Typh Barrow, la chanteuse nous emmène dans un univers pop soul, made in Belgium. Mais qui est-elle ?
Une allure de star, une voix atypique... et un million de vues sur youtube ! Compilation de ce qu’il faut savoir avant tout le monde sur la belge qui monte.
Pas évident, quand on est enfant, de voir la drôle de tête des gens quand on ouvre la bouche. Pas facile, quand on est ado, de se faire appeler « monsieur » au téléphone. Depuis toujours, la Belge Typhene Barrow chante le blues comme on ne le fait qu’au bord du Mississippi. Récemment, sa reprise d’un tube de Coolio a mis le feu à la toile. Aujourd’hui, l’heure est venue de transformer l’essai. Un double EP est dans les bacs, alignant réinterprétations de tubes planétaires et compositions personnelles. Découvrez-la tout de suite avant que tout le monde vous en parle...
La voix « Un jour, un ORL m’a dit : “Vous avez 12 ans et la voix d’une grosse fumeuse.” Même mon père me confondait avec mon grand frère. Pas facile à encaisser. Ça a provoqué chez moi de gros problèmes d’identification. Je ne parvenais pas à me situer. Je n’étais jamais dans la bonne tonalité : les chanteuses qui passaient à la radio et mes copines chantaient toutes super haut. Moi, au cours de solfège, on me collait dans le groupe des garçons. Du coup, j’ai fait pas mal de bêtises avec ma voix. Je forçais, je poussais des gueulantes, persuadée qu’il fallait absolument avoir le ton de Céline Dion. Finalement, j’ai appris à gérer ma voix sur le tas. J’éprouvais un plaisir dingue quand je chantais, et ma solution a été de composer des chansons qui convenaient à ma particularité. »
L’évidence « On ne peut pas parler de déclic, parce que j’ai toujours eu ce métier en moi. J’ai été baignée dès l’enfance dans des influences très éclectiques : Clapton, les Eagles, Marvin Gaye, Randy Crawford du côté de mon père, le rap qu’écoutait mon grand frère, et mes goûts de gosse de l’époque, comme les Spice Girls. Comme toutes les petites filles, je me déchaînais avec un micro improvisé. J’ai ruiné les vinyles de mon père, au point de devoir les écouter en cachette pour ne pas me faire sermonner. »
Les débuts « J’ai commencé le piano à cinq ans, le solfège à huit ans. J’ai très vite commencé à chipoter pour sortir des morceaux classiques qu’on nous imposait. Vers l’âge de 14 ans, j’ai pris un job d’étudiante. J’étais serveuse dans un piano-bar, mais j’étais tellement maladroite… Une catastrophe. Au bout, d’une semaine, j’ai demandé au pianiste si je pouvais jouer un peu. Le patron m’a entendue. Il m’a virée de mon job de serveuse sur-le-champ, et réengagée illico comme musicienne. C’était le début de la scène, des bars, des festivals. Puis je suis entrée au Conservatoire de Bruxelles, en jazz. En parallèle, j’ai suivi des études de droit. Ça a fait de moi une “no life” pendant un bon moment… »
Les rencontres « Quand j’ai croisé mon manager, ça a été un vrai coup de cœur artistique. Il m’a emmené voir des concerts, m’a aidée à étoffer mes compositions, à compléter mon processus d’identification, à affiner mon style. J’avais besoin d’être canalisée. C’est aussi grâce à lui et à l’équipe avec laquelle on a travaillé (NDLR : de grands noms de la musique dont certains ont travaillé avec Adele, Gossip, Beyoncé, Pink…) que j’ai pu dépasser le manque de confiance en moi. C’est très stressant de dévoiler sa musique, ses chansons. On raconte sa propre histoire, on montre ses tripes, on a peur de la critique. Mais le fait que, en dehors de mes potes et de mes proches, ces pros-là vibrent à l’écoute de mon son me donne envie de le partager. »
Le succès sur la toile « Il y a eu un engouement vraiment déroutant sur YouTube. On avait posté des petites vidéos de reprises, juste piano-voix, pour donner quelque chose aux gens qui me suivaient déjà. Et ça s’est emballé. Coolio a retweeté et posté sur Facebook ma version de “Gangsta’s Paradise”. Très vite, on a atteint le million de vues, et j’ai commencé à recevoir des commentaires en russe, en chinois, c’était dingue ! »
La sortie « Sur ce double EP, on retrouve des compositions originales d’un côté, et des reprises de l’autre. C’est très complémentaire. On l’a enregistré à Bruxelles, Paris, Londres et New York. Mes compos ont des sonorités très organiques, du groove old school mêlé à une rythmique pétillante. Les chansons sont vraiment à mon image : mélancoliques, un peu amères. On l’a baptisé “Time”, parce que le temps qui passe est ma vraie névrose. Ça me rend impatiente, nerveuse, angoissée, entière, incapable de faire des choix… Du côté des reprises, on a voulu créer quelque chose d’intimiste, juste piano-voix. On y retrouve notamment ”No Diggity” des Blackstreet, “What is love” d’Haddaway. »
La vraie vie « Ma vie n’est pas très rock’n’roll. Avec ma voix compliquée, capricieuse, je dois faire très attention. L’an dernier, en pleine préparation de cet EP, j’ai eu un petit claquage des cordes vocales. J’ai passé un mois sans prononcer un seul mot. Rien. J’allais au supermarché ou à la pharmacie avec des fiches qui me permettaient de communiquer. Ça m’a fait très peur. Du coup, pour que ça n’arrive plus, je fais des exercices de yoga quotidiens pour détendre et dégager le larynx, j’ai un mode de vie très sportif et très sain. » Exactement la recette à appliquer pour grimper vers le succès !
La chanteuse ne cesse de grimper sur la scène belge. Récemment, son dernier single "No diggity" (une cover du célèbre titre des Blackstreet) est devenu le premier single de l'Ultratip (un classement qui reprend les passages en radio et les ventes). La jeune demoiselle aura l'honneur d'interpréter son EP sur la scène Pierre Rapsat des Francos 2015. Un bon coup de pouce !
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