Chaque génération a ses figures rebelles qui font bouger les lignes du paysage urbain. Qui sont-elles aujourd’hui ? Rencontre avec Nina Catalina Dancet (29 ans), fan inconditionnelle de vintage qui semble tout droit sortie d’une élégante photo en noir et blanc.
Minimaliste, intemporel, noir et blanc : voilà comment je résumerais mon style. J’ai tendance à éviter les couleurs vives et les imprimés, car ils détournent l’attention de l’essence d’un vêtement, c’est-à-dire la combinaison d’une coupe et d’un tissu. Avec les pièces en noir et blanc, ce sont les détails et l’aspect esthétique du vêtement qui accrochent le regard. La couleur, c’est trop facile, qui plus est dans la culture actuelle de l’image, où une photo doit faire mouche en une fraction de seconde. Le noir et blanc est plus sobre et ne quémande pas l’attention. C’est pourquoi on voit rarement des pubs en noir et blanc. »
« J’aime les marques de vêtements qui ont un côté légèrement sombre et mystérieux, comme Rick Owens, Ann Demeulemeester et Margiela. C’est une atmosphère que je retrouve également dans la photographie en noir et blanc d’Helmut Newton, par exemple. J’apprécie les créateurs et créatrices intransigeant·e·s qui imaginent des vêtements sans se soucier des ventes ; celles et ceux qui considèrent la mode comme une forme d’art et peuvent consacrer plusieurs années à concevoir le look parfait. De nos jours, les jeunes designers veulent y parvenir en claquant des doigts. Or, pour citer Baudelaire, l’art demande du temps. Il faut évoluer, tomber et se relever. La patience n’est plus de mise aujourd’hui. Ni du côté des investisseurs et investisseuses, ni du côté des client·e·s. C’est dommage. »
« Je suis aussi intransigeante que mes créateurs etvcréatrices préféré·e·s. Mes vêtements, mon intérieur, ma page Instagram forment un seul univers, sobre et élégant. Je poste donc régulièrement des photos minimalistes en noir et blanc, qui suscitent invariablement moins d’intérêt que les photos flashys. Je ne le fais pas pour les likes. C’est ma manière de me rebeller. »
« Mes vêtements reflètent ma façon de penser. Toute ma vie, j’ai eu tendance à réfléchir en termes de noir et blanc. Par exemple, quand j’étais petite, j’entrais dans un magasin de chaussures et je savais immédiatement quelle paire je voulais, tandis que ma sœur était indécise. Soit je flashe sur un vêtement, soit je laisse tomber. Je suis du genre direct et capable de prendre des décisions difficiles. »
« L’année dernière, j’ai complètement vidé ma garde-robe et vendu toutes mes pièces Cos et autres marques similaires pour trois fois rien sur Vinted. J’en avais assez. Je ne veux plus soutenir ces labels et je n’achète pratiquement plus que d’occasion, qu’il s’agisse de créations ou de pièces de qualité issues de marques moins prestigieuses. Dénicher des pépites vintage, ça prend du temps. Je voyage beaucoup et dans chaque ville, je cherche des magasins de seconde main. Pour moi, fouiller signifie scruter des rayons de vêtements pendant des heures, de manière ciblée et systématique (rires). »
« Je déménage souvent et à chaque fois, je me sépare de mon mobilier pour recommencer à zéro. Comme tout ce que j’achète et tout ce que je vends est vintage, je suis une passeuse d’objets et je ne dégrade pas la planète. Quand on fait l’acquisition de belles pièces vintage, on peut toujours les revendre à un prix décent. Mais je ne suis pas non plus une acheteuse compulsive de meubles et de vêtements : je m’en tiens à l’essentiel. »
À LIRE AUSSI
Lady Dandy : l’adresse la mieux gardée par les fans de vintage et de seconde main de luxe
Qui est Manon Hache, fondatrice du Rendez-Vous Vintage ?
Seconde main de luxe : Labellov ouvre une nouvelle boutique à Bruxelles