À chaque génération ses figures rebelles qui font bouger les lignes du paysage urbain. Qui sont-elles aujourd’hui ? Rencontre avec Anna Carina Schoeters (25 ans), une identité in progress fan d’upcycling qui travaille les vêtements de seconde main en mode déconstructive.
« Mes amis qualifient mon style de “poorgeois”. J’aime combiner des vêtements classiques avec des accessoires qui se situent à la limite de l’acceptable. Par exemple, un beau chemisier associé à une paire de lunettes de mauvais goût que j’ai dénichée pour cinq euros dans un magasin de souvenirs à la mer. Je recherche toujours l’équilibre entre ce qui est chic et ce qui ne l’est pas. Mes tenues doivent présenter un côté décalé. »
« J’achète beaucoup de vêtements de seconde main, à la fois en ligne et hors ligne. Parfois, je trouve des pièces intéressantes dans des lieux inattendus, comme un sex-shop à Bruxelles. Il arrive que je passe par hasard devant la vitrine et remarque un chapeau de cow-boy à l’imprimé zèbre, par exemple. Une fois à l’intérieur, mon regard est attiré par un joli corset, ou d’autres accessoires. Ces derniers sont indispensables à mes yeux. Habituellement, je pars d’une pièce basique, comme un pull blanc. Ensuite, le plus dur reste à faire (rires). »
« Je compose moi-même la plupart de mes tenues. Sur mon compte Instagram @2deuxfilles, je vends des pièces upcyclées. Si j’ai dans mon placard un vêtement que je ne porte plus mais dont le tissu est intéressant, je le découds. Ensuite, je réassemble le puzzle. Un blazer avec une grosse tache sur la manche peut ainsi donner naissance à une veste aux manches déconstruites. Je redéfinis le vêtement. Résultat : une mode introuvable en magasin. »
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« Je pratique l’upcycling tout d’abord pour des raisons écologiques. Ça permet de réutiliser une partie des déchets de l’industrie de la mode. C’est aussi une façon de rendre les anciens vêtements cool à nouveau. Et puis c’est l’expression de ma créativité. Confectionner des vêtements soi-même est beaucoup plus satisfaisant. En outre, les boutiques calquent leurs collections sur les tendances. Celles-ci déterminent en grande partie ce que nous allons porter. Je préfère penser par moi-même. »
« Les vêtements issus de l’upcycling ont souvent des bords effilochés et donnent l’impression qu’ils sont in progress. J’adore ça. Tout comme mon identité, je ne veux pas que mes tenues soient liées à une image particulière. La mode est un processus créatif, un jeu. Ce serait trop triste de s’en tenir à un seul style. »
« Les réactions à mes tenues étranges sont généralement positives. À l’exception de l’un de mes amis proches. Il se moque souvent de moi en faisant des commentaires du genre : “Tu as volé les rideaux de ta grand-mère (rires) ? Je ne suis pas en concurrence avec qui que ce soit. J’espère juste que mes associations étranges sont une source d’inspiration pour les autres. À travers ma démarche, j’entends montrer qu’une garde-robe recèle parfois de trésors insoupçonnés. J’ai envie que la mode redevienne ludique. »
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