C’est dans un hôtel d’Amsterdam que nous rencontrons Carolina Adriana Herrera. Elle partage non seulement un nom, mais aussi une passion pour la mode et les parfums avec sa célèbre mère, qu’elle appelle affectueusement “mother Carolina” au cours de notre conversation. Depuis le lancement du premier Good Girl en 2016, aujourd’hui deuxième parfum le plus vendu au monde, Carolina Adriana a joué un rôle crucial dans son succès foudroyant. Avec le tout nouveau Good Girl Blush Elixir, elle prouve que la formule est loin d’être épuisée.
Au cours de notre conversation, il apparaît clairement que Carolina Adriana Herrera incarne la polyvalence qui se cache derrière ses créations. La Creative Director of Beauty a aussi une expérience dans le cinéma, la conception de bijoux et éprouve une véritable passion pour l’art. “Les femmes peuvent être tout ce qu’elles veulent être. Nous devons chercher la force et la dualité en nous et les embrasser”, explique-t-elle avec assurance. Des mots qui reflètent parfaitement son dernier parfum, une ode au mystère et à l’espièglerie de toutes les “good girls”.
Vous avez lancé de nombreux parfums Good Girl. Comment le nouveau Good Girl Blush Elixir s’intègre-t-il dans la collection ?
“L’Elixir est floral, boisé et sensuel. Nous, les femmes, avons de multiples facettes, nous sommes une combinaison d’un tas d’oppositions. Nous pouvons être en colère et paisibles, méchantes et gentilles. C’est ce qu’évoque ce parfum. Le jasmin et la fève tonka symbolisent la différence entre la lumière et l’obscurité. Ce parfum est toujours féminin, comme Good Girl Blush, mais plus puissant. C’est un véritable jeu de contrastes ».
Les flacons Good Girl sont aussi emblématiques que les parfums. Comment cette idée est née ?
“Le flacon était quelque chose de nouveau sur le marché, un objet de désir. Il a fallu trois ans pour réaliser Good Girl, car il était très difficile de trouver une chaussure élégante comme flacon. Comme si cela ne suffisait pas, notre prototype a été volé lors d’un premier spectacle…. Il s’agissait d’une prouesse technique qui a pris beaucoup de temps avant d’être parfaitement au point. Le parfum a également été un processus, car nous recherchions ce contraste entre lumière et obscurité.”
La ligne Good Girl véhicule un message de force et de dualité. Comment trouvez-vous cela en vous-même, chez votre mère et auprès des femmes qui vous entourent ?
“Cette dualité est en chacune de nous et nous devons l’embrasser. Si vous ne la voyez pas, cherchez-la. C’est une chose dont nous devrions être fières. Nous, les femmes, sommes à la fois puissantes et vulnérables, nous pouvons être tout à la fois. Nous pouvons avoir des enfants, travailler, voyager. Nous pouvons être des mères, des amantes et des partenaires. Pourquoi nous limiter ? Je pense que c’est la raison pour laquelle nos parfums rencontrent un tel succès ».
La femme Good Girl est contemporaine et mystérieuse, tout comme ma mère
Quelle est votre source d’inspiration ?
“Avant l’inspiration, il y a la curiosité. Si vous aimez l’art, le cinéma et la littérature, vous pouvez puiser dedans et les intégrer à votre subconscient. Il serait très contraignant de procéder de façon inverse, en recherchant activement l’inspiration. Il suffit de s’intéresser à tout et d’être curieux, et l’inspiration surgit alors au bon moment.”
Comment êtes-vous entrée dans le métier ? Avez-vous toujours eu l’intention de travailler dans l’entreprise de votre mère ?
« Ma carrière a commencé avec le deuxième parfum Carolina Herrera en 1997. Ce n’était pas prévu, mais j’ai commencé parce que je me trouvais au bon endroit au bon moment. Ma mère m’a demandé de l’aider à créer un parfum, car bien que nous portions le même nom, nous sommes très différentes elle et moi. Elle voulait un parfum qui réunisse les différentes générations et les différents points de vue de New York. C’était le 212. Et me voici ici, toutes ces années plus tard ».
“Pendant longtemps, j’ai travaillé à la fois sur des parfums et des films, j’ai même produit un documentaire. Mais lorsque j’ai fondé ma famille, j’ai décidé de me concentrer entièrement sur les parfums. Et en 2020, j’ai été nommée Creative Director of Beauty.”
Comment veillez-vous à rester fidèle à l’ADN de Carolina Herrera en tant que marque de vêtements, tout en parvenant à marquer suffisamment votre propre empreinte ?
“La mode et le parfum sont deux mondes différents. Dans la mode, les tendances changent rapidement, chaque saison est différente. Avec la beauté, et surtout avec les parfums, nous visons des classiques qui restent d’actualité pendant au moins une décennie. Comment y parvenons-nous ? En respectant l’ADN de la marque. Good Girl et 212 en sont les parfaits exemples. 212 a été mon premier projet et est une véritable ode à New York. C’était l’époque où la ville était un creuset culturel. Notre maison de couture y a vu le jour et, dans les années 80 et 90, ma mère était une icône de la vie nocturne. Tout cela est inscrit dans notre ADN. Cette femme, la Good Girl, est l’incarnation de Carolina Herrera : contemporaine et mystérieuse, à l’image de ma mère.”
Les parfums Good Girl cartonnent sur les réseaux sociaux auprès de la jeune génération. Comment expliquez-vous cela ?
“Je l’ai appris par ma fille ! Maintenant que le parfum est partout sur TikTok, toutes ses amies veulent un Good Girl. C’est facile, parce qu’à Noël, j’offre un flacon à tout le monde et elles sont toutes contentes. (rires) Mes enfants ont grandi avec tous les parfums Good Girl à la maison, et ils s’en fichaient un peu. Le pouvoir des réseaux sociaux est donc incroyable, ils créent un réel sentiment d’appartenance”.
C’est le sens que chaque femme donne à un parfum qui en fait un succès
Sur TikTok en particulier, ces parfums sont souvent considérés comme les parfums ultimes des “fêtardes”. Êtes-vous d’accord avec cela ?
“Ma mère, qui a 85 ans, a un Good Girl dans sa salle de bain et l’utilise avant d’aller de coucher. Ma filleule, qui a 16 ans, a été surprise par sa mère alors qu’elle cachait un flacon dans son sac avant de sortir. Elle avait fait exprès d’apporter un grand sac à main dans lequel le parfum pouvait tenir. (rires) C’est la beauté des parfums, il n’y a pas de règles. Bien sûr, il y a des lignes directrices et une histoire lorsque je crée un parfum, mais une fois qu’il est lancé, j’aime le chaos. C’est le sens que chaque femme lui donne qui en fait un succès”.
Good Girl est actuellement le deuxième parfum le plus vendu au monde. Vous vous attendiez à cela ?
“On ne s’y attend jamais, mais on l’espère. Nous faisons des efforts à chaque lancement, mais on ne se dit jamais “j’ai réussi”. Il faut continuer à travailler dur. Être numéro deux a été un choc pour tout le monde, même si nous étions sûrs que notre produit était vraiment innovant. C’est en partie dû aux ingrédients et au flacon, mais aussi au message qui trouve un écho auprès des gens. À travers le parfum, nous voulons vous faire sentir puissante, mais chaque femme peut l’interpréter à sa manière. C’est ça la beauté d’un parfum”.
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