Polène Paris, c’est la maison française de maroquinerie qui allie minimalisme et exploration créative. Antoine Mothay, fondateur de la Maison, se confie au ELLE pour une interview exclusive.
Dans l’univers de la maroquinerie de luxe, Polène Paris se distingue. Leurs créations aux formes singulières sont la signature d’un savoir-faire artisanal d’excellence. Antoine Mothay, fondateur de cette maison emblématique, nous ouvre les portes de son univers créatif et nous dévoile les secrets de son succès.
Comment Polène est né ?
AM : J’ai fondé Polène en 2016 avec mon frère et ma sœur. Nous nous sommes engagés à créer une collection combinant des designs forts et iconiques utilisant des matériaux de la plus haute qualité et un savoir- faire d’excellence que nous mettons au service de la créativité.
Notre objectif a donc été à la fois de développer un langage esthétique singulier qui démarque nos modèles des tendances ou des classiques, tout en travaillant un sourcing de matières premières extrêmement rigoureux. En termes de confection, nous avons passé plus d’un an en Espagne à la recherche d’ateliers qui comprennent nos exigences et avec qui créer un partenariat sur le long terme. C’est à Ubrique, ville réputée pour son artisanat maroquinier que la production de Polène est implantée depuis sa création.
Comment décririez-vous le style Polène ?
L’identité créative de Polène assume une part de féminité en travaillant des lignes fluides et des volumes pour créer des pièces sculpturales. Nous créons toujours des pièces uniques à la marque, des signatures que vous verrez et reconnaîtrez immédiatement comme faisant partie de l’univers Polène. Nous croyons fermement en nos produits, en leur design, en leur qualité et en leur désirabilité. Notre muse est la citadine moderne dont on essaye de souligner l’attitude par son sac. Nous sommes très fiers d’être une marque non segmentante, avec un design pointu non exclusif en termes de style.
En ce qui concerne l’esthétique de notre marque, nous voulons évoquer une certaine poésie. Les courbes de nos modèles, très organiques, sont directement inspirées de la nature qui nous entoure. Nous aimons les contrastes : véhiculer une certaine image de simplicité, de souplesse et de légèreté dans l’esthétique de nos créations tout en construisant des structures ambitieuses et des techniques travaillées dans sa fabrication. Les campagnes Polène sont réalisées dans des lieux de nature vierge dont on profite de l’immensité de l’endroit ainsi que de sa beauté naturelle.
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Quel est le modèle phare de la marque ?
Notre toute première création, le sac « Numéro Un » connaît un énorme succès depuis sa sortie en 2016. Il reste notre design le plus populaire, à tel point que nous en avons décliné des versions mini, nano et micro. Les courbes et les plis du design sont devenus des détails signature de la marque et se retrouvent dans toutes nos collections.
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D’autres pièces de notre collection deviennent de plus en plus populaires, comme en témoigne notre sac « Numéro Dix ». Ce modèle en forme de demi-lune et inspiré du vestiaire équestre est fréquemment en rupture de stock en raison de la demande générale. Nous sommes également fiers de compter le cabas “Cyme” ou encore le très sculptural “Numéro Neuf” parmi nos collections les plus populaires.
Quels sont les engagements de Polène envers la durabilité et l’environnement, notamment concernant la sélection des matériaux utilisés dans la fabrication de ses produits ?
En tant que Maison de mode, il est difficile de se considérer comme une marque écologique mais nous faisons le plus d’efforts possibles pour limiter notre impact. Nos engagements les plus forts sont d’avoir toute la confection dans la même ville à Ubrique (Espagne), et nos ateliers partenaires à moins d’un kilomètre de notre siège local. La quasi-totalité des composants de nos sacs est sourcée en Europe afin de limiter l’impact du transport dans notre confection. C’est un choix qui a un coût, mais que nous soutenons pleinement.
Par ailleurs, nous cherchons à démultiplier le réemploi de nos chutes de cuir issues de la découpe de nos sacs à travers des petites maroquineries, charms, vitrines de magasin et au travers du projet « Les Mains ». Ce dernier invite des artisans à s’approprier les chutes, à les faire dialoguer avec leurs matières et savoir-faire pour créer des objets d’artisanat en édition limitée. La première collection était avec Mobje, une maison japonaise qui a intégré le cuir à la fibre de papier pour créer des vases en reprenant des techniques issues de l’artisanat chapelier.
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Il y a quelques semaines, nous dévoilions le second chapitre de ce projet en collaboration avec la designer française Wendy Andreu qui, grâce à sa technique unique et artisanale, crée un miroir mêlant coton et chutes de cuir. Nous prévoyons de nombreux projets en 2024 dont des modèles utilisant des matières innovantes à base de cuir recyclé.
Quel équilibre la marque trouve-t-elle entre les tendances actuelles, la préservation de son identité distinctive et l’intemporalité ?
Polène développe une esthétique minimaliste et intemporelle, l’usage de nos modèles n’est pas soumis au côté éphémère des tendances. Cette inscription dans la durée se retrouve dans la forme de nos pièces et dans l’utilisation de cuirs haut de gamme qui tiennent l’épreuve du temps.
Pouvez-vous nous parler du processus de création d’un nouveau modèle chez Polène, de l’inspiration initiale à sa commercialisation ?
Notre studio de création est basé à Paris et regroupe notre équipe créative de designers ainsi que notre atelier de prototypage. Concernant le processus de création, nous avons à cœur de souligner que notre équipe de design est interne et pour la plupart, présents avec nous depuis le début de la marque. Nos designers sont ainsi très impliqués et comprennent parfaitement l’identité créative que nous souhaitons.
Contrairement à d’autres marques qui commencent le processus de conception avec des croquis, notre conception commence directement avec la microfibre, qui est un produit similaire au cuir et est facilement manipulable pour prendre la forme du cuir. C’est un processus expérimental mais pratique qui nous permet de visualiser beaucoup plus facilement nos courbes ou nos plis caractéristiques.
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Quant aux modélistes, nous avons une équipe à Paris et une équipe en Espagne qui travaillent main dans la main au quotidien pour rendre les idées de nos designers possibles. L’attention portée aux détails fait partie intégrante de notre processus de conception et de création et je pense que cela se traduit dans le produit final.
Par la suite, l’ensemble de nos créations de maroquinerie est produite dans nos ateliers à Ubrique. Comme pour le processus de création, nous avons fait le choix d’internaliser certaines étapes de la confection comme la découpe du cuir pour en assurer l’excellence. Tout ce processus de design (patronage, prototypage, mise en confection et production) nécessite généralement entre 16 et 20 mois. C’est un délai extrêmement long comparé aux autres maisons mais qui nous assure l’unicité de nos designs et une qualité irréprochable. Enfin, nos collections sont commercialisées dans nos 3 boutiques à Paris, New-York et Tokyo ainsi que sur notre e-shop, disponible en sept langues et accessible dans le monde entier.
Quelles sont les stratégies mises en place par Polène pour se démarquer dans le marché de la maroquinerie de luxe très concurrentiel ?
Nous essayons de ne pas réfléchir par rapport à la concurrence. Nous nous évertuons dans tous nos choix au quotidien, et avec beaucoup d’exigence, à faire des modèles ayant une valeur perçue extrêmement haute par leur design et leur savoir-faire.
Pour le moment, Polène rencontre un certain succès sur les réseaux sociaux et commercialise ses créations à l’international. Comment expliquez-vous ce succès ? Attendiez-vous cet engouement ou était-ce une surprise ?
Polène est une marque qui a tout misé sur son produit. C’est le cœur de notre stratégie et c’est ce qui crée un engouement organique autour de la marque. Nous sommes fiers d’avoir des ambassadeurs de marque qui apprécient naturellement et d’eux-mêmes nos produits et qui en font l’écho sur les réseaux sociaux. C’est quelque chose d’extrêmement naturel et viral par lui-même.
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Quelles sont les perspectives d’avenir de Polène ? Dans 10 ans, où en serez-vous ?
Dans la lignée de nos sept premières années, nous avons pour ambition de poursuivre notre développement et notamment à l’international. Nous souhaitons être une marque globale avec une approche et une sensibilité locale. Cela se traduit notamment par l’inauguration en 2024 de nouvelles boutiques à Séoul et Londres ainsi que sur les Champs-Elysées à Paris, afin de proposer une expérience d’achat physique à notre clientèle internationale. L’idée n’est pas de démultiplier les points de vente mais que chacun d’entre eux soit unique et apporte une expérience de vente complémentaire au digital en renforçant la compréhension de notre Maison.
D’un point de vue plus général, nous souhaitons continuer à surprendre notre clientèle par notre créativité accessible et être toujours plus irréprochables sur la qualité de nos matières et de nos produits. Nous avons de nombreux projets pour renforcer notre expertise de maroquinier dans les années à venir en intégrant de plus en plus les différentes étapes de la production comme peuvent le faire les plus belles maisons.
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De la genèse de la marque à ses engagements envers la durabilité, en passant par ses stratégies pour se démarquer sur un marché concurrentiel, chaque réponse révèle la passion et l’engagement sincère de Polène envers l’excellence et l’innovation.
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