Chaque génération a ses figures rebelles qui font bouger les lignes du paysage urbain. Qui sont-elles aujourd’hui ? Rencontre avec June Beschuyt (20 ans), étudiante excentrique en journalisme qui a une préférence pour la « ugly fashion ».
J’aime les vêtements et les combinaisons généralement considérés comme moches. Comme les bermudas, pantalons trois-quarts, chaussettes dans les sandales ou maillot de motocross au-dessus d’une jupe bouffante. Chaque matin, j’imagine une tenue composée des pièces les moins assorties possible. Pourquoi ? C’est une bonne question à laquelle j’ai une réponse très simple : parce que je veux me différencier des autres. »
« Quand j’arrive quelque part, la première chose dont on me parle, c’est de ma tenue. “Elle a encore mis ses ours”, disent les jeunes du mouvement de jeunesse quand je débarque avec mes bottes poilues. Disons que mes tenues alimentent les conversations. Pour moi, la mode est sans limites. Par exemple, j’ai un jour rempli une paire de bottes de mousse de polyuréthane, dont des morceaux se détachaient pendant que je marchais (rires). » « En ce moment, j’ai un problème, car j’ai écumé jusqu’à épuisement les magasins de seconde main. Pour aller plus loin, je devrais acheter des pièces contemporaines, mais je ne peux pas me le per- mettre. Par exemple, je rêve des Fingered Boots de Beate Karlsson pour AVAVAV. Ces cuissardes aux orteils géants ne sont pas du tout pratiques, mais c’est le dernier de mes soucis. Parfois, mes chaussures sont un vrai supplice, mais ça ne m’empêche pas de les préférer aux sneakers confortables. »
« J’ai un appétit presque insatiable pour l’excentricité. Si je n’arbore pas le look dont j’ai envie, mon humeur s’en ressent. Par exemple, il m’est arrivé de porter à l’école un jean qui était sept tailles trop grandes. Comme je ne me sentais pas assez spéciale, je me suis réfugiée dans les toilettes pour l’enfiler à l’envers. »
« Contrairement à mes vêtements, mon make-up est assez classique. Le but premier est de me trouver belle, et mon visage joue un rôle crucial à cet égard. Toute ma confiance en moi repose sur mon maquillage, qui doit être parfait. S’il ne l’est pas, je n’ose pas arborer une tenue excentrique et je me comporte différemment, car mon assurance en prend un coup. Mes tenues peuvent se distinguer, mais en fait tout tourne autour de mon visage. Jusqu’à l’âge de 17 ans, j’ai versé beaucoup de larmes parce que mon apparence ne me satisfaisait pas. C’est pour cette raison que j’ai commencé à me maquiller dès l’âge de 12 ans. Au départ, je me suis contentée d’un soupçon de mascara, mais j’ai très vite adopté un maquillage complet. Ma confiance en moi en a à nouveau souffert, car on a tendance à dévisager une femme fort maquillée. J’entretiens en revanche une relation saine avec mon corps. Je joue avec les formes et les volumes sans me demander s’ils flattent ou non ma silhouette. »
« Disons que mes tenues alimentent les conversations »
« Je voue une véritable passion à mon allure, ce qui est stigmatisé comme superficiel. Je pense que c’est absurde. Derrière chaque morceau de tissu qu’on enroule autour de son corps se cache toute une histoire. Je suis convaincue que la mode et l’apparence de chacun·e suscitent des discussions intéressantes. C’est la rai- son pour laquelle j’étudie le journalisme. »
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