En Belgique, la femme ne peut ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son mari que depuis 1973. À l’aube du cinquantième anniversaire de cette étape cruciale dans l’émancipation financière des femmes, les entrepreneuses sont encore trop peu nombreuses aujourd’hui.
Matthieu Stefani, cofondateur en 2013 d’une agence de conseil et marketing digital, est devenu une figure de l’entrepreneuriat avec son podcast Génération Do It Yourself. Il remarque que le terme en lui-même est encore confus, « je ne sais jamais si l’on doit dire entrepreneure ou entrepreneuse, » avoue-t-il. Une confusion qui n’est qu’un symptôme d’un plus grand problème.
Si l’on prend l’exemple de la Tech, le milieu dans lequel évolue Matthieu Stefani, on réalise que seulement 8 % des diplômés dans les études STIM (Sciences Technologie Ingénierie Mathématiques) sont des femmes. Puisqu’elles sont moins représentées dans le secteur, elles risquent d’être moins prises au sérieux lors de la création d’entreprises innovantes. En résultat, elles ont plus de difficultés à trouver des financements et commencent leur activité avec un capital moins important que leurs homologues masculin.
Selon Matthieu, on sent tout de même du changement. « Tout doucement, elles se rendent comptent qu’elles peuvent se lancer, lever des fonds, même si elles ont des enfants, » partage-t-il. Ce sont ces role models qui vont inspirer d’autres femmes à faire la même chose.
Les femmes doivent se serrer les coudes, mais elles ont aussi besoin d’hommes pour les tirer vers le haut. « Lorsqu’on finance des projets féminins, » explique Matthieu, « on a plus de chance d’avoir un bon retour sur investissement. Les femmes ont tendance à être plus sérieuses, plus méticuleuses, à mieux être préparées. » Cela s’explique en partie par le fait qu’elles portent généralement la charge mentale dans le couple et ont donc l’habitude de gérer des tâches de façon efficace. « À cela s’ajoute le besoin de prouver leur légitimité, là où certains hommes auront tendance à penser que tout leur est dû. »
La levée de certains freins à l’entrepreneuriat féminin semble encore aujourd’hui dépendre d’une modification profonde des représentations sociales liées à la place de la femme dans la société et d’une réévaluation des rôles et fonctions domestiques au sein du foyer. Des efforts sont sans doute nécessaires pour lever certains stéréotypes et changer le regard que les femmes portent sur elles-mêmes et sur leur capacité et légitimité à devenir chef d’entreprise.
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