En matière de sexe, vous n’aimez pas trop prendre les devants ? Peut-être que vous êtes une “Pillow Princess” et il n’y aucun mal à ça.

Dans le jargon sexuel, on croise toutes sortes d’expressions imagées et énigmatiques. On vous parlait récemment du “sexe vanille” qui consiste à apprécier le sexe plus tradi – considéré à tort comme ennuyeux – plutôt que les folles chevauchées bestiales. Mais aujourd’hui, on se penche sur un mot d’argot que vous avez peut-être déjà croisé : “Pillow Princess”.

Une histoire queer qui date des 90s

Derrière ce mot aux douces consonances, se cache d’abord une riche histoire queer. Le terme était à l’origine utilisé pour désigner les femmes queers et les femmes qui avaient des relations sexuelles avec d’autres femmes – peu importe leur orientation sexuelle – au sein de la communauté LGBTQIA+. Mais tout ça remonte aux années 90. Aujourd’hui, tout le monde peut être une Pillow Princess, quel que soit son genre ou sa sexualité.

Concrètement, la Pilow Princess est appelée ainsi, car elle préfère recevoir que donner lors d’un rapport sexuel. Elle met en avant son propre plaisir, sans en donner en retour à son partenaire. Elle aime par exemple recevoir des cunnilingus sans pour autant pratiquer le sexe oral en retour. En gros, elle aime être passive et qu’on s’occupe d’elle. Et il ne s’agit pas juste d’une préférence ou d’une lubie, mais d’une véritable identité sexuelle, comme l’explique la spécialiste en éducation sexuelle Searah Deysach au magazine InStyle.

Un comportement égoïste ?

Le problème, c’est que le terme s’est tellement popularisé aujourd’hui qu’il a fini par tourner au qualificatif péjoratif. Être une “Pillow Princess” reviendrait à être un partenaire sexuel égoïste et paresseux, qui penserait à son plaisir avant tout et refuserait de donner. Dans certains médias masculins, le terme est même présenté avec une pointe de misogynie comme une position d’étoile de mer passive à l’opposé de l’homme actif sexuellement.

Une erreur selon Gwen Aker, interviewée par Cosmopolitan et qui se revendique Pillow Princess assumée bien que “prendre sans donner a mauvaise réputation dans la sphère lesbienne”. Elle raconte que cela serait même perçu dans le milieu queer comme une forme de doute sur sa propre sexualité, une façon de ne pas totalement assumer son caractère gay ou bi. Ce serait pourtant mettre de côté le fait que beaucoup de personnes dominantes apprécient d’avoir justement un partenaire qui souhaite uniquement recevoir, pour trouver le parfait équilibre. Dans le langage lesbien, on utilise d’ailleurs le terme “stone butch” pour parler de quelqu’un qui ne souhaite que donner sans recevoir. Rappelons que les hommes peuvent aussi apprécier de n’être que passifs. Dans les relations entre homme, l’équivalent masculin “Pillow Prince” existe aussi, avec une connotation beaucoup moins péjorative.

Tous les goûts sont dans la nature

Les Pillow Princesses ne sont donc ni anxieux, ni expérimentés, ni individualistes. Tous les goûts sont simplement dans la nature. Le plaisir sexuel est multiple et infini. La seule chose importante est donc de communiquer ses désirs et de les assumer, malgré les stéréotypes négatifs qui pèsent sur les mentalités. Portia Brown, éducatrice sexuelle et directrice de Froetic Sexology, explique : “La seule fois où une princesse de l’oreiller aura du mal à trouver un partenaire, c’est lorsqu’elle ne sera pas transparente sur ses désirs sexuels. Lorsque nous sommes ouverts et fiers de nos désirs, nous pouvons apprendre à attirer les bons partenaires.”

Finalement, être une Pillow Princess, c’est aussi accepter et apprécier le plaisir. C’est donner une priorité à son propre bonheur, faire fi des attentes normées pour s’abandonner et renoncer au contrôle. À une époque où l’orgasme féminin reste encore un tabou – la disparité entre orgasmes masculins et féminins en témoigne – ce serait presque un acte d’émancipation. “Il y a beaucoup à gagner quand on sait comment apprécier que quelqu’un vous vénère sans aucune honte”, résume Portia Brown. Et on la croit volontiers.

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