- Cynthia Legrand, 43 ans, consultante en création d’hôtels
« J’ai étudié les arts plastiques en secondaires. Je rêvais de La Cambre mais le mari de ma prof d’art, Jean-Christophe Geluck, “frère de”, avait repéré mes travaux. Il m’a proposé un job de graphiste dès la sortie de l’école. À 18 ans à peine, je prenais un statut d’indépendante, un numéro de TVA et un appart’. Je suis restée quatorze ans. Jusqu’à ce que le web change complètement la manière de travailler des gens du secteur. Les “petits jeunes”, nés avec un clavier entre les mains, débarquaient. Je sentais que j’avais fait le tour.
En parallèle de mon job, je me suis lancée dans plusieurs activités autour de l’événementiel. J’ai adapté à ma sauce le concept des ‘‘progressive dinners’’ américains. Il s’agissait de réunir des gens autour d’un repas en quatre services. On prenait l’apéritif à un endroit, l’entrée à un autre, etc. Le but : faire se rencontrer des personnes très différentes autour du prétexte de la nourriture. Le succès était bluffant, mais j’étais lasse.
Alors, en 2007, j’ai décidé de partir à Los Angeles. Sans mari ni enfant, j’étais libre de bouger. J’ai tout vendu et je suis partie avec une valise de vêtements et une seconde remplie de livres de cuisine et de CD. Je suis devenue professeur de cuisine dans un magasin dédié à la pratique. Puis je me suis occupée du département catering de l’une des plus grosses boîtes de L.A., dont les clients sont, pour la plupart, des stars. Repas d’affaire, tournages de films, mariages, je gérais tout, du contact avec les clients aux commandes, alors que je n’avais jamais suivi le moindre cours. Mais Bruxelles me manquait et j’y suis revenue au bout d’un an. J’ai accumulé les expériences dans des restaurants et des hôtels. Jusqu’à ce qu’un ami me dise que deux investisseurs avaient le projet de créer l’hôtel Pantone, à Bruxelles. Ils cherchaient un manager. Je les ai rencontrés, j’ai posé des questions, proposé plein d’idées, et ils se sont rendu compte qu’ouvrir un hôtel, c’est un boulot de fou. Il faut penser à tout, de l’ambiance sonore aux fournisseurs en passant par les autorisations administratives et le choix de la marque de papier toilette. Je suis devenue leur consultante pour le lancement. Puis, naturellement, manager. J’assurais aussi la consultance en design, graphisme, marketing et communication pour plusieurs hôtels de Bruxelles et de Londres.
C’est comme ça que mon métier est né. Sur le tas. Un ami m’a ensuite présenté une dame qui venait d’investir dans un projet hôtelier à Miami. Elle se posait des questions très pratiques et ne savait pas vraiment à qui s’adresser. Elle m’a confié les commandes. En juin de l’année dernière, j’ai donc à nouveau tout laissé ici pour m’installer aux états-Unis. Je devais rester deux mois, je crois que finalement je vais y passer un bon moment. Je connais mes limites, ça me permet de ne pas commettre d’erreurs. Je reçois des propositions, et si je le sens, je suis. »