C’est un concept que vous n’aviez peut-être pas encore rencontré jusqu’ici, mais que vous connaissez pourtant bien (très bien).

Les “croyances limitantes” sont un ensemble de convictions à notre sujet qui nous freinent d’une manière ou d’une autre dans la vie. “Il s’agit de toutes sortes de filtres qui nous empêchent de percevoir le monde tel qu’il est, et donc de le vivre pleinement et librement”, explique Mélody Coomans, coach en développement de carrière et reconversion et fondatrice de Switch Lab. “Ces filtres tirent leur origine de tous les carcans et jugements sociaux, culturels et familiaux, tous les principes et théories que l’on apprend dès l’enfance et que l’on continue à intégrer une fois adultes”.

Les 3 types de croyances limitantes

Ces croyances limitantes se divisent en trois catégories :

Il y a les croyances limitantes de l’ordre de l’impossible. Elles provoquent le plus souvent un sentiment de désespoir, car elles donnent à voir les choses comme impossibles et inatteignables. De ce fait, on se positionne en victime.

“Il est tout simplement impossible réussir à faire 150 000 euros de chiffre d’affaires en un an”.

Puis il y a celles de l’ordre de l’incapacité. Cette fois, c’est davantage un sentiment d’impuissance qui est induit. Même si je pense que l’objectif est réalisable, je ne suis pas assez bien pour l’atteindre. Cette catégorie de croyances touche directement à la confiance en soi, puisqu’on pense tout simplement manquer de talent ou de compétences pour y arriver. En revanche, les autres en sont capables.

“Je connais quelqu’un qui fait 150 000 euros de chiffre d’affaires par an, mais moi je n’en suis pas capable”.

Finalement, il y a la croyance limitante de l’ordre de l’imposture. On pense qu’on a la capacité de l’atteindre, mais qu’on ne le mérite pas, car on n’est “pas assez”. On est à nouveau dans un déficit d’estime de soi, mais on éprouve aussi beaucoup de difficultés à accepter la reconnaissance d’autrui.

“Je connais quelqu’un qui fait 150 000 euros de chiffre d’affaires par an. Mais moi je ne le mérite pas”.

Quelles sont les plus répandues ?

On en compte un paquet, le plus souvent liées à l’âge et au sexe. On les retrouve aussi bien dans tout ce qui relève de la vie personnelle et intime que dans le milieu professionnel. LA croyance la plus répandue, celle que l’on a toutes et tous entendue au moins une fois dans sa vie ? “Il faut travailler dur pour réussir” ou “On ne peut pas tout avoir”. Chez certain.e.s, cette conviction est tellement ancrée qu’elle provoque un sentiment de culpabilité ou d’angoisse à l’idée de réussir ou d’obtenir trop de choses en même temps.

“Les croyances limitantes sont généralement ces grosses phrases toutes faites que l’on nous a inculquées tout au long de notre vie”, explique Mélody. “Plus on se les est répétées, plus elles paraissent inéluctables”. Elles nous toucheront différemment en fonction de nos origines, de la façon dont nous nous sommes construit.e.s et de l’environnement dans lequel nous avons été baignés depuis la petite enfance. Il y a ainsi tout ce qui relève de l’expression de nos émotions : “Je dois cacher mes émotions sinon je parais faible”, mais aussi toutes nos croyances liées au domaine professionnel : “Être indépendant, c’est risqué.”

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Des croyances qui varient selon le genre

“Nous n’avons pas tou.te.s le même quota de croyances, indépendamment du sexe. Mais on observe qu’il y a parallèlement un modèle patriarcal qui influence notre façon d’intégrer certaines croyances et pas d’autres”, ajoute l’experte. S’ils semblent de plus en plus désuets, certains clichés ont la dent dure. Comme le fait qu’une femme doit être “douce et gentille” et qu’un homme doit être “fort et réussir”.

Pendant des siècles, les femmes ont été davantage essentialisées sur leur beauté plutôt que sur leur compétence. Si ces diktats semblent complètement datés aujourd’hui, ils n’en demeurent pas moins des héritages de longues dates encore ancrés dans la société. Si l’on voit des progrès, le monde professionnel reste particulièrement dur avec les femmes. Une étude de 2015 dévoilait ainsi comment les hommes beaux inspiraient professionnalisme et confiance alors qu’une femme belle était d’emblée jugée comme moins intelligente et moins compétente.

Parmi les croyances limitantes les plus souvent liées aux femmes, on citera : « Une femme ne peut pas jongler avec vie privée et vie professionnelle », « Une femme n’est pas complète sans enfants », « Il faut se méfier des femmes mariées à leur carrière », « Si je brille, je fais de l’ombre aux autres », « On ne peut avoir confiance en personne », « Si je dis ‘oui’, on m’aimera davantage ».

Ce qui n’empêche pas les hommes d’être aussi victimes de ce système macho : « C’est à l’homme de rentrer l’argent dans le foyer », « C’est trop tard pour reprendre des études », « Je ne peux pas montrer mes sentiments de peur de passer pour un lâche ou un faible »…

Comment s’en libérer ?

Mélody Coomans conseille d’identifier ces croyances limitantes dans notre vocabulaire. Ce sont tous les “toujours”, “jamais”, “personne”, “tout le monde”, “il faut”, “tu dois” que l’on se dit à soi-même. Derrière ces mots se cache une croyance qui renferme elle-même une émotion. Car, souvent, ces convictions que nous avons à propos de nous-mêmes et du monde ont joué un rôle de protection. Quel est le sentiment qui se cache derrière les limites que l’on s’impose ?

Si vous craignez de passer indépendant.e, ce n’est pas par manque de sécurité mais parce que vous avez peur de décevoir votre famille qui vous a toujours incité.e à avoir un CDI stable. Si vous multipliez les relations foireuses, ce n’est pas parce que “tous les hommes sont des connards” mais parce que vous pensez que vous ne méritez peut-être pas d’être aimé.e à votre juste valeur. “Il faut embrasser pleinement ces peurs, ces émotions, et se demander d’où vient cette croyance, en quoi elle a permis de me protéger et pourquoi”, explique la spécialiste.

Vient alors le moment de questionner sa croyance. Est-ce que je suis sûr.e qu’elle est vraie à 100% ? Est-ce que je n’ai aucun contre-exemple autour de moi ? “On remarque souvent que la personne est déstabilisée. Elle s’ouvre, cela se voit même physiquement. Le corps se redresse, les sourcils ne sont plus froncés.”

À ce stade, la croyance vient de se craqueler, mais le mental est fort et va tenter de s’y raccrocher tant que l’on n’agit pas. Il est temps de se poser la question : “Qu’est-ce que je vais pouvoir mettre en action pour me prouver que je suis maître de mon destin, que je peux me libérer de cette croyance qui s’est évaporée ?”. Si vous pensez par exemple que vous n’arriverez jamais à vous lancer en tant qu’indépendant.e, le mieux est de suivre une formation de quelques jours pour s’y frotter. Ou d’appeler cette connaissance qui s’est lancée toute seule et lui demander des conseils. Il ne s’agit pas de changer de métier du jour au lendemain, mais d’oser faire un premier pas.

La visualisation est également primordiale. “Qu’est-ce qui devient possible pour moi une fois que je brise cette croyance ?”. On visualise le moment positif où l’on y arrive et comment on se sentirait en y arrivant, on profite de l’émotion que cela génère et chaque petit exercice qui va amener à effriter notre croyance limitante va aussi impacter notre futur, le prophétiser.

Quand le champ des possibles s’offre à nous

“Des injonctions et des jolis mantras sont beaucoup moins libérateurs que de dire adieu à ses croyances limitantes”, confie Mélody. Une fois débarrassé.e.s de celles-ci, le champ des possibles se dévoile. Le sentiment induit peut être déroutant de prime abord, mais il va nous aider à découvrir notre potentiel, à nous lancer dans des challenges que nous n’aurions pas crus possibles. La beauté des croyances limitantes, c’est que lorsqu’on s’en défait, c’est un nouveau monde qui s’offre à nous, comme démarrer un tout nouveau job ou tenter son premier marathon à 60 ans. Comme dirait Mark Twain, “ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”.

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