À 23 ans Valentine Robin a lancé Akho, une solution au problème du déchet textile. De cette ambition, elle a créé une marque solaire et pleine de vie qui nous accompagne dans notre nouvelle façon de consommer la mode.
Quelle est ton histoire ?
J’ai grandi à Paris, j’ai fait une école de commerce et je suis allée vivre un an Colombie. Pendant mes études, j’ai fait une année de césure. J’ai eu l’occasion de faire un tour du monde et de monter une association pour laquelle j'interviewais des entrepreneurs partout dans le monde qui avaient un impact positif sur la planète. En Afrique du Sud, j’ai visité une usine de textile et j’ai assisté à la destruction de tissu neuf, brûlé après une annulation de commande. Ça a été un déclic. Au-delà du dommage écologique tragique, il y avait aussi l’aspect artisanal: les hommes qui brûlaient ces tissus étaient les fabricants qui l’avaient créé. Ils en avaient les larmes aux yeux.
Quand je suis rentrée, c'était le confinement. J’ai pu discuter avec des experts de la mode engagée et je me suis rendu compte qu’en France nous avions assez de tissu pour habiller la planète pendant 60 ans. Je me suis donc lancé le défi de créer une marque de vêtements sans avoir à fabriquer de nouvelle matière. C’était le 10 mai 2022 et c'est comme ça que Akho est née.
Quel est le concept de Akho ?
Il s’agit de revaloriser des tissus neufs, produits entre les années 20 et 70. Ils sont certifiés, on en connaît la composition. Ensuite, je réalise de petites collections qui sont produites près de Paris. Tout le concept de la marque tourne autour de l'artisanat, c’était donc important de le faire en France.
J’ai d'ailleurs imaginé toutes mes collections comme étant le reflet du savoir-faire d’un pays en particulier. La dernière collection 'Choukrane Jazilan' nous emmène au Maroc. L’idée était d’emmener ma communauté avec moi dans un dépaysement total. Sur place, nous sommes toujours en contact avec les artisans locaux. Sur chaque pièce, il y a d’ailleurs une étiquette brodée au Maroc avec le nom de la personne qui la conçoit.
La collection est toujours disponible en précommande sur le site, mais je prévois toujours aussi un petit stock car il y a des consommateurs qui ne sont pas prêts à attendre le délai de fabrication d'un mois. Alors, pour encourager les gens, je propose -30% de réduction en précommande.
Tu as d’abord réfléchi à une solution responsable à un problème de l’industrie plutôt qu’à un concept mode. Qu’en est-il de la création, comment décris-tu le style de ta marque ?
Je trouve qu’un beau vêtement aujourd’hui va au-delà du style. C’est la qualité qui prime. En prenant pour base un très bon tissu, on garantit un vestiaire qualitatif, durable et plus attractif. Je propose une garde-robe intemporelle et minimaliste. Si je varie grâce au tissu, je ne veux pas que mes pièces soient difficiles à porter. Je travaille avec une styliste, Lorelei Fleury. Je fais des dessins, des moodboards et elle apporte les éléments techniques. C’est important pour moi de garder une cohérence entre les collections. Je demande aussi souvent l’avis de ma communauté quand j’ai un nouveau modèle et j’ai souvent la chance qu’elle valide mes choix.
L’idée c’est aussi d’avoir des pièces phares que l’on décline en fonction des stocks de tissus que l’on trouve. Nous lançons un blazer en laine cet hiver qui pourra aussi être décliné en lin, l’été.
Akho, ça veut dire quoi ?
C’est du zoulou, en hommage à l'Afrique du Sud où j’ai eu l’idée de créer ma marque et cela signifie «pas de création de matière », c’est un mot qui résume le concept de revalorisation ! Parfait, non ?
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