Karine Lambert, romancière et photographe belge dont les livres sont publiés en treize langues dans plus de vingt-cinq pays, s’est attelée, cette fois-ci, à un roman on-ne-peut-plus personnel : Dernier bateau pour l’Amérique.
Après avoir appris le décès de sa mère, une femme qu’elle n’avait pas revue depuis deux décennies, Karine Lambert est submergée par un sentiment de perte et d’incompréhension. Malgré une relation marquée par l’absence d’affection et de proximité, l’annonce de cette disparition réveille en elle un profond désir de connexion avec ses origines. Poussée par le besoin de combler ce vide, Karine se lance dans une quête personnelle pour dévoiler les mystères que sa mère, une figure énigmatique et peu communicative, a toujours choisi de garder secrets.
Ce voyage de découverte conduit Karine à travers des villes et des continents, d’Odessa, perle de la mer Noire, à Anvers, ville portuaire belge riche d’histoire. Elle poursuit son enquête à Marseille, porte d’entrée vers le nouveau monde pour de nombreux émigrants, avant de traverser l’océan jusqu’à Ellis Island, symbole de l’espoir et des rêves de millions d’âmes. De New York, cette métropole bouillonnante de vie et d’opportunités, à Bruxelles, capitale européenne aux charmes multiples, Karine fouille archives, rencontre des témoins du passé et retrace les pas de sa mère dans l’espoir de comprendre la femme qu’elle était.
Cependant, malgré son acharnement et la richesse des cultures qu’elle embrasse dans son périple, Karine se heurte à un mur d’ombres et de silences. Les indices qu’elle compile, les histoires partielles qu’elle recueille ne mènent à rien de tangible. Il n’y a pas de révélation, pas d’épisode caché de la vie de sa mère qui puisse éclairer les raisons de son détachement, ni apporter une réponse aux nombreuses questions de Karine.
Face à cette impasse, Karine Lambert est confrontée à un choix décisif. Plutôt que de laisser cette absence de réponses définir sa quête, elle décide d’emprunter un chemin de création et d’imagination. Elle choisit de tisser la vie que sa mère ne lui a jamais racontée, une vie pleine de passions, de déchirures, d’aventures et de secrets. Dans ce récit inventé, Karine ne cherche pas à remplacer la vérité par des fictions, mais plutôt à rendre hommage à la complexité des relations humaines et à la capacité de l’esprit à trouver la paix et la beauté dans l’inconnu.
On a bien failli le rater, ce bateau de la dernière chance. On nous a prévenues à 6 heures du matin que le Serpa Pinto avait enfin accosté au vieux port. Nous avons rassemblé nos affaires à la hâte et nous sommes parties avec les valises et les paquets à travers les rues sinueuses de Marseille, soufflant, trébuchant, courant comme des poules sans tête. Les passants nous regardaient ébahis. Moi je craignais qu’on se trompe de direction. J’ai découvert le navire en deux temps. D’abord l’odeur de la fumée. Puis en arrivant sur le quai, l’immense coque noire et les trois cheminées rouges alignées. Il était sur le point de larguer les amarres. Valia a crié : « Attendez-nous ! ».
Dernier bateau pour l’Amérique est un roman qui emprunte le décor d’Anvers dans les années 40. Il retrace le parcours de Germaine Schamisso, pianiste prodige d’une famille d’émigrés juifs russes, qui fuit avec les siens au moment où les Allemands décide d’envahir la Belgique lorsqu’elle s’apprêtait justement à fêter ses dix ans.
Un récit poignant et palpitant.
À LIRE AUSSI