C’est dans l’antre du Festival international du film de comédie de Liège que nous avons croisé Camille Chamoux, venue défendre Pétaouchnok, le nouveau film d’Édouard Deluc qui sort dans nos salles ce mercredi 9 novembre. L’occasion de parler cinéma, et café.

C’est la première fois que vous venez à Liège ?

Camille Chamoux : “Non, j’étais déjà venue au Festival international du film de comédie de Liège il y a quatre ans pour le film d’ouverture Premières vacances, réalisé par Patrick Cassir, devenu depuis mon époux, où je partageais l’affiche avec Jonathan Cohen. J’aime la Belgique, je me rends régulièrement à Bruxelles, car ma belle-sœur, la sœur de Patrick, y habite.”

Quel est l’événement fondateur de votre parcours ?

“L’écriture en 2008 d’un spectacle d’humour baptisé Camille attaque. Jusque-là j’étais metteuse en scène de théâtre contemporain. Mais je fais rire les gens depuis que je suis toute petite. Alors j’ai finalement décidé d’exploiter cette veine, encouragée à maintes reprises par ma meilleure amie. Un jour, elle m’a dit (j’avais 27 ans) :  Écoute, ça suffit, tu t’assois sur ta vie ! J’ai donc écrit un one woman show, et je m’y suis effectivement sentie à ma place.”

Robe en maille Maldives verte de la marque belge INDEE

Comment avez-vous rencontré Édouard Deluc ?

“Édouard m’avait proposé de jouer dans Temps de chien !, un téléfilm réalisé pour Arte. Mais j’ai dû décliner son offre, car ma deuxième petite pointait le bout du nez. Il m’a ensuite appelée pour Pétaouchnok* en me disant qu’il avait un rôle pour moi, celui d’une comédienne insupportable, et qu’il pensait que je saurais lui apporter toute sa chair. Je suis ravie d’avoir participé à ce film servi par un casting fantastique !”

C’est quoi le pitch de Pétaouchnock ?

“Pour sortir de la précarité, deux losers adorables (interprétés par Pio Marmaï et Philippe Rebbot, ndlr) ont l’idée d’organiser une chevauchée au cœur des Pyrénées pour des citadins un peu paumés, en mal d’aventure. L’un des deux guides ne sait même pas monter à cheval… ”

Qui est votre personnage ?

“Je joue le rôle d’Agnès. Je l’aime beaucoup parce qu’elle est très agaçante au début, comme tous les citadins qui se retrouvent en pleine nature. Le genre hyperconnectée, complètement esclave de son téléphone et de son agent. Elle est dans la disponibilité permanente. Or, il faut savoir se rendre indisponible, et c’est exactement le propos de ce film. Agnès – et tous les personnages d’Édouard Deluc d’ailleurs – devient ensuite très attachante. Elle rencontre des difficultés en termes de réussite, d’argent, de relation sentimentale. Pétaouchnock est une comédie sociale qui traduit une réalité : les gens font de leur mieux, mais ils ne vont pas très bien. Être ensemble les rend meilleurs.”

Vous qui habitez à Paris, vous partiriez en vacances dans les Pyrénées ?

“Je suis Parisienne depuis cinq générations, c’est très ancré. Mais ce tournage m’a fait énormément de bien. Les montagnes sont en quelque sorte mon karma, car elles servent de décor aux trois films que j’ai tournés dernièrement (Juste ciel ! de Laurent Tirard et Le Processus de paix d’Ilan Klipper, ndlr). J’y ai découvert un environnement nécessaire. J’adore la ville, je ne vivrai jamais ailleurs. Mais notre personnalité a un besoin vital de recharger ses batteries dans la nature.”

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 Les rôles que nous écrivons ou acceptons font figure de modèles pour les générations futures

Petite parenthèse : vous avez une très belle manucure.

“Je suis hyperfière que vous la remarquiez parce que je me fais très rarement les ongles. Je suis piégée par le temps, je ne sais pas ce que je fais, je ne suis pourtant pas présidente de la République. Mais je devais être présentable aux avant-premières et aux festivals qui se succèdent… J’ai toujours été fascinée par les filles qui tapent du bout des ongles, un fantasme enfantin.”

Le cinéma, c’est mieux que la vie, comme l’assurait Truffaut ?

“La vie est très intéressante, mais c’est probablement parce que je la vois toujours sous l’angle de l’écriture. Mon esprit a appris à détecter des éléments de la vie qui la rendent croustifondante. C’est une sorte de déformation professionnelle. Si je m’installe dans un café, je vais repérer trois situations marrantes. La semaine dernière, j’étais au Funny Film Festival de Vevey et mon portable a fait un burn out : tout s’affichait, mais rien ne fonctionnait. J’ai réalisé que je ne pouvais plus rien faire, ma carte bleue et mon billet d’avion étant sur mon portable. J’étais perdue en Suisse, une situation à la fois pénible et géniale. Toutes les galères sont bonnes à être débriefées, et offrent de la matière pour écrire.”

#MeToo a-t-il eu un impact sur votre métier ?

“Ça a aiguisé ma lecture de scénario et mes exigences. Je suis davantage attentive à la personne qui porte un film, à ce qu’elle a fait, à ce qu’elle fait, aux modèles qu’elle défend parce que je pense profondément que le cinéma et l’art en général sont précurseurs des événements inéluctables qui vont affecter la société. On peut tout raconter, les pires travers, les pires névroses, les pires pathologies, mais il faut être conscient de ce que ça représente. Les femmes, les cultures, les genres sont importants parce qu’ils incarnent des modèles de société. Ainsi, les rôles que nous écrivons ou acceptons font figure de modèles pour les générations futures.”

*(Terme familier en France.) Lieu imaginaire censé se trouver très loin.

Merci à l’hôtel Van der Valk Liège Congrès de nous avoir prêté son ascenseur.

Café (sans) filtre

On a parlé canard, tiramisu et art de conviction avec la marque de café Charles Liégeois et le duo formé par l’actrice Camille Chamoux et le réalisateur Édouard Deluc, à l’occasion de la projection de Pétaouchnock le samedi 5 novembre dernier au Festival international du film de comédie de Liège.

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