Ça y est, le grand moment est arrivé ! On vous annonce enfin le nom des entreprises nominées pour remporter le Elle Start-Up Award 2022 dans le cadre de la collaboration We Are Founders x Elle Active Forum. Au travers de cette série d’articles, ELLE met en avant les différentes start-ups sélectionnées et les girl bosses à l’origine de leur création. On a rencontré Chloé Boels et Ilaria Giglio, fondatrices de Stream’Her.
Fondée en 2020 par Chloé Boels, qui sera très vite rejointe par sa co-fondatrice Ilaria Giglio, Stream’Her est une communauté d’entraide et de mise en avant des femmes dans le milieu du streaming en Belgique. En quoi consiste le streaming ? C’est plutôt simple, il s’agit d’un canal de diffusion en ligne qui permet aux internautes soit de consommer du contenu audio ou vidéo, ou alors d’en produire. Le terrain d’Ilaria et Chloé c’est Twitch, une plateforme qui rassemble en 2022 pas moins de 30 millions d’utilisateurs actifs par jour et sur laquelle l’on peut les retrouver sous les pseudonymes Chloé et Tortuga_152. Jeux vidéo, art, talk shows…Twitch offre une variété de contenus mis en ligne par des femmes dites “streameuses” que les co-fondatrices souhaitent mettre en lumière.
Voir cette publication sur Instagram
Comment l’idée vous est-elle venue de fonder Stream’Her?
Chloé Boels : Pendant le confinement, j’avais plus de temps pour moi et comme j’avais fait le tour de YouTube, je me suis penchée sur Twitch, une plateforme de streaming. Là, j’ai vu que c’était toujours les mêmes personnes qui étaient mises en avant et majoritairement des hommes. Les femmes étaient rarement reprises dans les top listes et je me suis rendue compte qu’il existait un réel problème de représentation féminine dans le streaming.
Après, ce qui a fait que j’ai lancé Stream’Her, c’est que je me suis moi aussi mise à streamer. Je crée du contenu centré autour des jeux vidéos et je donne de plus en plus de lives “IRL” (in real life) durant lesquels je me balade dans une ville que je fais découvrir en direct à ma communauté. J’ai vite réalisé que je n’avais nulle part où poser mes questions, ni d’endroit où je pouvais rencontrer d’autres streameuses. J’étais inscrite sur pas mal de groupes d’entraide féminine à l’époque, notamment sur Facebook, par rapport à l’université. C’était un groupe où l’on s’entraidait entre étudiantes et j’ai pensé que ce serait génial d’avoir un groupe similaire pour les femmes streameuses.
Ilaria Giglio : L’idée de créer la communauté est plutôt venue de Chloé. Mais quand j’ai choisi de la rejoindre peu de temps après qu’elle se soit lancée, on a décidé de tout mettre en place pour qu’on puisse en faire un projet concret. Et là, l’idée m’est venue de nous faire incuber; j’ai proposé à Chloé que l’on rejoigne le programme proposé par We Are Founders. Mon objectif en lui faisant cette proposition était d’être en mesure de bien poser les bases du projet, d’avoir une idée plus concrète de ce qu’on voulait et surtout, une structure. À l’époque, quand on a lancé Stream’Her, on était toujours étudiantes et nous n’étions pas en mesure de bosser à fond sur le projet. Donc, je me suis dit qu’avec un programme d’incubation, on allait vraiment être prises en charge et on nous expliquerait comment les choses fonctionnent. Pour le coup, c’est ça qui a été le plus bénéfique pour nous.
Quels sont les messages que vous souhaitez véhiculer au travers de Stream’Her?
Chloé Boels : On tient vraiment à la représentation des femmes ainsi qu’à arriver à une égalité entre tous les genres sur Internet, sur Twitch, etc. On souhaite également démocratiser le streaming car c’est un concept qui est encore un peu de niche, surtout en Belgique francophone. C’est important car c’est un outil qui permet de donner la parole aux femmes. Il existe pas mal de femmes qui souhaitent se lancer mais qui, souvent, n’osent pas parce qu’elles ont peur d’être seules ou harcelées. Je pense que c’est important de leur donner ce pouvoir de s’exprimer, mais aussi les outils pour se lancer d’une manière plus sécurisée.
Ilaria Giglio : On veut apporter à ces femmes un espace où elles se sentent en sécurité et où elles peuvent parler de tout; s’exprimer sans avoir peur de ressentir aucune gêne, que ce soit à propos de leurs passions ou de n’importe quel autre domaine. Et c’est quelque chose que les streameuses retrouvent dans Stream’Her.
C’est aussi important de préciser que chez nous, on prône la positivité. On n’a pas envie de se positionner en tant que victimes. Le but ici est de montrer qu’il existe du contenu produit sur Twitch par des femmes streameuses, que ce contenu est intéressant et qu’il mérite d’être mis en avant.
Quelle est la plus grosse difficulté que vous avez rencontrée (et que vous rencontrez peut-être toujours) en fondant cette Stream’Her? Comment la surmontez-vous?
Chloé Boels : La plus grosse difficulté est qu’il s’agit d’un projet social. Ce n’est pas un projet centré sur un produit que l’on vend donc la plus grosse difficulté est de le financer. Pour l’instant, nos sources de revenus proviennent majoritairement des formations que l’on donne avec la Ville de Bruxelles et GIRLEEK, ainsi que de la consultance que l’on offre. Actuellement, on bosse sur notre premier évènement caritatif avec Greenpeace où on met en avant les streameuses. Le but étant de récolter de l’argent pour planter une forêt urbaine à Bruxelles.
Ilaria Giglio : Une des difficultés que l’on peut parfois rencontrer est de faire face à des personnes opportunistes et égoïstes. On rencontre des personnes intéressées par notre projet, qui souhaitent profiter de la cause pour redorer leur image mais sans jamais rien donner en retour. Ça nous est déjà arrivé… Et en tant que personnes positives et désirant offrir une certaine visibilité à nos streameuses, on peut parfois être un peu naïves dans le sens où on débute et on se laisse parfois convaincre.
Ce n’est pas une difficulté évidente à surmonter. Je pense qu’il est nécessaire de prendre confiance en soi. En tant que femme et en tant que femme entrepreneure, ce n’est pas toujours évident. Mais, il faut se dire que l’on peut faire confiance à nos intuitions et que l’on peut aussi oser agir quand on sent que quelque chose ne va pas. Chloé et moi avons beaucoup évolué à ce niveau-là. On est beaucoup plus sur nos principes et on sait beaucoup mieux ce que l’on veut depuis que nous nous sommes lancées et avons vécu ces mauvaises expériences. Les erreurs que l’on a commises ont été bénéfiques pour notre évolution.
Sous un autre angle, qu’est-ce qui vous plaît dans le fait d’être une femme entrepreneure?
Chloé Boels : Il existe plein de points positifs dans le fait d’être entrepreneure, notamment être sa propre patronne. Je peux organiser mes journées comme je le souhaite. Mais, ce que j’aime beaucoup dans ce projet, c’est que j’ai vraiment l’impression d’être utile à quelque chose. Je ne me dis pas que je travaille pour enrichir un patron ou une grosse boite. Non, je travaille pour une cause qui me tient réellement à coeur. C’est une motivation énorme pour moi de me dire que je travaille pour un objectif qui m’est cher à ce point-là.
Ilaria Giglio : Je rejoins Chloé sur ces deux points, évidemment. On donne beaucoup d’énergie mais ce qu’on reçoit en retour est incroyable. Je pense qu’être entrepreneuse, c’est ça. C’est croire à 100% en ce qu’on fait. On fait les choses et on ne se rend même pas compte qu’on travaille. Et en même temps, on reçoit tellement en retour du travail fourni, ça motive encore plus!
Si vous aviez un conseil à donner à nos lectrices, ainsi qu’aux autres femmes entrepreneures, lequel serait-il?
Chloé Boels : Ne pas avoir peur de se lancer. Souvent, on ose pas se lancer ou on attend que notre projet soit parfait avant de l’exécuter. Moi, je suis plutôt dans l’optique que, même si ce n’est pas parfait, il faut se jeter à l’eau. Au moins, on fait quelque chose. Et ça nous donne l’occasion par après de corriger ce qui ne fonctionne pas et de s’améliorer au fur et à mesure.
Ilaria Giglio : Persévérer, malgré ce que les autres peuvent en dire. Ce conseil est évidemment à prendre avec des pincettes dans le sens où l’on ne doit pas non plus courir à sa perte juste pour réaliser un projet. Ce que je veux dire c’est qu’il faut savoir se détacher des choses que les autres peuvent dire ainsi que des bâtons qu’on pourrait nous met dans les roues.
Ça parait bête mais c’est quelque chose qui est ultra présent dans notre société : les gens sont constamment en train de donner leurs conseils et partager leur avis sans qu’on leur demande. Il faut arriver à s’en détacher. Cependant, il faut aussi savoir écouter et prendre les conseils qu’on nous donne. Il faut aussi être en mesure d’être critique envers soi-même.
A propos de We Are Founders
We are Founders, c’est un programme de 9 mois intensifs qui permet aux entrepreneurs de développer leur projet, au départ d’une idée jusqu’à sa finalisation. Grâce aux nombreux partenaires et contacts business, le programme offre la possibilité aux participants.es recevoir des conseils et lever des fonds. Le but de cette formation est de stimuler l’entrepreneuriat, notamment auprès des femmes.
À LIRE AUSSI
La fondatrice d’Oncobulle revient sur son expérience de femme entrepreneure
Femme entrepreneure : les conseils de la fondatrice de LenArt
Femme entrepreneure : le témoignage de la fondatrice de Badaboo