Alors qu’elles n’ont pas encore débarqué sur le marché de l’emploi, les femmes expriment déjà des attentes de salaire inférieures à celles des hommes.
Le temps du travailleur soumis à son employeur est révolu. Quoi qu’il en soit, si l’on en croit le phénomène de “Grande Démission” qui touche actuellement les États-Unis (environ 4 millions d’Américains ont démissionné chaque mois depuis le début de l’année). Une vague qui touche aujourd’hui l’autre côté de l’Atlantique, notamment la Grande-Bretagne et la France, mais qui semble pour l’instant épargner la Belgique. En cause ? L’existence du système d’indexation des salaires, mais aussi l’important pourcentage de CDI qui demeurent une sécurité de l’emploi qui rassure et que l’on craint donc de quitter.
Ce qui ne signifie pas qu’une petite révolution soit en train de se mettre en place. Chez nous et ailleurs, la Gen Z tient plus que jamais à faire entendre ses nouvelles revendications professionnelles. D’abord, il y a l’épanouissement au travail, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle et la quête de sens qui sont devenus les premiers critères des jeunes à la recherche d’un emploi. Au-dessus de ça, il y a bien sûr la question du salaire, principal vecteur de frustrations dans un contexte d’inflation galopante.
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D’ailleurs, une étude vient de démontrer que la Belgique est l’un des pays où l’écart entre les attentes salariales et le salaire réel proposé est le plus grand. Sortlist a ainsi estimé qu’en moyenne, la génération Z s’attend à gagner 19% de plus que ce que les entreprises sont prêtes à payer. Pour obtenir ce chiffre, la plateforme de mise en relation entre entreprises et agences de communication a interrogé 500 jeunes diplômés en marketing et marqueteurs nouvellement embauchés ainsi que 100 équipes RH dans 4 pays différents (Allemagne, Belgique, France et Espagne).
Quel est l’écart entre la rémunération attendue par les starters et la réalité du marché ?
Si l’étude s’intéresse uniquement au secteur du marketing, elle semble donner quelques pistes des différentes raisons qui poussent de plus en plus de jeunes à questionner leur rapport au travail. On apprend ainsi qu’en Belgique, le vrai salaire des jeunes diplômés serait 38% plus bas que ce qu’ils espéraient. La Belgique est d’ailleurs, avec l’Espagne, le pays où l’écart entre les attentes et la réalité est le plus grand, avec un écart de respectivement 38% et 25%. Viennent ensuite l’Allemagne, avec 10%, et la France, avec seulement 5%.
Les étudiants belges s’attendent en effet à recevoir en moyenne 2500 euros net/mois, alors que l’offre du marché pour ces étudiants est d’environ 1800 euros. Autre fait interpellant, les femmes semblent être plus réalistes dans leurs attentes salariales que les hommes.
Quelle est la différence entre les attentes salariales des femmes et des hommes ?
La même étude nous informe que les femmes s’attendent à être payées, en moyenne, 100 euros de moins que les hommes dans les quatre pays interrogés. En Belgique, comme en France, les étudiants masculins s’attendent à gagner près de 19 % de plus que les étudiantes féminines belges. En moyenne, les hommes s’attendent à gagner 2667 euros et les femmes 2250 euros net/mois. À l’inverse, en Espagne et en Allemagne, les femmes s’attendent à toucher plus que les hommes.
D’ailleurs, en Belgique, l’écart salarial entre les femmes et les hommes étaient de 5,3% en 2020. Plus l’âge est élevé, plus cet écart serait important : 3,4 % dans les groupes des 25-34 ans, 8,9 % dans le groupe des 55-64 ans. Dans l’ensemble de l’Union européenne, l’écart salarial hommes/femmes était de 13 % en 2020.
Selon une étude de l’IBSA (l’Institut bruxellois de statistiques), qui s’est concentré sur le secteur privé marchand, l’écart salarial à Bruxelles serait de près de 10% en 2019 ! “La comparaison du salaire horaire moyen entre hommes et femmes, montre que pour chaque euro gagné en moyenne par les hommes en 2019, les femmes ne gagnent que 90 centimes”, indique l’étude.
Un écart de salaire qui s’explique dès l’entretien d’embauche
Au-delà du sexisme ambiant, tout suggère que les femmes manquent de confiance en elle sur le marché de l’emploi. L’écart salarial pourrait ainsi se creuser dès le premier entretien d’embauche. On savait déjà que “les hommes postulent à un emploi lorsqu’ils ne répondent qu’à 60 % des qualifications, tandis que les femmes ne postulent que si elles sont sûres de répondre à 100 % des qualifications”. Mais on constate également que les femmes ont tendance à s’enterrer dès la première interview.
Selon une étude réalisée par le groupe de conseil RH Avizio, 45 % des candidates dévalorisent leurs attentes salariales dès la phase de screening. Plus interpellant encore, 90% des hommes effectuent une contre-proposition sur leur première offre, contre 30% de femmes. Certaines candidates interrogées acceptent même des offres d’emploi sans avant jamais parlé proposition financière, un fait dès rare côté masculin.
Aujourd’hui, on ne parlerait même plus de “grande démission” mais carrément de “quiet quitting” (“démission silencieuse” en français). Ce nouveau phénomène se traduit par le fait de faire le minimum syndical au boulot, soit juste ce qu’il faut faire pour ne pas se faire virer. Exit les heures supp’, les coups de téléphone en dehors du travail et le remplacement de collègues “pour dépanner”. Un comportement qui résulte non seulement d’une perte de motivation, mais aussi d’un ras-le-bol général qui interroge et qui inquiète. Alors, peut-on encore rêver d’une grande réforme de la culture d’entreprise ?
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