Et si on ne parlait plus de pénétration mais de circlusion pour une fois ?

Alors que l’on débat sur le passage de “auteur” à “autrice”, sur les sacrificiels “iel” et “celleux” ou encore l’outrageux point médian, on s’intéresse beaucoup moins à l’usage d’un mot pourtant intéressant : la “circlusion”. Le terme qui, il faut le dire, ne court pas les rues, se définit pourtant très simplement : action consistant à enfiler, enserrer ou engloutir un pénis dans son vagin ou son rectum. Il s’agit en fait du pendant féminin de la pénétration.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Olivia Nicholls (@olivia__nicholls)

Se réapproprier sa sexualité par le langage

Le terme remonte à l’année 2016, quand la philosophe et féministe allemande Bini Adamczak invitait à penser autrement nos rapports sexuels que sous l’angle de la sacro-sainte pénétration uniquement. L’objectif ? Se réapproprier sa sexualité par le langage. Jusqu’ici, la langue se plaisait en effet à concevoir le rapport hétérosexuel selon un biais devenu commun : l’homme actif et la femme passive, l’homme dominant et la femme dominée, celui qui donne et celle qui prend. Le langage sexuel masculin est militaire, son sexe bande (comme un arc), il “décharge”. La femme est pendant ce temps qualifiée de “chaude” ou “froide”. Et que penser de la poésie de langage, le fameux “je l’ai baisée”, qui suggère injustement que le sexe se ferait non à deux mais à un.

Le terme “pénétration” n’a donc rien de mal en lui-même, mais il suggère que l’un fait le boulot, pendant que l’autre attend. Comment parler du rôle pourtant bien actif de la femme durant l’ébat ? Elle qui s’agrippe, se cambre, ondule, domine les va-et-vient, choisit le rythme, bref, c’est elle qui mène la danse. Parler de “circlusion”, c’est tout simplement rappeler que les femmes ne sont pas des étoiles de mer. Pas question pour autant de faire la guerre à la pénétration, d’ailleurs elle peut parfaitement faire la paire avec la circlusion. L’un ne va pas s’en l’autre, puisque quand l’homme pénètre, la femme circlut et inversement.

Enrichir son vocabulaire

C’est ce que Martin Page résume dans son ouvrage “Au-delà de la pénétration” : “On ne veut pas exclure la pénétration. On peut garder la pénétration, mais entendre que la personne qui pénètre ne domine pas forcément, elle peut aussi être attirée par le fait d’être dominée dans la circlusion”. Le mot “circlusion” vient donc enrichir notre vocabulaire, le peaufiner, lui offrir une subtilité supplémentaire.

D’après Benjamin Wharf, la langue que nous parlons façonne notre perception du monde. Elle renforce aussi inconsciemment les stéréotypes. Voilà pourquoi changer notre manière de penser le sexe est important. Il faut bien sûr un temps monstre pour qu’une expression ou une habitude s’impose. Le fait qu’il s’agisse d’une prise de pouvoir des femmes dans la sexualité n’aide généralement pas à accélérer le processus. Il faudra donc encore quelques décennies pour que le verbe “circlure” intègre le vocabulaire courant. Ce qui n’empêche pas de balancer nonchalamment à son amant lors d’une prochaine partie de jambe en l’air : “je te circlus quand ?”.

À LIRE AUSSi

Sexe : 5 façons de le faire qui vont buzzer en 2023

Comment rendre le sexe sous la douche vraiment torride ?

Sexe : 20 façons de rendre un homme fou de vous