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  • Anne-Sophie Prevot, 41 ans, productrice de défilés aux fashion weeks

« J’ai toujours été débrouillarde. Si je n’étais pas bonne à l’école, c’est parce que je n’entrais pas dans le cadre. J’étais insolente et ce qu’on m’enseignait ne m’intéressait pas du tout. Sauf l’anglais. Je n’ai donc pas obtenu de diplômes. Ma mère ne savait plus quoi faire. À l’âge de 16 ans, j’ai pris mon baluchon et je me suis installée à Paris, toute seule, pour suivre des cours dans une école de photo. On m’avait bien répété que ça pouvait être un hobby, pas un métier, que j’allais plutôt devenir secrétaire ou coiffeuse, mais je n’ai pas voulu écouter. J’ai bien fait. Comme je n’avais aucun diplôme, ni l’âge requis, je ne pouvais a priori pas suivre cet enseignement. Mais ils ont vu mes photos et fait une exception.

Plus tard, j’ai été engagée comme iconographe dans un journal médical. C’est au même moment que j’ai croisé la route d’un groupe de rock dont les membres se sont pris d’affection pour moi. Je leur ai montré mon travail et ils m’ont proposé de faire les photos de leur tournée. Ça m’a beaucoup aidée, ça m’a donné l’opportunité de nouer de beaux contacts. J’ai ensuite démarché des magazines et je suis devenue photographe de concert pour Rock Sound (une publication musicale pointue, NDLR). À 17 ans, je suis donc partie m’installer à Londres. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de 24 ans. Quand je m’ennuyais ou quand je ne pouvais pas prendre de photos, je donnais un coup de main aux tour managers. C’est comme ça que j’ai appris le travail de production.

Quand je suis revenue en France, j’ai été engagée par TF1 en tant qu’assistante de l’assistante de l’assistante. J’ai fait mes preuves et gravi les échelons pour passer d’assistante de production à régisseuse générale puis directrice de production. Après un an et demi, mon salaire était multiplié par quatre et je gérais les grands directs de la chaîne. J’aimais voyager, alors j’ai commencé à travailler sur des productions de télé-réalité. J’ai dit ‘‘stop’’ lorsque je suis tombée enceinte. Je n’avais plus envie de la France. Alors je suis venue m’installer à Bruxelles, il y a sept ans, un peu par hasard. J’ai trouvé du boulot le lendemain de mon arrivée.

Un heureux concours de circonstances a fait que le producteur à qui j’avais envoyé mon CV était né la même date que moi. Il n’avait pas de poste à me proposer mais il était curieux de me rencontrer. Il a tout de même fini par m’embaucher mais sans vraie mission à me confier. Un jour, alors que je m’ennuyais un peu, j’ai envoyé un CV chez Manpower. Une heure plus tard, j’obtenais un rendez-vous avec Étienne Russo (self made man belge, organisateur des plus grands événements luxe et mode à travers le monde, NDLR). Ça a tout de suite collé entre nous.

Depuis plus de cinq ans, je suis chef de projet pour la production de shows pendant les fashion weeks de Paris, Milan, New York et Miami. En parallèle, j’ai créé BOTH, ma propre boîte à deux facettes : d’un côté la production d’événements, de l’autre la recherche d’appartements ou de maisons personnalisées pour particulier.

C’est tout mon parcours qui m’a menée jusqu’ici. Le plus drôle, c’est que ma prof de maths me répétait que je ne saurais jamais calculer, alors qu’aujourd’hui, je gère des budgets de plusieurs centaines de milliers d’euros. »

www.backofthehouse.be