Pour réussir en tant que femme dans le hip-hop, la street cred ne suffit pas, encore faut-il être compétente et polyvalente. Miss Angel, Coely et Zoey Hasselbank n’ont que faire de la fausse modestie : sur scène, elles déchirent tout. Ces trois terreurs vont faire trembler les scènes belges cet été, et on ne manquerait ça pour rien au monde.
COELY
Avec son premier album, « Different Waters » (2017), Coely a conquis les fans de hip-hop grâce à un mélange irrésistible de rap, soul et pop. Depuis, son nom a figuré sur bien des line-up, de Tomorrowland à Glastonbury. Six ans plus tard, l’Anversoise est de retour avec « Alive », un nouvel album qui enflammera les plaines des festivals cet été.
Ton ADN ?
J’ai un style street, mais avec un côté edgy. J’adore me lancer des défis en matière de mode. Par le passé, j’ai opté pour des looks plus féminins, mais pour le nouvel album, j’ai voulu revenir à mes fondamentaux. Je ne peux pas encore en dire trop sur mes tenues pour cet été, mais j’en ai déjà donné un avant-goût lors des concerts à De Roma et à l’AB.
Le plus grand défi auquel est confrontée l’industrie musicale ?
L’industrie se développe, surtout aux États-Unis, où les nouvelles artistes féminines sont légion. Mais c’est un combat de longue haleine qui n’est pas dénué d’obstacles. L’autre est tout ce que nous avons, et nous devons donc nous soutenir mutuellement pour aller de l’avant. En Belgique, nous nous en sortons bien sur ce plan. Pour ma part, j’essaie de me concentrer sur les émotions positives, sur ce que j’ai à offrir et sur les voies que je peux ouvrir pour la nouvelle génération.
Le moment dont tu es la plus fière ?
Mes dernières performances me semblent plus convaincantes. Je saisis mieux tout ce qui se passe autour de moi et en moi. Parfois, je suis choquée de voir à quel point tout est dur, surtout depuis que je suis devenue maman. Je suis très fière que mon concert à l’AB au printemps dernier se soit bien passé. Quelques semaines auparavant, j’avais eu la Covid, puis quelques problèmes de voix, ce qui ne m’a pas facilité la tâche. Mais au bout du compte, je m’en suis sortie. De temps en temps, quand je m’arrête sur mon parcours, je me dis que je suis une vraie battante. Parfois, c’est très intense, mais j’ai l’impression d’être faite pour ça. Je le pense vraiment. Je traverse une période difficile, et puis bam ! C’est une sensation que j’adore. Quand je décide de frapper fort, je balaie tout sur mon passage.
Des projets pour l’avenir ?
Cet été, je me produirai notamment à Couleur Café, à Dour et au Suikerrock. À l’automne, je commencerai ma tournée des clubs pour « Alive » et mon travail en tant que coach pour « The Voice Kids ». Je suis donc en train de visionner toutes les saisons précédentes, j’ai hâte d’appuyer sur le bouton rouge (rires). Quoi qu’il arrive, je serai moi-même à l’écran, et croyez-moi, ça va être quelque chose.
Le morceau de l’été ?
Mon titre « Night Call » (rires) ! Je vais le jouer cet été, oh my god. Je m’y vois déjà : en pleine canicule, quelqu’un dans le public asperge de l’eau, soudain je lance « Night Call » et le public se déchaîne. Quality time assuré ! On a juste besoin de good vibes, d’émotions positives et de bonheur.
MISS ANGEL
L’Anversoise Miss Angel (de son vrai nom Angela) est l’étoile montante du rap belge. Active depuis 2018, elle a collaboré avec des artistes comme Zwangere Guy et Selah Sue. Grâce à sa présence scénique explosive, elle s’est déjà produite à Rock Werchter, au Pukkelpop, à Dour et à Couleur Café. En 2021, Miss Angel a été mise à l’honneur sur un billboard à Times Square en tant qu’ambassadrice de la campagne Equal, initiée par Spotify.
Ton ADN ?
Je suis dingue de mode depuis l’enfance, mais toujours à ma façon. Ça ne m’a jamais dérangée de ne pas pouvoir suivre certaines tendances. Enfant, je n’avais pas de Lelli Kelly ni de Nike, je portais mes chaussures jusqu’à ce qu’elles soient totalement usées (rires). Ça m’a appris à me contenter de ce que j’ai. La friperie, c’était mon magasin de bonbons à moi. Aujourd’hui, j’aime toujours mélanger les pièces chères et les vêtements plus abordables.
Le plus grand défi auquel est confrontée l’industrie musicale ?
On continue à associer certains stéréotypes aux artistes féminines. Je me distingue un peu parce que je ne chante pas, je ne fais que rapper. D’ailleurs, tout le monde ne semble pas encore l’avoir compris. Je m’entoure à dessein d’une équipe entièrement féminine, de la manager à la styliste, en passant par la DJ et les danseuses. Pour moi, c’est naturel, car j’ai grandi avec mes sœurs. Lorsqu’on débarque ensemble quelque part, tous les regards se tournent vers nous. Soudain, certain·e·s ne savent plus comment se comporter. Pas étonnant, on est toutes canons (rires).
Le moment dont tu es la plus fière ?
Je n’oublierai jamais l’instant où je suis apparue sur un panneau d’affichage géant à Times Square pour Spotify. Mes enfants, petits-enfants et arrière-
petits-enfants vont l’entendre, cette histoire (rires). Je suis également fière d’avoir
participé à tant de festivals en si peu de temps. J’étais toujours bien préparée et j’ai montré que je pouvais faire le show. Je suis heureuse d’avoir donné le meilleur de moi-même, et de l’accueil incroyable dont je bénéficie lors de mes concerts.
Ton rêve ultime ?
J’ai le sentiment que d’autres pays vont bientôt m’adopter et que tout va prendre encore plus d’ampleur. Je veux devenir big, et pas seulement dans le domaine de la musique. Je me vois comme une artiste et j’aimerais collaborer avec des marques, être actrice... I want it all.
Des projets pour cet été ?
Je vais sortir plusieurs singles, et je serai présente aux Gentse Feesten et à l’Antwerp Pride. Je ne veux pas encore en dire trop, mais je suis souvent en studio en ce moment, je travaille sur mon premier véritable album. Je suis prête à me montrer davantage, car j’ai l’impression d’être encore un mystère pour beaucoup de gens.
Le morceau de l’été ?
Quand le soleil brille, je mets 4EVA de Kaytraminé & Pharrell Williams, et ma journée est faite.
ZOEY HASSELBANK
La DJ hip-hop Zoey Hasselbank (nom de scène de Sarah Moponami) est une invitée régulière des soirées les plus prisées. Avec ses sets freestyle bien sentis, elle éveille une irrépressible envie de danser. Lorsqu’elle n’est pas derrière les platines, elle s’engage en faveur des femmes et des jeunes filles, en Belgique et ailleurs.
Des projets pour cet été ?
J’organise pour la première fois mon propre festival, Tubakidi, en collaboration avec l’organisation caritative congolaise Rebuild Women’s Hope. C’est un projet très excitant. Cet été, je joue aussi à Wecandance, l’un de mes festivals préférés, et je serai aussi aux Ardentes, au Pukkelpop et à Extrema Outdoor en tant que créatrice de contenu.
Ton ADN ?
Je prends vraiment soin de mon apparence et je prépare minutieusement mes tenues de scène. Mon style est street, mais aussi féminin, sexy et brut. Je puise mon inspiration sur Instagram et Pinterest, je n’achète que des choses que je peux combiner avec ce que j’ai déjà.
Le plus grand défi auquel est confrontée l’industrie musicale ?
Je remarque que les femmes sont traitées différemment. Avant, on me disait que j’étais engagée pour mon physique ou que c’était plus facile de percer en tant que femme dans cette industrie. Certains DJ masculins viennent scruter mon set pour entendre de quoi je suis capable. Ça me donne l’impression que je dois faire mes preuves en permanence. Je ne veux pas juste faire joli derrière une cabine de DJ, j’ai envie de montrer que je suis capable de faire un bon mix. Heureusement, de plus en plus de femmes montent sur scène. Il paraît que je suis un modèle pour les jeunes filles, c’est un honneur.
Le moment dont tu es la plus fière ?
À la fin de mon workshop de DJing avec Pioneer, j’ai fondu en larmes. Il m’arrive de rester chez moi à me morfondre, en proie au doute, mais cette fois-là je me suis rendu compte que des filles étaient venues d’un peu partout en Belgique pour suivre ce workshop avec moi. Souvent, je suis trop dure avec moi-même et j’oublie tout ce que j’ai accompli. Je pense toujours à ce qui pourrait être amélioré. Mais laisser mon empreinte et transmettre quelque chose, voilà ma plus grande réussite.
Ton rêve ultime ?
Je me vois travailler dans une maison de disques un jour. J’aimerais aussi mixer plus souvent pour des marques, pendant les fashion weeks par exemple. Je rêverais de jouer à Coachella, mais apparemment, c’est moins amusant qu’il n’y paraît (rires). Ce serait mon rêve aussi de mixer à l’afterparty des Grammys.
Le morceau de l’été ?
Ça change tous les quinze jours, mais pour le moment ce serait Jejely de Korede Bello & Mr Eazi.
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