airs de meilleures amies, prodiguent des conseils au mieux discutables, au pire réellement dangereux pour la santé mentale et physique des jeunes ?

La promotion de thérapies alternatives et la désinformation en matière de santé et d’esthétique ont toujours existé. C’est la contre partie d’Internet et des réseaux sociaux. On y trouve full infos géniales partagées par des gens brillants mais aussi beaucoup de conneries distillées par des personnes avides de profits. Aujourd’hui, TikTok et Instagram permettent aux influenceurs (pour la plupart issus d’émissions de télé-réalité) de connaître une popularité sans précédent auprès d’un public souvent très jeune. Sur leurs comptes, un torrent incessant de publicités et de codes promotionnels enrobés dans de soi-disant bons conseils qui se propagent comme une traînée de poudre avec les conséquences psychologiques et physiques non négligeables pour celles et ceux qui mordent à l’hameçon.

Les médias sociaux ne sont ni plus ni moins qu’une plateforme business qui a permis aux influenceurs de monétiser leur audience au travers de nombreux publireportages, de diverses programmes d’affiliation et d’innombrables boutiques en ligne. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’agit d’un business juteux puisque l’industrie de l’influence a dépassé le milliard de dollars aujourd’hui. Une manne d’argent colossale qui a semble-t-il fait perdre toute conscience – ou décence – à certain.e.s. Bien entendu, il ne faut jamais mettre tout le monde dans le même panier mais la proportion de celleux qui franchissent la ligne blanche est tout de même effrayante …  Ces influenceurs soi-disant certifiés (et donc validés par Instagram…) partagent des recommandations faussement scientifiques,  remaniées à leur sauce, avec un peu d’ésotérisme et beaucoup de pensée positive, ou pas du tout lorsque le contenu partagé à pour but de complexer une audience mineure déjà en manque d’estime d’elle-même. Le tout saupoudré par une grande dose d’empathie dans l’espoir de créer un lien intime et donc de confiance avec les followers et donc potentiels clients. Des conseils pas du tout innocents puisque quasi systématiquement accompagnés de produits marketing à acheter pour régler instantanément tous les problèmes de couple ou de santé, y compris les plus sérieux.

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Mais pourquoi ça marche ?

C’est la grande question que beaucoup de monde se pose. Si ces gourous parviennent aussi bien à tirer leur épingle du jeu et à s’enrichir rapidement cela s’explique en grande partie par un contexte de méfiance à l’égard des autorités scientifiques. Une défiance pas tout à fait injustifiée rappellent les sociologues Stephanie Alice Baker et Chris Rijek. “Par le passé, des entreprises alimentaires et des gouvernements ont agi de manière contraire à l’éthique, des experts se sont trompés et des lobbyistes ont influencé la politique et la recherche”, expliquent-ils avant de conclure :  “Les non-experts peuvent apporter des contributions importantes au débat public, mais des problèmes surgissent lorsque les opinions des influenceurs sont acceptées comme des alternatives moralement supérieures et entièrement fiables”. Pendant ce temps, une étude réalisée en Grande-Bretagne et menée par l’université de Glasgow a révélé que 9 influenceurs sur 10 partageaient des informations inexactes sur la santé

Si vous êtes confrontés à des problèmes de santé, consultez un médecin, si vous devez faire face à des problèmes psychologiques ou de couple, confiez-vous à des thérapeutes, pour vérifier des informations, référez-vous à des sites de références ou à des médias traditionnels dont le travail est de fournir des informations justes, récoltées auprès de spécialistes et soumis à un code de déontologie. Tout n’est pas à jeter sur les réseaux sociaux mais soyez prudents, votre santé mentale et physique, ou celles de vos enfants, est peut-être en jeu.

Quelque uns des pires bad buzz liés aux influenceurs :

Belle Gibson et le scandale du faux cancer

 

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Si vous essayez de chercher le blog ou la page Instagram de l’influenceuse Belle Gibson en tapant son nom sur Google, vous risquez plutôt de tomber sur un article de la BBC ou du Guardian sur “celle qui a menti à propos de son cancer”. L’ex-influenceuse australienne, aujourd’hui âgée de 30 ans, a en effet fait les gros titres en 2015, lorsqu’elle a été invitée à comparaître devant le tribunal fédéral américain pour fraude et allégations de santé trompeuses.

Celle qui se présentait comme un gourou du bien-être s’était faite connaître en affirmant qu’elle avait réussi à vaincre un cancer en phase terminale en rejetant la médecine conventionnelle au profit d’une bonne alimentation et d’un mode de vie sain. La jeune femme avait été jusqu’à mettre en scène son fameux mode de vie “healthy” à travers un blog et sur les réseaux sociaux. Histoire qui a finalement donné lieu à un livre et une application à succès. Alors qu’elle avait promis que les recettes de son app seraient reversées à des oeuvres caritatives, il n’en fut jamais rien.

Gwyneth Paltrow et ses bains vaginaux

 

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C’est désormais une habitude pour l’actrice. À chaque sortie publique sur une de ses pratiques pseudo-scientifiques, c’est la controverse. La star devenue “gourou lifestyle” a d’ailleurs conçu son propre site Internet, Goop, sorte de temple du bien-être où l’on achète des objets étranges comme la fameuse “bougie senteur vagin” ou encore des compléments alimentaires censés guérir tous les maux.

En septembre 2018, Goop a été condamné à payer une amende de 125 000 $ par les tribunaux américains. En cause ? Publicités mensongères. Une association de consommateurs avait alerté la justice sur plus d’une cinquantaine d’allégations de santé non fondées publiées sur le site en question. L’un des pires conseils resté dans les annales ? Le sauna vaginal, qui consiste à s’asseoir nue sur une chaise percée d’où s’échappe de la vapeur d’armoise (une herbe aromatique). Ce bain de vapeur permettrait selon l’actrice de nettoyer en profondeur le vagin, de préserver la santé de l’utérus et de réguler les menstruations. Une recommandation dénoncée par les médecins et gynécologues qui voient plutôt dans cette pratique un bon moyen d’appauvrir la flore utérine et de contracter par la suite des infections plus facilement.

Sarah Fraisou et ses gélules pour resserrer le vagin

 

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Une publication partagée par Sarah Fraisou (@sarahfraisou.paris)

Plus récemment et plus proche de chez nous, c’est l’influenceuse Sarah Fraisou qui compte tout de même plus de 2,2 millions d’abonnés qui a créé le bad buzz. L’ex-candidate des “Princes de l’Amour”, âgée de 29 ans, a vanté les mérites de capsules censées “resserrer le vagin”. Pour convaincre ses abonnées, elle n’a pas hésité à invoquer le fait qu’un vagin relâché pouvait entraîner des risques d’infidélité de la part de son compagnon. Ces capsules présentées comme 100% naturelles seraient à insérer directement dans le vagin de femmes après un accouchement pour “une vie sexuelle épanouie”.

Inutile de préciser que ce conseil publicitaire a fait un véritable tollé sur les réseaux et dans les médias. Sarah Fraisou s’est excusée par la suite dans une vidéo dans laquelle elle explique : “J’ai reçu énormément de messages d’infirmières, de gens dans le médical, qui m’ont dit “Sarah ce n’est pas forcément un produit bon”. Donc de là je me suis dis “ouille, Sarah qu’est-ce que tu as fais ?”. Ce n’est pas à cause de vous, ce n’est pas à cause de la forme de votre corps ou de vos parties intimes que votre mari vous trompe.”

Maeva Ghennam et son lifting vaginal

 

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Dans le même style mais dans un registre encore plus discutable, l’influenceuse française Maeva Ghennam a encouragé ses 3,2 millions d’abonnées à se faire “rajeunir la vulve”. En septembre 2021, la star de téléréalité publie une story Instagram dans laquelle elle explique avoir eu recours à de la “radiofréquence et de la mésothérapie sans injection”. Âgée de seulement 24 ans, elle se vante alors : “J’ai un beau vagin, genre je n’ai pas les lèvres qui dépassent, mais il faut l’entretenir. Mon docteur, c’est le meilleur pour ça. Du coup, c’est trop bien, genre là, c’est comme si j’avais 12 ans”. Comme si les multiples injonctions qui pèsent déjà sur le corps des femmes ne suffisaient pas, la culpabilisation vise cette fois leurs parties génitales. On observe d’ailleurs ces dernières années une augmentation du nombre de nymphoplasties (réduction de la taille des petites lèvres vaginales) et de labioplasties (réduction des grandes lèvres). En cause ? Ce type de discours bien sûr mais aussi les sexes féminins “parfaits” présentés le plus souvent dans l’industrie du porno.

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