Beaucoup d’idées reçues entourent l’utilisation de la pilule contraceptive. En voici une bannir au plus vite.

Ah la pilule, ce médicament génial et controversé. Elle permet d’avoir des rapports sexuels non protégés sans prendre le risque de tomber enceinte (avec un très faible taux d’échec de 0,8 %). Elle ne fait cependant pas que des heureuses, notamment en raison des nombreux effets secondaires qui lui sont liés : acné, migraine, changements d’humeur, baisse de la libido,… Autorisée depuis 1973 en Belgique, 54,5% des femmes entre 16 et 55 affirment la prendre. Avec l’âge et avec le niveau de diplôme, le recours à la pilule diminue alors que la pose de stérilet augmente.

La pilule combinée

Il existe deux grands types de pilules : combinées ou progestatives. La première supprime totalement l’ovulation, la seconde, qui se prend en continu, n’empêche pas les règles de se déclencher. Ainsi, lorsque l’on prend une pilule combinée, il est de coutume de faire une pause d’une semaine entre deux plaquettes (quand la plaquette ne contient que 21 comprimés) ou d’avaler les sept pilules placebos lorsque vous avez une plaquette de 28 comprimés. L’effet est le même, les placebos permettent simplement de s’y retrouver plus facilement.

C’est pendant ces sept jours que les règles artificielles vont être déclenchées. Il ne s’agit donc pas de règles puisque les règles sont consécutives à une ovulation (or, la pilule bloque celle-ci). Il s’agit plutôt de saignements de privation liés à l’arrêt soudain des hormones. Pourtant, selon un rapport du National Health Service (NHS), arrêter la pilule une semaine n’a, en soi, aucun bénéfice pour la santé. Mieux, prendre la pilule tous les jours en continu limiterait les risques d’oubli et donc les risques de grossesses non désirées.

À l’origine, le Pape

Si ce n’est pas pour des raisons de santé, pourquoi arrêter la pilule pendant sept jours ? Selon John Guillebaud, professeur émérite en santé reproductive interviewé par The Telegraph, il s’agissait initialement de faire plaisir au Pape. « Le gynécologue John Rock a conçu [la pause] parce qu’il espérait que le pape accepterait la pilule et la rendrait acceptable pour les catholiques. Rock pensait que si elle imitait le cycle naturel, alors le pape l’accepterait», a-t-il déclaré. Rappelons que John Rock était un obstétricien et gynécologue américain surtout connu pour le rôle majeur qu’il a joué dans le développement de la première pilule contraceptive.

…et les mentalités

L’autre explication est à trouver auprès des femmes elles-mêmes. Le Dr. Jane Dixon de la Faculté des soins de santé sexuelle et génésique (FSRH) a déclaré à la BBC que beaucoup de femmes s’en tenaient à un schéma de trois semaines de pilules et une semaine d’arrêt car elles se sentaient rassurées d’avoir leurs règles, preuve qu’elles n’étaient pas enceintes.

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«Il n’y a pas d’accumulation de sang menstruel si vous manquez votre pause»

Le Dr. Nixon explique cependant que «ce saignement ne donne aucune garantie de ce type, il s’agit simplement d’une réaction à l’absence de produits chimiques contraceptifs dans votre système». Elle ajoute également que, contrairement aux idées reçues, «il n’y a pas d’accumulation de sang menstruel si vous manquez votre pause. (…) Nous savons aussi que beaucoup de femmes développent des effets secondaires au cours de cette semaine, comme des maux de tête et des changements d’humeur.»

S’il n’existe pas de rapport officiel en Belgique. Un site Internet rédigé par des professionnels de la santé aborde le sujet. Selon le Pr André Nazac, chef de clinique et responsable du secteur gynécologie du CHU Brugmann, «aucune étude n’a défini un nombre maximal d’enchaînement de plaquettes de pilules contraceptives». Le site met également en évidence le caractère pratique lié à l’absence de règles (piscine, sport, rapports sexuels,…), tout cela sans effets négatifs sur la santé.

Le seul risque : les spottings

Le seul désagrément qui peut survenir au bout de trois ou quatre mois chez certaines femmes concerne des petits saignements imprévisibles. Dans ce cas, il est conseillé de respecter une semaine d’arrêt au bout de trois ou quatre mois, puis d’enchaîner à nouveau trois ou quatre plaquettes de 21 comprimés.

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