Francis Kurkdjian, nommé en 2021 directeur de la création des Parfums Christian Dior, présente sa toute nouvelle création qui rejoint la Collection privée : Dioriviera.

Si l’inspiration vient du jardin, le travail de composition, lui, est à Paris. Un mouvement qui est comme inscrit dans l’histoire de la Maison qui a vu Christian Dior aller et venir sans cesse entre un Sud régénérant et l’avenue Montaigne, son fief créatif. Le coeur en Provence et la tête à Paris comme le raconte Frederic Bourdelier, directeur culture de marque et héritage de Christian Dior.

Quels sont les liens entre Christian Dior et la Riviera ?

Entre Christian Dior et la French Riviera, c’est une véritable histoire d’amour, une vraie attraction. Il découvre le Sud en 1935, à 30 ans. Il vient de Normandie, mais c’est son père et sa dernière petite sœur qui s’installent dans l’arrière-pays varois en Provence lorsque Maurice Dior est ruiné par les conséquences de la Grande Dépression. Christian Dior vient régulièrement les voir. Après sa démobilisation de l’armée en juin 1940, il passe deux années dans le Sud, avant d’acheter le château de la Colle Noire, cette magnifique bastide provençale.

Le créateur était-il un autre homme là-bas ?

Quand il arrivait dans le Sud, il se muait en quelqu’un de totalement différent, il redevenait terrien, proche des gens, de la nature. Le domaine de la Colle Noire faisait plus de 100 hectares et il aimait s’y promener en mettant un chandail, un short, un grand chapeau de paille pour aller voir les jardiniers. Il y a fait planter des roses de Grasse, des jasmins, des oliviers, des vignes ainsi que des arbres fruitiers comme des figuiers, des amandiers ou abricotiers. Je crois qu’il y avait deux Christian Dior : celui de Paris, le grand couturier célèbre qui doit relever le défi d’une nouvelle collection tous les six mois, et un homme plus simple qui, une fois dans le Sud, retrouve le goût des choses naturelles.

 A-t-il gardé des liens avec cette région toute sa vie ?

De Monaco aux Baux-de-Provence, aux deux extrêmes de la Riviera, Christian Dior ne cesse de circuler dans sa voiture avec chauffeur pour rendre visite à ses amis. Bien sûr, il se rend aussi  près de Grasse voir son parfumeur. Le lien était facile pour lui entre Paris, capitale mondiale de la mode, et Grasse, capitale mondiale de la parfumerie, les deux facettes de sa vocation de couturier-parfumeur.

Quand  Christian Dior aimait-il se rendre dans le Sud ?

Dès 1950, avec l’acquisition de la Colle Noire, Christian Dior ne cesse de s’y rendre, en voiture, en train puis en avion, même s’il détestait ça. C’était avant tout un lieu de repos pour lui. Mais, comme il l’écrit dans une lettre, « l’avenue Montaigne n’est jamais loin ». Il fait d’ailleurs installer l’une des premières lignes téléphoniques du village pour rester connecté à sa maison de couture. Il se rendait dans le Sud au moment où il devait concevoir une nouvelle collection et il pouvait s’isoler pendant des jours pour dessiner toute la journée. La Colle Noire n’était pas un domaine fermé, mais un lieu ouvert où il invitait des ami·e·s, mais aussi de nombreux musicien·ne·s, photographes et artistes de son époque. Christian Dior était toujours entouré et il avait du mal à trouver quelques moments de solitude pour se ressourcer. Son chef cuisinier descendait avec lui de Paris et préparait de superbes repas le midi comme le soir pour ses nombreux invités. La Colle Noire a été un choix de cœur pour lui, car il n’était qu’à une dizaine de kilomètres de la maison de son père, de celle de Catherine Dior et non loin de toute la jet set émergente des années 50 qui a rendu la French Riviera si mythique et légendaire.

Christian Dior de dos regardant les vignes de son domaine dans le Sud.

©Presse Christian Dior Parfums Archives

Le fruit d’un choc olfactif

Dioriviera est né d’une sorte de révélation de ce qu’est le Sud : une parenthèse enchantée qui a les couleurs de la fête et de l’amitié. Ce sont ces rires sur les visages et ces danses, la sensualité des corps chauffés au soleil que Francis Kurkdjian a voulu traduire dans son nouveau sillage. C’est ce que venait chercher Christian Dior en Provence, sa terre de coeur, son refuge, un art de vivre où puiser l’inspiration… avant de repartir à Paris. 

Dioriviera le flacon.

125 ml, 255 €.

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