On peut faire basculer le message d’une tenue en y adjoignant le bon sac ou la ceinture éloquente qui en transformeront la nature. Mais décodons-nous toujours correctement la double couche de subtilités en filigranes ? Que révèlent vraiment les accessoires à propos de vous ?
Talons hauts, cuissardes et bottines pointues
L’a priori
Vous êtes fan de stilettos très très hauts. Le cliché commun cataloguerait n’importe quelle équilibriste du soulier en Domina pour moins que ça. Certes, vous collectionnez les escarpins armés de pics à glace, qui sont des piolets pour escalader vos ambitions. Vous adorez les chausses montantes en cuir alors que vous ne pratiquez ni l’équitation ni la pêche à la mouche. L’angle aigu de vos sandales semble aiguillonner l’imagination de vos contemporains. Qu’ils se détrompent : parfaitement à l’aise dans vos bottes, vous courez vers des horizons à sept lieues de tout ça.
La vérité
Vous êtes petite. Les talons hauts vous aident simplement à tenir une conversation les yeux dans les yeux avec des gens de plus d’un mètre soixante. Vous adorez les cuissardes mais loin d’une séduction à la Barbarella, sur vous, ça fait Petit Poucet. Les bottes jusqu’à l’aine portent chaud, c’est tout ce que vous leur demandez. En outre, comme vous n’êtes pas très prêteuse mais que vous ne voulez pas rembarrer vos copines, avec des escarpins de douze, vous êtes tranquilles : vos aiguilles, personne ne va vous les piquer. Et les baskets, vous les gardez planquées.
Grosses ceintures, serre-taille et harnais
L’a priori
On connaît la fantasmagorie de ces pièces qu’on catégorise hâtivement sulfureuses surtout quand elles sont taillées dans du cuir ou du simili vernis noir, imagerie lustrée par l’univers des cabarets et des nuits interlopes. Ainsi, prendre le raccourci de votre accessoire fétiche au vocabulaire fetish est facile, mais l’interpréter correctement requière d’assouplir la longe.
La vérité
Vous essayez simplement de structurer habilement votre belle chemise blanche. Une large ceinture inspire peut-être l’autorité et la rigueur, mais elle permet aussi et surtout de cintrer une veste androgyne ou une robe pull. Un harnais rappelle l’architecture des bretelles, il souligne les arcs du corps, il évoque les attaches du parachute, pour se sentir bien tenue, quelles que soient les circonstances. Par coquetterie, jeu ou affirmation d’un style, on n’a pas à se justifier d’avoir abandonné
le mou du molleton jusqu’au menton. Sinon, ça va barder.
Chapeaux, casquettes, barrettes et autres accessoires de tête
L’a priori
On respecte toujours l’élégance de quelqu’un qui a pris le soin de se parer d’un beau chapeau, d’un bijou de tête (concept qui couvre tout ce qu’on peut se piquer dans un chignon, s’attacher à la queue de cheval, se clipser sur les mèches rebelles). Voire d’une casquette un peu chiadée. Ce procédé allonge la silhouette, et concentre l’attention sur le regard. Surtout si on ajoute une voilette. Vous voilà mystérieuse et envoûtante, à l’abri de la pluie. Sauf entre les trous.
La vérité
Vous êtes frileuse. Comme une cheminée, vous laissez filer la chaleur par le haut. Votre bonnet n’a rien d’une posture de hipster, c’est juste un atout de confort calorifique. Vos couvre-chefs vous permettent par ailleurs d’épargner vos brushings sous la drache, et quand ça frisotte quand même, vous vous bardez le crâne de barrettes. Vous accessoiriser avec art et laine feutrée augmente votre prestance et quand les autres se cognent la tête contre les murs ne sachant pas comment se coiffer, évidemment, vous ne sentez rien.
Grandes besaces et accumulation de mini clutches
L’a priori
Quand on voit une femme transporter sa vie dans différents sacs accumulés, on pourrait en déduire hâtivement qu’elle est bordélique ou angoissée. Du genre à ne pas pouvoir sortir sans un kit de couture, une pharmacie entière, des gants fourrés même en été (on ne sait jamais, s’il y a une promo au rayon surgelés), un K-Way s’il pleut, un thermos si les cafés sont fermés. Les grands sacs sont à la fois flippants (« mais qu’est-ce qu’elle trimballe là-dedans ? »), et rassurants (les autres arrivent les mains dans les poches, vous avez tout prévu).
La vérité
Vous êtes à la fois pressée et sentimentale. Vous n’avez ni le temps de trier le contenu de vos cabas ni celui de changer de pochette à chacun de vos cent cinquante rendez-vous de la journée. Donc, votre bazar s’accumule. On retrouve au fond de votre sac, collés à la doublure, des billets de train de 2014, des chocolats pris sur les rebords de tasses à café, une pièce de vingt francs belges. Vous savez exactement tout ce qui se trouve là-dedans. Des mots gribouillés par des enfants qui chaussent aujourd’hui du 44, jusqu’au billet de concert qui a changé votre vie. Il n’est un trombone dans ce sac qui pèse dix kilos dont vous ne connaissez l’histoire. Et vous la racontez, à chaque fois que vous prenez l’avion, aux patients douaniers de l’aéroport, qui en ont vu d’autres.
Médaillons sentimentaux et breloques romantiques
L’a priori
Les bijoux symboliques, quelle que soit leur valeur vénale, qu’ils soient fondus dans l’or le plus pur et ornés de pierres précieuses ou vendus à la tonne à la caisse de grands magasins, s’assemblent tout autour de notre corps pour composer une armure de messages plus ou moins inconscients. En affichant des cœurs, des hirondelles croisées et des prénoms gravés, vous vous fabriquez un fameux bouclier de tendresse inoffensive.
La vérité
Une accumulation de gris-gris liés à l’enfance, comme les pompons accrochés au sac ou les pendentifs en forme d’oursons, est à prendre avec circonspection. Et si toutes ces manifestations de mignonneries inoffensives cachaient des peines mal digérées, ou une indifférence à maquiller ? Un doudou en porte-clef est loin d’être anodin, c’est un accessoire d’immunité. L’innocence portée en étendard, c’est presque un oxymore. Mais ça explique qu’un cœur en métal lourd puisse nous rendre le cœur léger.
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