De Rosalía à Kim K., les célébrités sont-elles toutes devenues d’ardentes défenseures de la planète ? Panorama, du plus vert au plus faux.
Il faut sauver le saumon islandais des fermes-usines qui le menacent et qui mettent en péril tout l’écosystème des océans. Tel est le message porté par Björk, qui s’est associée à Rosalía, autre poids lourd de la pop, pour enregistrer la chanson « Oral », qui sortait le 21 novembre 2023. Tous les bénéfices des ventes de ce single caritatif ont été reversés à des fonds juridiques d’associations locales en lutte contre l’industrialisation de l’aquaculture islandaise.
À l’autre extrémité de la lutte environnementale, Kim Kardashian a partagé, le 27 octobre dernier, son petit couplet sur l’écologie avec ses 364 millions d’abonnés sur Instagram : « La température de la Terre augmente toujours plus, le niveau des océans s’élève, les calottes glaciaires rétrécissent. Je ne suis pas scientifique, mais je suis convaincue que tout le monde peut apporter sa pierre à l’édifice. » Et ? Et rien, la vidéo gaguesque consistait à nous vendre un soutien-gorge à tétons turgescents de sa marque de vêtements moulants Skims. « Avec ce tout nouveau soutien-gorge à mamelons intégrés, peu importe la température, vous donnerez toujours l’impression d’avoir froid. » Certes, 10 % des ventes de l’Ultimate Nipple Bra seront reversés au réseau 1 % For the Planet, mais est-ce bien raisonnable ?
Sincères ou cyniques, les stars qui militent pour la planète (ou les tétons) ? Ces deux exemples relancent le débat sur l’activisme green des célébrités au mode de vie trépidant, luxueux et pas du tout écolo. D’autres problématiques endiguent parfois des élans très sincères. Ainsi, Greenpeace a mis en 2021 un terme à sa collaboration de vingt ans avec Lambert Wilson, parce qu’il avait défendu Polanski aux César. En outre, « depuis le Covid, les stars sont moins disponibles », avance une porte-parole du réseau solidaire et engagé. Pourtant, leur voix continue à compter. « Les experts scientifiques sont des appuis précieux », commente Manon Richert, responsable communication de Zero Waste France. « Mais le rôle des célébrités, c’est d’agir sur un changement des imaginaires. »
Certaines le font spontanément, tel Pierre Niney, qui avait organisé une cagnotte pour Sea Shepherd, l’association internationale de lutte contre la destruction de la vie et de l’habitat marin, récoltant une dizaine de milliers d’euros. « Il l’a fait sans contrepartie et ne s’est pas vanté de cette action », explique Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France. « Nous l’avons juste remercié par tweet. On ne se sent redevables de personne, on n’a même pas de budget de communication. Même si de nombreuses stars, comme les acteurs Christian Bale, Michelle Rodriguez ou, en France, le groupe Tryo ou l’artiste Matthieu Chedid font parler de nous en nous soutenant. » Pour Jon Palais, cofondateur d’Alternatiba et du collectif ANVCOP21, le pouvoir d’influence des célébrités reste du pain bénit. « C’est très parlant avec Björk et Rosalía, qui ne relaient pas le travail de grosses ONG, mais celui de petites associations face à un système financier beaucoup plus puissant qu’elles. » Avant de reprocher aux célébrités leur lifestyle, le militant y regarde donc à deux fois. « Il faut distinguer le mode de vie des stars, qui voyagent plus que l’individu lambda, du vrai greenwashing des entreprises comme TotalEnergies, qui investit massivement dans les énergies fossiles et développe des projets extractivistes suicidaires pour l’humanité. » À côté de ça, Kim Kardashian et son soutien-gorge à tétons paraissent bien anodins…
Qui sont les problématiques ?
Hugo Clément. Fustigé pour avoir accepté de participer, en avril dernier, à une soirée organisée par « Valeurs actuelles » et de discuter avec Jordan Bardella, du RN, le journaliste écolo a perdu de son aura.
Stella Mccartney. Son engagement végan et bio ne date pas d’hier, mais son projet de résidence ultra-design dans un coin sauvage d’Écosse, nécessitant d’abattre des arbres centenaires, a hérissé les militants écolos.
Lambert Wilson. Évincé de Greenpeace, après vingt ans de collaboration, pour avoir défendu Roman Polanski aux César en 2020, l’acteur a accusé la cancel culture. Mauvais perdant.
Qui sont les expert·e·s ?
Anja Rubik. Ambassadrice de Parley for the Oceans, la top model a voyagé aux Maldives pour documenter les problèmes liés à la pollution plastique. Elle milite pour la fin de la pêche sportive.
Mark Ruffalo. En lutte contre les polluants chimiques et l’extraction du gaz de schiste, l’acteur de « Dark Waters » a créé deux associations écolos, Water Defense et The Solutions Project.
Ben Affleck. L’acteur activiste a créé en 2010 une organisation pour aider les Congolais à préserver les ressources naturelles de leur pays et a soutenu des initiatives d’accès à l’eau potable en Afrique.
Pamela Anderson. La bombe canado-américaine est sur tous les fronts : contre la chasse aux phoques, le gavage des oies, la corrida… Les animaux lui disent thank you !
Qui sont les opportunistes ?
Pharrell Williams. L’auteur de « Happy » mange écolo… avec les couverts en plastique créés à partir de CD recyclés dont il a lancé la marque. En plastique ???
Gwyneth Paltrow. Écolo, mais pas trop, l’actrice bobo s’invite sur le green avec sa marque Goop Beauty, aux formules à 99 % naturelles. Et 1 % consumériste ?
Kim Kardashian. Pour vendre ses fringues, la superstar est prête à tout, même à sauver la planète.
Jessica Alba. Surfant sur la vague verte, l’actrice entrepreneuse a créé les marques Beauty Company, avec ses packs en alu, en verre ou en plastique recyclés, et Honest Baby, avec ses produits bio pour bébés.
Qui sont les pionnier·e·s ?
Leonardo Dicaprio. Défenseur de l’environnement, de la biodiversité et des océans, l’acteur a créé sa fondation en 1998, prenant tout Hollywood de vitesse. Il aurait versé plus de 100 millions de dollars à la cause.
Marion Cotillard. Son voyage avec Greenpeace en Antarctique en 2020 et le docu écologiste « Bigger Than Us » (2021), qu’elle a coproduit, ont marqué les esprits.
Mélanie Laurent. Réalisatrice, avec Cyril Dion, de « Demain » (2015), l’actrice a travaillé avec Greenpeace pour lutter contre la surpêche et le pillage des océans.
James Cameron. Après avoir plongé, en 2012, dans la fosse des Mariannes, à 10.898 mètres de profondeur, le réalisateur culte y a créé le plus grand sanctuaire océanique du monde : Marianas Trench Marine National Monument.
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