Depuis toujours, Chanel met un point d’honneur à collaborer avec de jeunes talents affirmant leur singularité. Et désormais, « notre » Emma Bale peut se vanter de faire partie des ami·e·s de la maison. Pour célébrer la sortie de son nouveau single « kompas », nous l’avons suivie dans le Sud, jusqu’aux champs de Chanel à Grasse. Au programme : cueillette de jasmin et discussion sur son amour de la musique.
"Bonjour tout le monde, mon nouveau single sort ce vendredi et représente beaucoup pour moi. C’est la première fois que je chante et que j’écris en néerlandais, ma langue maternelle, ce qui me rend un peu anxieuse, car cela donne davantage de poids aux paroles de mes chansons. Ce titre aborde la sensation de perdition dans un monde où les opinions fusent de toutes parts, et cet excès de crédit que l’on accorde aux opinions des autres au détriment des siennes ; sans doute par manque d’assurance, en ce qui me concerne. J’avais en effet plutôt tendance à me comporter, à poser des actes ou à agir comme on me le disait parce que je n’accordais pas assez de valeur ou de confiance à ma propre opinion/intuition. Mais les choses ont changé. Et je suis ravie de partager avec vous la première étape de ce changement."
Je vous aime, Emma.
20 septembre 2023. Deux jours avant la sortie de son nouveau single, la jeune chanteuse a publié sur Instagram cette courte lettre rédigée en anglais, à la main.
Les mots sont simples et sans artifice, avec ici et là, quelques ratures et le dessin d’une petite étoile tout en bas. Emma Bale sait désormais exactement qui elle est et ce qu’elle veut. À 24 ans à peine, la chanteuse belge a déjà une belle carrière musicale derrière elle. En effet, ces dix dernières années, elle a participé à l’émission « The Voice Kids », a connu plusieurs succès, notamment avec les titres « All I Want », « Run », « Fortune Cookie » et « Cut Loose », a surpris les téléspectateurs et téléspectatrices flamand·e·s lors du programme « Liefde voor muziek » (L’amour de la musique, NDLR) et a sorti « Retrospect », son premier album très attendu. Puis après… le silence. Non pas parce qu’Emma ne voulait plus faire de musique ou n’était plus attirée par la scène. Mais bien parce qu’elle souhaitait raconter quelque chose de différent. SON histoire. « C’est ce que je tentais de faire depuis longtemps », confie-t-elle. « Mais je souffrais surtout d’un manque d’assurance. Il m’était impossible de faire confiance à ma propre intuition, ou du moins c’est ce que je pensais. Je ne savais même pas ce que je ressentais vis-à-vis de mes propres chansons. Quand ça plaisait à mon entourage, ça me plaisait aussi. Quand ils n’aimaient pas, je leur donnais raison. “kompas” aborde ma volonté d’indépendance et, en même temps, la peur de devoir faire cavalier seul, sans personne pour me tenir la main. »
Le passé apporte de la couleur au regard et à la voix d’Emma Bale. Elle ne se voit désormais plus comme cette adolescente fragile avec sa guitare acoustique. Ni même comme la princesse de la pop qu’elle a incarnée à plusieurs reprises par la suite. Emma est juste Emma. Une fille comme les autres, mais habillée en Chanel. Aujourd’hui, son jean délavé, elle aime tantôt le porter avec un gilet rose tendre, tantôt avec un crop top gris et son cardigan assorti, le tout rehaussé d’un ras-de-cou en perles. « Je suis très attachée au style de la maison. Cette innocence de jeune fille associée à des touches rock cool correspond vraiment bien à ma personnalité. J’aime porter l’une ou l’autre pièce Chanel, surtout quand je suis sur scène. Il m’arrive de manquer de confiance en moi et de me prendre la tête, mais quand je mets une tenue comme celle-ci et que je me regarde dans le miroir, je me dis : “Je chante habillée en Chanel, c’est fou !” C’est comme si j’incarnais un personnage : voici Emma Bale, voici Emma Bale telle qu’elle devrait être. Et cela m’aide à m’abandonner totalement une fois sur scène. »
L’odeur réconfortante de « mimi »
Le magnétisme d’Emma Balemans – de son vrai nom – est indéniable. Ce n’est d’ailleurs pas l’hôtesse de l’air sur le vol pour Nice qui dira le contraire, ni même cette cueilleuse dont le panier a accueilli les fleurs de jasmin prélevées spontanément par Emma dans les champs de Grasse. Il s’agit de la première visite d’Emma dans la capitale française du parfum, où la famille Mul cultive la rose de mai et le jasmin grandiflorum exclusivement pour le parfum Chanel N°5 depuis 1987. Et cela n’aurait pas pu mieux tomber, car c’est en effet entre la fin du mois d’août et la fin du mois d’octobre que la récolte du jasmin bat son plein. Les premier·e·s cueilleurs et cueilleuses arrivent dès l’aube et nous voilà prêt·e·s, nous aussi, à nous salir les mains – nos pieds sont quant à eux bien protégés dans des bottes Chanel personnalisées. La grand-mère d’Emma, qu’elle surnomme affectueusement « mimi », aurait certainement aimé voir sa petite-fille à l’œuvre. « Elle serait hyper jalouse », confie Emma en riant. « De mon souvenir, elle a toujours porté du Chanel N°5. C’est l’odeur qui la représente le mieux et qui m’est familière depuis que je suis toute petite. »
Lors de la pause déjeuner, Emma prend place à côté d’Olivier Polge, parfumeur attitré de Chanel depuis une décennie déjà. Le courant passe instantanément, car outre une passion commune pour la musique – Olivier a joué du piano et étudié l’art avant de suivre les traces de son père Jacques –, ils affectionnent particulièrement le même parfum Chanel : le N°19, une senteur florale, avec des notes de galbanum et d’iris pallida. « Je trouve qu’il est important que mon parfum corresponde à ce que je ressens ou à ce que je vis au moment où je le porte », explique Emma. « Certain·e·s pourraient y voir une forme de caprice d’enfant, mais je déteste que quelqu’un de mon entourage porte la même fragrance que moi. Non pas que je veuille me l’approprier, mais selon moi, un parfum est quelque chose de très personnel. C’est comme une partie de votre identité. »
Une histoire de tresses et d’amitié
Il y a un an et demi, alors qu’elle se cherchait en tant qu’artiste, Emma a croisé le chemin de Willem Ardui, membre du duo Blackwave. Ensemble, ils ont coécrit son nouvel EP, qui sortira sous la forme d’un triptyque et sur lequel Emma chantera pour la première fois quelques titres dans sa langue maternelle. « Je me sens encore un peu mal à l’aise, mais je veux juste qu’on me perçoive telle que je suis et montrer ma vulnérabilité. En utilisant mes propres mots, je reste fidèle à moi-même. » C’est aussi la raison pour laquelle elle préfère actuellement s’entourer d’un cercle assez intime. Elle collabore ainsi principalement avec des amis talentueux, avec lesquels elle se sent parfaitement à l’aise, comme la photographe Oriane Verstraeten, d’ailleurs également derrière l’objectif ici à Grasse. « Oriane a énormément de talent. Et elle est même capable de me supporter quand je suis “sur son dos” et que je tente une énième fois de faire passer mon point de vue (rires). Pour les visuels de l’album, elle a pris quelques clichés de moi avec une longue tresse. J’aime la symbolique de ces photos. Les tresses dégagent quelque chose de naïf, un peu comme si vous vous retrouviez de nouveau chez les scouts avec vos copines. Mais elles incarnent aussi une certaine lourdeur, comme si elles étaient complètement enchevêtrées ou emmêlées. Au fil de mes titres, vous remarquerez que je finis par atteindre un stade de démêlement. »
Emma Bale travaille à petite échelle, mais lui arrive-t-il encore de rêver grand ? « Oui, bien entendu. Je rêve de participer à un maximum de festivals et de voir mon nom partout sur des affiches. Mais plus je gagne en maturité, plus j’apprécie les choses simples. Comme passer du temps à la maison, avec mon chien et Jolan (De Bouw, NDLR). Et je rêve tout autant qu’on achète un jour un appartement ensemble… »
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