Chaque génération a ses figures rebelles qui font bouger les lignes du paysage urbain. Qui sont-elles aujourd’hui ? Rencontre avec Zoë Chungong (20 ans), une bad girl aux airs de personnage de jeu vidéo, qui ne craint pas les perruques aux couleurs vives.
Je change très souvent de coiffure. Selon ce que ment un certain nombre de normes ayant trait aux vêtements et j’ai envie de dégager, je peux avoir recours à une perruque. Par au comportement. Je rejette ces codes, ils limitent notre liberté. » exemple, il y a une semaine, j’arborais un afro naturel. Pour la « Dans cette tenue, j’ai l’impression d’être le personnage d’un jeu ; perruque, je me suis inspirée de Nicki Minaj qui, avec Rihanna, mes mouvements et mon comportement changent. Une tenue est une véritable icône à mes yeux. De toute façon, les perruques sont plus un truc de de femmes non blanches. Tout simplement parce que les colorations abîment les cheveux afros. Idem pour les lisseurs. C’est pourquoi nous avons tendance à opter pour une perruque. »
« Ces cheveux bleus sont réservés aux endroits où je me sens à l’aise. Je peux être très timide quelquefois, et il m’arrive de ne pas oser aller quelque part si je ne connais pas grand monde. À l’inverse, en tant que danseuse professionnelle – en ce moment pour Jan Martens –, je ne ressens aucun trac sur scène, même devant un millier de personnes. »
« Les regards des inconnu·e·s dans la rue ne me dérangent pas vraiment : aujourd’hui, j’arrive à passer outre. En fait, je les prends comme un compliment. Si une personne habillée de manière banale me lance un regard réprobateur, alors je sais que je suis dans le bon (rires). » « Le harcèlement de rue est égale- ment monnaie courante, quels que soient mes cheveux ou ma tenue. Certains jours, je récolte plus de réactions en pantalon. Une femme qui porte un short, juste parce qu’il fait chaud, peut tout autant faire parler d’elle. Vous savez, l’important n’est pas ce qu’on porte, mais qui on croise dans la rue. Ça relativise la question de la tenue. »
« L’important n’est pas ce qu’on porte, mais qui on croise dans la rue »
« La plupart des gens pensent que je suis très féminine, mais je ne vois pas les choses comme ça. Malgré mes robes courtes et mes ongles longs, je me considère comme non binaire. Les vêtements pour femme sont juste une idée que la société a inventée. À mes yeux, ces vêtements iraient aussi bien à un homme. Si j’étais née garçon, j’aurais adopté le même style. Il y a une différence entre le genre et le sexe. Mon sexe est féminin, mais mon genre est neutre. Le genre est une construction de codes autour du sexe, et notamment un certain nombre de normes ayant trait aux vêtements et au comportement. Je rejette ces codes, ils limitent notre liberté. » « Dans cette tenue, j’ai l’impression d’être le personnage d’un jeu ; mes mouvements et mon comportement changent. Une tenue trop basique affecte mon humeur. J’ai peur qu’on pense que je suis banale à l’intérieur. Tout est une question d’attitude et de présence. Lors d’une interview, Marilyn Monroe marchait dans al rue avec un journaliste. Personne ne la regardait. Soudain, elle a dit: »vous voulez me voir devenir Marylin? »Puis elle s’est mise à marcher de ce pas flamboyant qui l’a rendue légendaire. Et tout le monde s’est retourné. »
« En choisissant ces vêtements, je renvoie aussi une forme de vulnérabilité. Après tout, je montre mon vrai moi. Le courage vient de la prise de conscience qu’on ne peut jamais plaire à tout le monde. Il y aura toujours des gens qui vous détesteront, que vous rentriez dans le moule ou pas. Mon leitmotiv ? 30 % des gens qui ne vous aiment pas n’ont aucune bonne raison de le faire. Cette pensée m’aide à relativiser (rires).
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