Un mot. Cinq lettres. Dis-les-moi et je suis à toi. “Drôle” vient de faire son apparition sur Netflix. Et on est totalement sous le charme.
Il est loin le temps où séries françaises rimaient avec vieux polars ringards. Aujourd’hui, la french touch semble conquérir le monde avec des séries qui ont fait leur preuve, du Bureau des Légendes à Family Business. Mais quand on pense série française qui cartonne, on pense souvent et surtout Dix Pour Cent. Bonne nouvelle, la showrunneuse de la série, Fanny Herrero, vient de dévoiler une nouvelle merveille de son cru. Ça s’appelle Drôle et vous risquez de n’en faire qu’une bouchée.
Les coulisses du stand up parisien
Fanny Herrero aime investir les coulisses méconnues des métiers pas comme les autres. Avec Dix Pour Cent, elle présentait pour la première fois au public le fonctionnement d’une prestigieuse agence d’acteurs. Avec, au programme, l’intervention de stars françaises et internationales prestigieuses pour incarner avec dérision leur propre rôle.
Ici, c’est un tout autre métier auquel la showrunneuse s’est intéressée : la scène stand-up parisienne. L’ex-championne de volley-ball de 48 ans nous raconte la vie et les déboires d’un comedy club dans lequel quatre jeunes humoristes tentent de se faire un nom. “C’est Gad Elmaleh qui m’a conseillé de m’intéresser à ce milieu vivace”, explique-t-elle à Madame Figaro. Elle se rend alors au Paname Art Café et le charme opère immédiatement : “Je me suis retrouvée à rire au fond d’une cave, sur des bancs inconfortables où les odeurs de bière se mêlaient à celles de la sueur, et j’ai découvert six jeunes entre 20 et 35 ans, provenant de toutes origines sociales, qui me parlaient de sexualité, de famille, de religion, de politique… Une photographie de la France hypermoderne et vivante.”
Sa nouvelle mini-série tient en six épisodes seulement. On suit d’un côté Nezir, humoriste talentueux mais fauché qui vient encore avec son père. Bling est une ex-star du stand-up qui peine à retrouver l’inspiration de ses débuts. Il y a aussi Aïssatou, jeune mère qui après un sketch mémorable sur une histoire de couple, se retrouve propulsée. Et pour finir, il y a Apolline qui rêve de faire du stand-up malgré son milieu bourgeois-coincé.
Un casting rafraîchissant
Au-delà du thème ultra attirant, la série se distingue surtout par son casting super réaliste. Impossible de ne pas s’identifier aux mésaventures touchantes des quatre héros. Avec leurs figures archétypales et leurs histoires sur des destins prodigieux, les films et les séries avaient presque fini par nous laisser croire qu’il n’existe personne comme nous. C’était sans compter sur Drôle, qui nous met en scène des vrais-faux “losers” comme nous en action.
Interrogée sur son choix de ne pas prendre des acteurs connus par Vanity Fair, Fanny Herrero explique : “Un stand-upper très célèbre n’aurait pas pu tout jouer. Le spectateur doit croire que tel personnage vit tout seul avec son père et enchaîne les boulots précaires. Impossible aussi de s’orienter vers des acteurs célèbres. Des stars d’origines maghrébines, des filles noires, des garçons asiatiques très connus entre 25 et 30 ans… Il y n’en a pas. La voie était libre pour aller chercher de nouvelles têtes.”
Voir cette publication sur Instagram
Un casting inclusif juste pour cocher la case “diversité” du cahier des charges de Netflix ? Loin de là selon Herrero. “Quand je suis allée pour la première fois au Paname Comedy Club, un humoriste parlait de son père qui était imam à Strasbourg”, raconte-t-elle. “C’était une manière complètement nouvelle, drôle et sincère, d’évoquer le vécu des musulmans en France. Tout d’un coup, j’ai vu tout ce qu’il traversait et se prenait dans la figure. Le stand-up m’a intéressée parce que c’est une scène drainant des gens de milieux populaires et issus de l’immigration. Même s’il ne faut pas le réduire juste à cela. Cela m’exaspère quand on estime que c’est un milieu communautaire. Comme si le théâtre et l’opéra ne l’étaient pas.”
Au-delà du casting qui change, Drôle aborde sous ses airs de ne pas y toucher plusieurs grandes questions sociétales habitées par la jeunesse actuelle. Du racisme latent dans nos sociétés soi-disant incluantes à l’omniprésence des réseaux, de la volonté ou non d’être mère à la quête de son identité propre dans une société qui semble sans cesse vouloir nous formater. Autre question abordée avec beaucoup de subtilité et plus que jamais d’actualité : l’humour peut-il être politique ?
D’ailleurs, bonne nouvelle, une saison 2 de Drôle est déjà en écriture !
Voir cette publication sur Instagram
Drôle, disponible en ce moment sur Netflix.
À LIRE AUSSI :
WeCrashed : pourquoi il faut absolument voir la nouvelle série avec Jared Leto et Anne Hathaway ?
7 documentaires Netflix sur des célébrités à regarder d’urgence