En à peine 5 ans, 3 albums, 3 disques d’or, 2 tournées, 4 saisons de « The Voice » et une première apothéose dans un Forest National à guichet fermé, Typh Barrow pourrait se calmer un peu, lever le talon aiguille, dresser un premier bilan… Mais ce serait bien mal la connaître, elle qui a « toujours besoin de vivre à 1.000 à l’heure », et qui bosse déjà sur le successeur d’« Aloha »… En attendant, la voilà bien partie pour remplir un deuxième Forest National, énième climax d’une tournée qui cartonne, et qui fait même l’objet d’un docu diffusé à la télé.
Ta dernière interview pour ELLE Belgique remonte à début 2020 : tu faisais la promo d’« Aloha »… Juste avant qu’un certain virus plombe nos vies pendant presque deux ans. Comment as-tu vécu cette période ?
C’était vraiment une drôle de période, parce que l’accueil de l’album, tant de la part du public que des médias, avait été très positif, et du coup la tournée se profilait sous les meilleurs auspices… Et là, surpriiise ! Mais comme je suis du genre à tirer le positif de tout ce qui m’arrive, je me suis dit que c’était l’occasion de remettre complètement les compteurs à zéro. Parce qu’entre le premier album, la tournée « Raw » qui s’en est suivie, l’aventure « The Voice », la sortie du deuxième album, je n’avais jamais arrêté en fait. Bref, ça m’a fait du bien. J’en ai profité pour me reposer et me recentrer. Je donnais rendez-vous tous les jours à mes followers sur les réseaux sociaux, pour un petit live au piano… Le second confinement par contre a été plus compliqué, mais heureusement il y a eu « The Voice », qui m’a permis de continuer à faire mon métier… Et ça, c’était une chance immense.
Et le retour sur scène fut, on l’imagine, d’autant plus fort et émouvant.
C’était le feu d’artifice. Il faut savoir que la deuxième tournée « Aloha » avait été reportée quatre fois : d’avril 2020 à avril 2022… Et pour la blague, deux mois avant la première date, je pars au ski et je me déchire les ligaments du genou. Heureusement que j’avais un super kiné qui m’a fait éviter l’opération… Tout ça a été filmé et fera l’objet d’un docu en préparation : on y verra toutes les coulisses de la tournée, les répétitions, les doutes, les rires, les peurs…
C’était bien, Forest National ?
C’était vertigineux. L’apogée. Cette date et les trois Forum de Liège d’affilée (en avril 2022, NDLR). Mais Forest c’était vraiment un rêve qui prenait corps : quand j’étais petite, je passais tous les jours devant avec ma maman qui me conduisait à l’académie… Je lui disais que plus tard j’aimerais y chanter, et elle me regardait avec un petit sourire l’air de dire « Oui oui tu es mignonne »… Bref, c’était incroyable. Au-delà de mes espérances. J’ai savouré chaque seconde. Surtout que mon manager m’avait fait une énorme surprise en invitant Gulaan (qui chante sur « Aloha », NDLR) à la fin du show, venu tout droit de Nouvelle-Calédonie. Personne dans l’équipe n’était au courant ! C’était le climax. Ça et le moment où il m’annonce sur scène qu’on remet ça le 28 avril 2023. Un deuxième Forest. Je l’ai appris devant 8.000 personnes, c’était juste la folie.
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L’occasion de tester de nouvelles chansons de ton prochain album ? Tu peux nous en dire plus ?
Pour le moment, tout est encore en construction, j’ai envie de rester fidèle à ce que je suis, de garder mon ADN qui est le piano-voix et la pop teintée de soul et de blues, tout en apportant une nouvelle dimension au projet et de nouvelles couleurs. On ajoute des rythmiques plus puissantes, on explore de nouvelles sonorités et je m’amuse aussi à injecter une dimension gospel à travers les chœurs. Je garde l’envie de parler de sujets très personnels et le besoin de marier les opposés.
Mais tu restes quand même dans une palette soul à l’américaine, à l’image de ton nouveau single, « Don’t Let Me Go »…
C’est sûr que c’est la musique qui me fait le plus vibrer… Ce côté « rough », organique, le groove, la voix mise en avant. C’est la musique avec laquelle j’ai grandi. Il y a sans doute cette nostalgie de l’enfance, de l’adolescence. C’est la musique qui parle à mon cœur parce que c’est la musique qu’on écoutait à la maison.
Et le français ? Ce serait pas mal pour percer davantage en France, non ? Tu ne te sens pas un peu coincée à ce niveau-là ? Tu as fait un peu le tour en Belgique, là…
Mes choix artistiques ont toujours été faits à l’instinct, à l’intuitif, à l’envie… J’adore le français, mais j’ai été biberonnée à la chanson anglaise… Pour le moment, les chansons qui me viennent sortent en anglais, mais je ne ferme pas la porte au français… On verra ce que l’avenir me réserve !
Quel regard portes-tu sur les « confrères et consœurs » qui cartonnent en France ?
Je trouve ça génial ! Je vois ça avec beaucoup de fierté et de plaisir… C’est hyper réjouissant. Et puis je pense que l’univers fait ce qui est bon pour toi. J’ai déjà tellement de chance de faire ce métier et d’en vivre. Chaque année m’apporte son lot de réalisations et de rêves accomplis, et là j’ai déjà le prochain album en tête ! Je suis à fond dedans. J’ai toujours été une boulimique de la vie.
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C’est quoi le plus important pour toi, en tant que musicienne ?
De partager et de réussir à faire du bien aux gens (un autre ange passe, NDLR). Je crois qu’avant je faisais de la musique pour les mauvaises raisons. J’avais besoin d’être validée. De recevoir l’amour que je n’arrivais pas à me donner. Je pense que c’est le manque d’amour propre qui m’a poussée à vouloir être dans la lumière. Heureusement, les choses ont évolué.
Tu avais besoin du regard des autres ?
J’ai toujours été une petite fille très docile. Parce que je crois que j’avais cette peur de ne pas être aimée. De mal faire. Et j’ai très vite été attirée par la scène, en participant à des concours de théâtre, des seuls en scène, à plein de trucs qui me donnaient l’impression d’être vivante, alors que j’étais pleine d’incertitudes. C’était une carapace quoi ! Plus les salles devenaient grandes, plus je réalisais que c’était une quête sans fin et que ce n’était pas comme ça que je soignerais le manque d’amour propre. C’est vraiment avec le temps, en me posant, en apprivoisant qui je suis et en écoutant vraiment la petite fille derrière cette grosse carapace, que j’ai commencé à aimer mon métier pour d’autres raisons. Aujourd’hui, lorsque des personnes viennent me voir à la fin d’un concert pour me remercier et me dire que ça leur fait du bien, c’est là que tout prend son sens.
Tu as toujours bien chanté ?
Oh non (elle rit, NDLR) ! Quand j’écoute des enregistrements de moi petite, c’est très compliqué ! Comme Brel le disait : « Le talent, ça n’existe pas. Le talent, c’est d’avoir envie de faire quelque chose. » Je crois que j’avais cette envie furieuse d’être sur scène et de chanter. Quand je vois des kids arriver à « The Voice » et qui chantent comme ils chantent, je trouve ça dingue le niveau qu’ils ont déjà à un si jeune âge…
En parlant de « The Voice », qu’est-ce qui t’a donné envie d’y participer ? Quand la RTBF t’a proposé le job, tu doutais, paraît-il, de ta légitimité…
En effet, je me demandais si j’avais quelque chose à leur apporter, à tous ces talents qui viennent pour apprendre, pour développer ou lancer leur carrière… J’étais encore jeune ! Ma première considération c’était juste « Est-ce que je vais pouvoir les aider ? »
Et ça t’apporte quoi, à toi ?
C’est une aventure hyper riche musicalement et humainement. Parce que tu rencontres des gens de tous les horizons et de tous les milieux, qui ont chacun·e leurs influences musicales et c’est génial. Ce qui me passionne le plus, c’est vraiment le rôle de coach, quand les caméras s’éteignent et que tu es vraiment là à bosser à leurs côtés. Quand tu parviens à leur faire accéder à d’autres versions d’eux ou d’ellesmêmes… Et puis, personnellement et musicalement, tu apprends tellement de toutes ces rencontres. J’en sors à chaque fois grandie.
Tu n’as donc pas hésité à signer pour une quatrième saison – pour « The Voice Kids » cette fois.
J’ai adoré ! J’ai une connexion de fou avec les enfants, que je ne sais pas trop expliquer… Sans doute parce qu’il y a toujours la petite fille de 8 ans qui ne m’a jamais vraiment quittée… Elle est toujours là ! Et puis, les enfants, c’est la vérité, la pureté, l’optimisme. Ils·elles ne sont pas dans le calcul. C’est ce que j’aime le plus.
Et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les cinq prochaines années ?
Je me rends compte, avec l’expérience de « The Voice » justement, que pouvoir faire ce métier s’avère vraiment être une chance inestimable… Pourvu que ça puisse continuer le plus longtemps possible évidemment. Sinon le prochain rêve sur ma liste , ce serait de faire un concert avec un orchestre symphonique !
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