La moitié de l’humanité mérite bien un ministère. C’est pour défendre cette idée qu’une quarantaine de femmes de tous partis ont posé ensemble à l’initiative de Elle Belgique. Allez, les filles !
Un cadre prestigieux et symbolique : le Sénat, où nous reçoit Sabine de Bethune, qui en est la Présidente (au premier rang à droite). Et 42 femmes politiques belges francophones par ordre alphabétique. Marie Arena (PS), Loubna Azghoud (cdH) Sfia Bourfa (socialiste indépendante), Saskia Bricmont (Ecolo), Veronica Cremasco (Ecolo), Christine Defraigne (MR), Julie de Groote (cdH), Céline Delforge (Ecolo), Corinne De Permentier (MR), Zoé Genot (Ecolo), Caroline Desir (PS), Virginie Gonzales (PS), Laurette Henne (cdH), Zakia Khattabi (Ecolo), Dorothée Klein (cdH), Fadila Laanan (PS) Karine Lalieux (PS), Clotilde Leal-Lopez (cdH), Bénédicte Linard (Ecolo), Gisèle Mandaila (FDF), Marie-Christine Marghem (MR), Vanessa Matz (cdH), Joëlle Milquet (cdH), Isabelle Meerhaeghe (Ecolo), Isabelle Moinnet-Joiret (cdH), Catherine Morenville (Ecolo), Christie Morreale (PS), Catherine Moureaux (PS), Marie Nagy (Ecolo), Colette Njomgang (PS), Mie-Jeanne Nyanga-Lumbala (cdH), Françoise Philippart (cdH), Magali Plovie (Ecolo), Florence Reuter (MR), Annick Saudoyer (PS), Stéphanie Scailquin (cdH), Marie-Martine Schyns (cdH), Nora Serrock (cdH), Fatoumata Sidibe (FDF), Viviane Teitelbaum (MR), Cécile Thibaut (Ecolo), Barbara Trachte (Ecolo) et Olga Zrihen (PS).
Pourquoi elles sont Pour
Ces femmes politiques ont été les premières à soutenir l’idée d’un ministère des Droits des femmes. Certaines ont même convaincu leur parti d’en inscrire la création à leur programme (c’est le cas d’Ecolo, du PS et du FDF). D’autres s’engagent personnellement. Toutes font preuve d’un sacré courage et d’un grand sens de la persuasion.
Céline Frémault (cdH) : « L’existence d’un ministère des Droits des femmes permettrait de créer une compétence-coupole, de coordonner les politiques en faveur des femmes. Une vue d’ensemble permettrait d’augmenter l’impact de mesures existantes et d’initier de nouvelles politiques. »
Marie Arena (PS) : « La compétence Droits des femmes pourrait être logée chez l’une des vice-premières (il y a autant de vice-premiers que de partis dans la coalition qui gouverne). Elle aurait ainsi plus de poids qu’un Xième secrétariat d’Etat. Et n’occasionnerait pas de frais supplémentaires. »
Viviane Teitelbaum (MR) : « Je dis oui à la création d’un ministère des Droits des femmes parce que ces droits reculent réellement.Sur la question de l’IVG, sur le plan économique… La notion d’égalité des chances est trop vague, les droits des femmes y sont comme noyés, ils disparaissent derrière le ‘genre’… »
Zakia Khattabi (Ecolo) : «Quand on voit l’expérience française, on constate l’efficacité d’un ministère des Droits des femmes. Il faut réaffirmer que les femmes sont plus de la moitié du monde et qu’elles n’ont pas à s’excuser de revendiquer leur place.. »
Fatoumata Sidibé (FDF) : « On dit qu’il coûterait cher ? Nous voulons justement ce ministère pour mutualiser les moyens, jusqu’ici éclatés. Cette mesure reflèterait une gestion de ‘bonne mère de famille’, qui irait dans le sens d’une plus grande efficacité et d’une plus grande efficience des deniers publics. »
Sophie Merckx (PTB) : « La crise touche plus souvent et plus durement les femmes. En tant que médecin, je le constate parmi mes patients : elles sont les plus nombreuses à être exclues du chômage. Pour s’en sortir, certaines se remettent ‘à charge’ d’un homme. Ce qui me semble un recul. »
Parti d’une idée du mouvement Vie Féminine, soutenu par de nombreuses femmes politiques et, pour certaines, par leur parti, le projet de ministère des Droits des femmes a le mérite de mettre ceux-ci au programme des prochaines élections.
Trois ministres, une présidente du Sénat, et 42 militantes, élues ou en passe de l’être.
Toutes ont répondu, le 18 mars dernier, à l’appel du ELLE Belgique pour une séance photo assez unique : réunir, sous les ors du Sénat, une équipe de femmes qui croient dur comme fer à l’utilité d’un ministère des Droits des femmes. Ce ministère, c’est Hafida Bachir, la présidente nationale de Vie Féminine, qui a été la première à en parler. À mettre en évidence le détricotage des droits des femmes, premières victimes de la crise, et la nécessité d’une vue d’ensemble sur les problèmes de rien moins que la moitié de l’humanité.
« On fait comme si les femmes étaient sur le même pied que les hommes. Il faut au contraire que les politiques travaillent de manière ‘féministes’, en tenant compte des inégalités structurelles et des rapports de force qui régissent la société. »
Pourquoi, au fait, ne pas se contenter de la notion d’égalité ? « Parce qu’elle est trop lisse, insiste Hafida Bachir. Et parce qu’elle a montré ses limites : les femmes sont placées dans le gros fourre-tout de la diversité, aux côtés des discriminations à l’égard des homosexuels, des handicapés… Les droits des femmes sont une vraie question politique. »
Vécu
Un projet « femmes » ? 10 personnes autour de la table. Béa Ercolini, rédactrice en chef de ELLE Belgique et présidente de l’asbl Touche Pas A Ma Pote, raconte.
« En 2012, la STIB a offert un magnifique tram et des espaces publicitaires à notre canpagne contre les insultes sexistes. Je me suis retrouvée à faire le tour des cabinets avec un chapeau de mendiant pour trouver un financement à cette campagne. La ministre Milquet a joué son rôle de ministre fédérale de l’Egalité des Chances, convoquant autour d’une table les différents intervenants. C’est là que j’ai pris conscience de la réelle fragmentation des compétences qui est la loi en Belgique : les problématiques qui concernent les femmes relèvent du fédéral (Milquet), de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Laanan), du régional (Madrane, De Lille), du communal… Aux fonctionnaires des différents ministres ou secrétaires d’Etat assis autour de la table de soutenir -ou non- le projet. Une bonne coordination en est le secret. Mais, entre les questions de salaires, de pensions, d’emploi, de garde-d’enfants, de sécurité, d’éducation et j’en passe, il y a tant de pain sur la planche qu’une compétence ‘100 % femmes’ ne serait pas du luxe. »
A lire dans le ELLE Belgique sorti ce vendredi !