Rencontre avec Monia Sbouai, chargée de développer Atelier Regain une marque d’upcycling textile qui favorise l’insertion professionnelle.

Portrait de Monia Sbouai chargée de développer Atelier Regain.

Monia Sbouai © Joao Bolan

Pouvez-vous nous parler d’Atelier Regain et de ses engagements ?

Atelier Regain est une marque d’upcycling textile qui émane de Frip’Insertion, une association marseillaise qui existe depuis une vingtaine d’années déjà. Son projet principal est de proposer de l’emploi en insertion professionnelle à des personnes qui se trouvent dans des positions éloignées du monde du travail comme par exemple des porteurs de handicap ou des gens étant arrivés en France récemment. Lors de la création d’Atelier Regain, le but était de donner de l’emploi à des femmes et des mères isolées qui sont dans l’impossibilité de travailler de nuit ou les week-ends car elles doivent s’occuper de leurs enfants. Nous avons donc voulu recréer de l’emploi avec des horaires adaptées pour les mères célibataires, non pas parce qu’être couturière est un métier féminin.

Comment vous est venu cette sensibilité pour la mode écoresponsable et engagée ?

Auparavant, j’ai déjà sorti une marque d’upcycling textile baptisée Supermarché. Ensuite, lorsque j’étais étudiante et que je travaillais dans la mode, je me rendais compte des quantités astronomiques de créations qui se retrouvaient très vite en fin de vie ou démodées. Je me suis rendue compte qu’il y avait une sortie de frénésie dans la production et la consommation de vêtements. J’avais une préoccupation et une réelle sensibilité pour l’univers de la seconde main. J’étais aussi beaucoup impliquée dans le travail social autour de l’accompagnement éducatif donc quand j’ai créé ce premier projet l’idée était de relier les 2 activités. Grâce à Supermarché, j’ai eu l’occasion de collaborer avec des associations en lien avec Emmaüs et c’est comme ça que j’ai découvert Frip’Insertion.

Comment se passe la création d’une pièce ?

Ce sont toutes des pièces uniques ayant le même modèle mais avec des tissus différents selon l’état initial, si elle est tachée ou bien abimée. Aujourd’hui nous avons 4 couturières en insertion professionnelle à l’atelier de Marseille et une cinquième qui va rejoindre l’équipe prochainement. L’idée est de les former pour qu’elles puissent être autonomes pour créer des modèles identifiables à la marque et qui vont pouvoir se vendre. Ensuite, nous mettons les créations en ligne sur notre site qui est réapprovisionné un jeudi sur 2.

 

Concernant le choix des tissus, avez-vous des critères particuliers ?

On essaie de mettre en place des partenariats avec des marques qui ont en stock des tissus inutilisés ou annulés dans leurs collections. Sinon, il y a beaucoup de tissus qui arrivent chez Frip’Insertion et qui sont issus du don, comme pour le ligne de maison. Mais l’idée est d’avoir un fil rouge dans la collection pour que les clients reconnaissent la marque.

Quels sont les autres futurs projets d’ Atelier Regain  ?

Nous souhaitons proposer des cours comme des workshops pour que les gens puissent amener leurs propres pièces, les assembler et les confectionner eux-mêmes avec l’aide des couturières. Cela permettrait de diversifier notre activité tout en créant des liens sociaux et en favorisant des rencontres entre les couturières et les personnes qui apprécient leur travail et qui sont curieux d’en savoir plus.

Quels sont vos conseils d’upcycling  ?  

Je dirais que beaucoup de choses peuvent être retouchées à la maison, il existe des tonnes de tutos partout sur le web. Pour une consommation idéale c’est-à-dire plus écologique et responsable, je conseillerais de se tourner au maximum vers la seconde main et de se poser la question de “ a-t-on vraiment besoin de ce vêtement” avant de l’acheter. Il faut aussi s’intéresser à des démarches différentes et originales qui mettent en avant l’artisanat, les projets locaux et associatifs.

 

Envie d’en savoir plus ? atelierregain.com

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