“Des gens bien ordinaires” vient à peine le débarquer le 6 juin dernier sur Canal+ qu’il fait déjà parler de lui.
Cette micro-micro série (8 épisodes d’un quart d’heure) tente, en deux mots, de disséquer l’industrie du porno et le sexisme ambiant. Pour cela, les téléspectateurs suivent Romain, jeune étudiant qui a décidé d’abandonner les bancs de Sciences Po pour se lancer dans le porno. Une trajectoire qu’il perçoit comme une voie d’émancipation. Mais ce n’est pas tout, Romain évolue dans un monde totalement dystopique, où le matriarcat a remplacé le patriarcat. L’objectif de la réalisatrice, Ovidie ? Bousculer complètement nos repères et créer un malaise palpable à tout instant.
Une série sur le porno
Le monde du porno vous évoquait un univers complètement à part, tantôt glauque, tantôt sexy et surtout absolument fantasque et tordu ? L’écrivaine féministe, actrice et réalisatrice X, Ovidie, nous raconte tout l’inverse. D’où le titre. Le monde du porno est un travail, avec un réalisateur, des acteurs et une équipe de tournage qui a hâte de tout remballer pour terminer sa journée. “Ici pas de violence, de cocaïne, de paillettes, d’exubérance, de fête, de larmes, juste une terrifiante platitude”, explique-t-elle. Une façon d’envoyer valser les idées reçues. “Tous les films que j’ai vus sur le porno, je les ai trouvés nuls”. C’est aussi sa façon de montrer la normalisation des comportements sur les tournages, là où chaque genre reste à sa place et où personne ne relève plus le caractère indécent voire carrément humiliant de certaines situations.
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L’ancienne actrice X nous plonge dans un monde dans lequel les films pornographiques sont tournés et produits par des femmes pour le seul plaisir des femmes. Et où les hommes sont réduits à l’état d’objets de fantasme. “Ce n’est pas une série sur le porno, c’est une série sur le sexisme”, conclut-elle finalement. En inversant les rôles genrés traditionnels, elle force à remettre en question l’ordre établi et les situations que l’on a appris à considérer à tort comme “normales”. Le fait que Romain sorte avec une femme tyrannique beaucoup plus âgée que lui, par exemple. Scène à laquelle on assiste souvent dans la vie de tous les jours ou au cinéma, à condition que les genres soient inversés.
Mais surtout sur le sexisme ordinaire
À travers ce film, Ovidie pose aussi forcément la question des droits des travailleur.euse.s du sexe et la très vieille histoire des luttes de gauche pour leur émancipation. À propos du personnage principal, Romain, elle déclare : “Sa façon de de s’approprier son destin et sa liberté, c’est de passer par une réappropriation de son corps. Après, on peut estimer que c’est n’importe quoi, mais n’empêche que ça lui appartient, et que c’est lui qui est décisionnaire de cette partie-là, même si les autres ne le comprennent pas”. Au casting, on retrouve en premier rôle l’acteur de 21 ans, Jérémy Gillet (connu pour avoir joué dans Mytho). À ses côtés ? Raïka Hazanavicius (Les 7 vies de Léa), Agathe Bonitzer (La Belle et la Belle), Sophie-Marie Larrouy (Cheyenne et Lola) mais aussi Romane Bohringer, Andréa Bescond, Anne Benoit et Arthur Dupont. Une série qu’on aime ou qu’on trouve absurde, mais qui a le mérite d’oser des questions que l’on oublie souvent de se poser.
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Le pitch ?
Romain, 18 ans, est étudiant en sociologie. Avec sa meilleure amie, Isaure, ils forment un duo d’enfants de la France pavillonnaire des années 90 qui rêvent de refaire le monde. Mais tous les deux n’ont pas la même façon d’exprimer leur radicalité. Si Isaure se sent dangereusement attirée par la clandestinité des groupes politiques qu’elle fréquente à la fac, Romain au contraire décide de s’exposer à la lumière des plateaux de tournage porno sur lesquels il imagine que souffle un vent de liberté. En rébellion contre son milieu d’origine, emprisonné dans une relation amoureuse toxique avec une femme qui a une emprise totale sur sa vie, il pense pouvoir trouver dans l’aventure pornographique une voie d’émancipation.
La bande-annonce :
“Des gens bien ordinaires” par Ovidie, série en 8 épisodes de 15 minutes disponible sur Canal+.
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