La planète a certes besoin de plus qu’un livre pour équilibrer ses pieds bancals, mais celui-ci ne manque ni de bonnes idées, ni de contributeurs·trices éclairé·e·s. Entourée d’une centaine de scientifiques, activistes et écrivain·e·s dont Naomi Klein, Margaret Atwood, Thomas Piketty et Greta Thunberg signent « Le Grand Livre du Climat ». Une mine d’infos fondées sur la science et le bon sens. Quant à la complaisance, on repassera.
L’état du climat, ce sont des chiffres et des lettres. CO2, par exemple. Ou 1,2 °C (l’augmentation de température depuis l’époque préindustrielle. Ça n’a l’air de rien, mais c’est un très bon sujet de conversation pour briser la glace). Chaque chapitre de cet ouvrage édifiant qui traite notamment de « Notre influence sur l’évolution », de « Civilisation et extinction » et de « Sécheresses et inondations » tout en secouant « La nouvelle idéologie du déni », est traité et étayé par un·e expert·e qui décrypte chaque phénomène du dérèglement climatique sous un angle historique, scientifique et sociologique.
Soyons clairs – plus qu’un matin d’extraction au-dessus d’une mine de minéraux fossiles – tout ceci peut nous attaquer un peu la couche d’ozone d’humeur positive, le pied sur l’accélérateur pour partir méditer en forêt. Pour agir au lieu (avant) de fuir, les auteurs proposent des pistes d’action collectives et individuelles. Reste à choisir notre degré (Celsius) d’engagement.
Êtes-vous prêt·e à vous informer, mais vraiment ?
Le livre nous invite à lancer des groupes d’étude, à partager nos connaissances avec notre entourage, à nous appuyer sur des articles, des documentaires, des films. Les auteurs encouragent à pousser le bouchon jusqu’aux confins du Gulf Stream : « Parlez-en. Tout le temps. Soyez pénible. Soyez dérangeant. Rares sont les sujets associés à la crise du climat et de la durabilité qui sont agréables à évoquer, alors il n’est pas facile de dire les choses gentiment. Mais nous devons toujours essayer. Chercher des terrains d’entente ».
💚Jeter des pavés dans la mare, vous savez faire. Vous vous entrainez depuis l’adolescence, avec une certaine aisance, en particulier au moment des fêtes de famille.
🍀Après, vous êtes moins chaud·e pour éponger les éclaboussures, mais tout s’apprend. Surtout quand ce sont les océans qui menacent de déborder.
🪴 Le souci, c’est qu’engranger des données sur l’urgence climatique, ça vous met le moral à zéro (et pas émission de carbone). Vous procrastinez, en surveillant la météo d’un œil quand même.
Êtes-vous prêt·e à acheter moins, utiliser moins ?
« Nous vivons au-dessus des moyens de notre planète ». Le concept nous est familier, surtout dernièrement, avec l’augmentation de tout. Sans compter nos petites pulsions de consommation anxiolytique. Greta se rend bien compte que « vous et moi pouvons cesser d’acheter de nouveaux objets, nous pouvons utiliser moins de choses, nous pouvons réparer, échanger, emprunter, mais nous devons garder à l’esprit que nous le faisons comme une forme d’activisme, ou de choix moral, ou de manière d’amplifier nos voix ». Je déconsomme, donc je crie.
🪴Est-ce qu’on a le droit de faire une pause de temps à autre ? Pendant les soldes, par exemple ?
🍀Acheter moins, c’est une bonne idée. Ça permet de faire des économies. Mais pour en faire quoi, du coup ? Ça fait beaucoup de dilemmes au bout du ticket de caisse.
💚 Vous cherchiez un moyen de faire du tri, ça tombe bien. Vous allez dégager de la place. Dans vos placards, et dans vos idées.
Êtes-vous prêt·e à miser sur les transports publics ?
La jeune activiste suédoise énonce une vérité organique, mais qui fait un peu grincer le moteur (en particulier quand il pleut) : « la voiture durable n’existe pas. Elle n’existera jamais à moins que nous ne découvrions comment la faire pousser sur un arbre ». Ce qui serait ludique, mais dangereux, surtout au moment de la récolte. « Il y a dans le monde aujourd’hui environ 1,4 milliard de véhicules motorisés. Une étude récente estime que ce chiffre atteindra les 2 milliards d’ici à 2035 ». Les solutions préconisées ? Le covoiturage et la gratuité des transports en commun.
💚 Sur ce coup-là, vous montez à bord sans hésiter : depuis toujours, vous préférez mettre vos sous dans votre dressing que dans votre parking. Et aussi, vous avez raté 7 fois votre permis.
🪴 Qu’on vous installe des écrans individuels pour voir des films comme en avion et des charriots avec café-croissant, vous larguerez votre auto sans un regard. Train, c’est trop bien.
🍀Vous mixez déjà bus et taxis, et en plus ça vous offre toujours de bonnes excuses pour rendre service le moins possible. Pas de déposes de potes à la gare, pas de samedi matin chez Ikea. Et en plus, avec l’écologie en banderole, vous avez le beau rôle.
Êtes-vous prêt·e à virer végé ?
« Passer à un régime d’origine végétale nous permettrait d’économiser jusqu’à 8 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Les besoins en terres pour la production de lait et de viande équivalent à une zone de la taille de l’Amérique du Nord et du Sud combinés ». Ici, Greta milite pour le véganisme, mais souligne quand même que « de nombreuses régions du monde maintiennent une production alimentaire de petite échelle, durable, qui inclut du poisson, de la viande et des laitages. » C’est une question de mesure, mais toujours sans les coudes sur la table, sinon on vous ressert du chou kale.
🍀Les fruits et légumes vous voulez bien les porter transformés en textiles innovants**, mais pas les substituer systématiquement à un bon steak. Le flexitarisme flegmatique vous convient bien.
🪴Vous préférez vous lécher les doigts aujourd’hui quitte à vous les mordre demain : qu’on vous rapporte un plat de 20 croquettes de crevettes. Avec du persil, pour compenser.
💚 Vous avez déjà presque supprimé les protéines animales de votre alimentation. Mais occasionnellement, vous craquez pour une brioche : du beurre, des œufs, un tout petit compromis, mais quand même pas mal de philosophie.
Êtes-vous prêt·e à renoncer à vous envoyer en l’air (au premier degré) ?
Voici le paragraphe qu’on redoute, à un jet de tong des congés d’été. Greta nous claque un peu le tarmac : « une étude récente a montré que les émissions liées à la totalité de l’industrie touristique composent environ 8 % de nos émissions globales. Plus de 80 % de la population mondiale n’a jamais mis les pieds dans un avion, alors que le 1 % le plus riche est responsable de 50 % des émissions liées au transport aérien ». Là encore, chacun·e pose ses choix, en vacances et en conscience.
💚 Vous campez sur vos bonnes résolutions. Et avec votre tente en polyester recyclé, dans les dunes des Flots Bleus.
🍀Pour les voyages en Europe, pour redécouvrez le romantisme du train, les levers de soleil sur la Camargue, les arrivées festives au petit matin à Berlin.
🪴Pour sauver le monde, il faut le connaître. Vous voulez bien faire des efforts, mais de temps à autre, ça s’arrête à la porte de l’aéroport. Plein·e de bonne volonté, mais les pieds sur Terre (façon de parler).
Vos résultats
Un maximum de 💚 : Vous vous activez pour la planète, en vert et contre tous. Reste à récolter le fruit de vos initiatives. Mais ça, ce sera pour vos petits-enfants.
Un maximum de 🍀: Doucement mais sûrement, vous apportez votre goutte d’eau, mais en faisant bien attention de ne pas faire déborder, au sens littéral, le littoral.
Un maximum de 🪴 : Comme le dit Greta Thunberg dans Le Grand Livre du Climat : « les conclusions les plus importantes n’ont pas encore été tirées – avec un peu de chance, elles viendront de vous ».
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