Rentrée : comment faire le deuil des vacances ?

Mis à jour le 1 août 2024 par Camille Vernin
Rentrée : comment faire le deuil des vacances ? ©Pexels

Vous la sentez, cette petite morosité teintée d'une saine nostalgie qui vous guette à la fin de l'été ? Elle se répète chaque année inlassablement. Pourtant, c'est à chaque fois comme si elle nous tombait dessus sans prévenir. Comment enfin passer le cap de la rentrée sans se sentir accablé.e ? On a chiné les bons conseils auprès d'une médecin psychothérapeute.

La rentrée, chouette...

"Partir, c'est bien. Mais revenir... la belle affaire !", convient Anne-Françoise Meulemans, médecin psychothérapeute et créatrice du CentrEmergences. Le bonheur que l'on ressent à l'idée de lâcher prise n'est-il pas inversement proportionnel au stress provoqué par l'idée de retrouver tous nos boulets du quotidien. Une routine faite de lessives, de boulot, de toutes ces petites choses que l'on n'avait pas choisies au départ mais qui sont devenues nos devoirs au fil du temps. "On accumule, on accumule, au point d'avoir la tête dans le guidon et de se rendre compte, une fois en vacances, à quel point le travail quotidien est devenu aliénant. Pensée que l'on oublie aussitôt après quelques jours de reprise. L'aliénation a repris le dessus".

Du bon dans la rentrée

Inutile de voir uniquement le verre à moitié vide cependant. Cette routine, cette prévisibilité, ont aussi leur charme. Riches de leurs petits bonheurs simples, elles structurent notre quotidien, nous rassurent, nous ancrent. Rappelons que certaines personnes détestent d'ailleurs les vacances (oui, on vous jure). En cause ? La perte de cette sécurisante répétition, mais aussi l'éloignement avec les proches et moins proches, qui peuvent renvoyer à une douloureuse solitude.

Il y a aussi les parents épuisés par les vacances avec les enfants, qui semblent envahir tout l'espace jusque dans les moindres recoins. "L'intimité conjugale est parfois un combat du quotidien durant cette période du" tout aux enfants"", témoigne Anne-Françoise. "On feint ensuite une larme lorsqu'on les conduit à l'école, mais on n'en pense pas moins". La rentrée peut donc constituer une vraie petite madeleine de Proust pour d'autres.

Planifier la fin de l’été

Mais pour celles et ceux pour qui la fin des vacances est un moment compliqué à vivre. La médecin psychothérapeute donne un conseil très simple : anticiper cette rentrée et cette fin d'été. Avant qu'elle ne nous tombe dessus sans prévenir, on planifie sa rentrée comme on planifierait ses vacances. "Penser à la rentrée en début de vacances partait anachronique, mais si on réussit cette tâche, on en récolte les fruits en fin de vacances".

On se planifie donc plusieurs chouettes moments que l'on aura plaisir à anticiper. Il peut s'agir d'un bref city-trip, une journée au spa, une grande fête entre amis, un jour de congé à faire uniquement ce qu'on aime, une journée shopping ou culturelle en dehors de Bruxelles, redécorer complètement son chez-soi. Bref, avoir un projet qui illumine le retour. "On préserve aussi ses retours, en gardant un ou deux jours entre le retour de voyage et la reprise du travail, histoire de s'adapter au changement de rythme en douceur."

"Vacancier" le quotidien

Sous quel prétexte nos vacances seraient tributaires du rythme qu'on nous impose ? Pour éviter le coup de blues de la rentrée, faisons entrer les vacances dans notre quotidien. Plus facile à dire qu'à faire bien sûr, car le naturel des fausses priorités revient vite au galop. "Notre société nous gave de conseils bien-être clé-sur-porte, d'injonctions à suivre et d'habitudes précises de consommation. Pas facile de se débarrasser de ce bruit de fond, qui vient parasiter toute tentative de prise de conscience et de prise d'acte dans sa vie", explique la spécialiste. C'est ainsi que les vacances sont indispensables.

Elles ne doivent plus agir comme un clivage brutal séparant travail et loisirs. Changeons de paradigme. Imaginons une répartition du travail beaucoup plus créative, sortons des carcans, explorons d'autres voies. Cela ne signifie pas qu'il faille tout bouleverser dans sa vie, simplement repenser un peu notre quotidien, ou le "vacancier", comme dirait Anne-Françoise. "Les vacances ne deviennent plus une pause bien méritée au sein d'un quotidien dont on se plaint, mais plutôt des petites parenthèses qu'on n'ouvre et qu'on ne ferme jamais tout à fait. C'est se donner rendez-vous avec soi-même, avec son ou sa conjoint.e, avec ses enfants. Bref, de se tailler un quotidien sur-mesure.

Comment accepter que l’été se termine ?

Vacances riment aussi souvent avec grand soleil et températures estivales. Comment faire le deuil de cette précieuse météo. "Il faut décrocher des images de liberté associées au soleil, que nous vendent les agences de voyage". À la place, "on redécouvre le charme de chaque saison, en se rappelant qu'il n'y aurait pas de printemps sans hiver". C'est reconnaître dans le cycle des saisons, nos propres cycles de vie qui s'accordent à notre rythme, à notre atmosphère interne. C'est ainsi reconnaître l'importance et la valeur de chaque état, sans en avoir peur.

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