Ils aiment Noël … à la folie, passionnément et presque toute l’année.

Si certain·e·s redoutent Noël comme le Grinch, d’autres attendent cette période de l’année avec une excitation fiévreuse. Mais qui sont ces adeptes des fêtes, qui ont sorti leur sapin bien avant l’heure et qui, devenu·e·s adultes, attendent encore l’arrivée du père Noël avec un verre de lait sur la cheminée ?

On l’appelle Mr. Christmas. Andy Park, un Britannique de 59 ans, est devenu la mascotte des médias pour avoir fêté Noël tous les jours pendant plus de vingt ans. Résultat ? Plusieurs milliers de verres de sherry et de dindes rôties, quelques kilos en plus de son propre aveu et une fortune dépensée pour avoir le luxe de s’octroyer un festin de Noël tous les jours de l’année. « Un jour, je me suis senti triste et j’ai décidé de mettre mes décorations même si nous étions en juillet », a-t-il confié aux médias britanniques. « Je me suis préparé un dîner de Noël et j’ai bu un verre ou deux
de sherry. Je me suis senti en pleine forme. À partir de ce moment-là, j’ai décidé de fêter Noël tous les jours. »

Fanny, christmas influenceuse

Et il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des fanatiques de Noël un peu partout. À Rhode-Saint-Genèse, Fanny Houze, 44 ans, n’a jamais lâché ses rêves d’enfant. Celle que l’on surnomme Nanny Vanille tient un compte Instagram consacré à Noël (@i.love.christmas.time) suivi par plus de 77 000 abonné·e·s. Sur son feed – qui n’a rien à envier aux influenceuses américaines les plus accros à la Christmas vibe –, ce sont plusieurs centaines de sapins, plans de tables et salon surchargés de guirlandes qui défilent. « Fin octobre, j’avais déjà installé un sapin de Noël dans ma chambre pour alimenter mon compte sans faire peur à mes amis », s’amuse-t-elle. « En vérité, Instagram est un peu devenu l’excuse. » 

 

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Son mari, avec lequel elle vit depuis plus de vingt ans, « ne cherche plus vraiment à comprendre ». Il a appris à vivre avec des paillettes plein la maison, qui le suivent même jusqu’au bureau. Ses ados aussi jouent le jeu, et l’accompagnent dès le mois de novembre dans les ateliers biscuits, les binge-watching de films de Noël et la compilation jazz spéciale fêtes que Fanny écoute en boucle chaque année. « Ils savent que ça me tient à cœur. C’est aussi une façon de se rapprocher, et de mettre sur pause nos vies hyperactives. » Et ce n’est pas la crise énergétique qui viendra casser l’ambiance, car Fanny est prête à se priver tout le reste de l’année pour que les fêtes soient à la hauteur. « Je préfère encore me passer de vacances ou de restos », avoue-t-elle. Le pire moment pour elle ? Lorsque vient l’heure de ranger les boules de Noël au grenier. « La maison semble vide, ma déco ne me plaît plus, c’est comme si je perdais tous mes repères. » Pour combler le manque, Fanny songe à adopter la tendance « Christmas in July » née en Caroline du Nord, pour s’offrir un deuxième Noël, avec un Spritz en guise de vin chaud. 

Serge, lutin du père Noël 

À quelques kilomètres de là, à Bauvechain, Serge Hennebel s’inquiète de savoir s’il pourra dévoiler sa grande féerie de Noël au public cette année. Depuis 29 ans, ce technicien en aéronautique de profession transforme son jardin de 7 ares en village du père Noël. Une attraction devenue tellement célèbre dans la région qu’elle attire aujourd’hui des milliers de visiteurs et visiteuses des quatre coins du monde. Seul bémol, sa rue sera fermée pour travaux cette année, ce qui complique légèrement les choses.

« Au début, j’ai accroché une simple guirlande à ma maison », explique celui que l’on surnomme Père Nebel. « Puis chaque année j’ajoutais quelque chose de plus, un traîneau, six rennes, un
bonhomme de neige de quatre mètres, puis d’autres traîneaux. » Une mise en scène qui attire de plus en plus de passants curieux, qui sortent même de leur voiture pour admirer le spectacle. Aujourd’hui, on retrouve dans son jardin, dans la chambre, l’atelier, le salon ou encore la salle à manger du père Noël tels que Serge se les imagine. La demeure des lutins et une collection surprenante de presque 500 pères Noël différents sont réunis dans un des chalets construits par Serge. Ce cabinet de curiosités se visite gratuitement pendant un mois, du 7 décembre au 7 janvier. 

« Quand les gens le voient pour la première fois, ils n’en croient pas leurs yeux. Ils me demandent comment j’ai réalisé cet exploit. Ce qui me plaît, c’est d’offrir de la magie aux gens, de les faire rêver. C’est ma passion. » Pour arriver à un tel résultat, Serge lance les hostilités dès le mois d’octobre. Chaque déco est pensée, évaluée et réfléchie pour donner le meilleur effet possible. Des préparatifs qui contrastent avec les Noëls de son enfance : « Quand j’étais jeune, dans la maison, il n’y avait qu’une crèche que mon père avait fabriquée en guise de déco. Rien à voir avec le business généré aujourd’hui autour de Noël. » Serge admet aussi le côté thérapeutique de sa passion. « Quand on pense à ça, on pense moins à d’autres choses. »

Fêter Noël tous les jours ?  

Mais comment expliquer une telle effervescence autour de Noël ? Pourquoi perd-on soudain tout sens commun à l’approche des fêtes ? Qu’est-ce que cela dit de nous ? « C’est une tradition qui existe depuis des centaines d’années et qui a revêtu des symboliques différentes au fil du temps », explique la médecin psychothérapeute et coordinatrice du CentrEmergences, Anne-Françoise Meulemans « C’est donc un rite quasiment inscrit dans notre ADN. » Mais qui a pris une tournure frénétique en matière d’achats, de brillance, de merveilleux jusqu’à atteindre le too much. 

Une surenchère encouragée par notre société consumériste, avec des vitrines de Noël qui s’installent de plus en plus tôt, mais aussi par les histoires racontées dans les médias et les films américains. Des histoires avec des schémas familiaux très normés et des valeurs de partage qui entrent souvent en décalage avec la réalité de terrain. « Beaucoup s’y retrouvent évidemment, et beaucoup d’autres ne pourront jamais atteindre ce modèle très formaté pour des raisons affectives ou financières. »

Fait étonnant (ou pas ?), la psychothérapeute observe une augmentation de patient·e·s durant la période qui précède Noël. La solution : produire davantage de modèles dans lesquels tout le monde puisse se projeter. Et essayer peut-être d’éblouir davantage notre quotidien ponctué d’ennui pour moins s’inquiéter des fêtes ou des vacances. Bref, essayer de mettre quelques touches de Noël tous les jours. Tentant, non ?  

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