Pourquoi le cloaking est-il encore plus cruel que le ghosting ?

Mis à jour le 5 septembre 2024 par Camille Vernin
Pourquoi le cloaking est-il encore plus cruel que le ghosting ? ©Unsplash

Situationship, red flag, papercliping, firedooring... le dictionnaire amoureux ne cesse de s'étoffer de nouveaux néologismes avec l'essor des applis de rencontre et les nouveaux enjeux liés à nos situations sentimentales. Parmi eux, le ghosting est sans doute l'une des pratiques les plus évoquées. Si vous n'en aviez pas eu assez, on vous présente son cousin : le cloaking.

Ce dernier est présenté comme encore plus insidieux et délétère. Alors que le ghosting consistait à disparaître soudainement sans donner plus d'explications, laissant l'autre dans l'incompréhension, le cloaking va encore plus loin. Il ne s'agit plus seulement cette fois de disparaître, mais de bloquer la personne des réseaux et de toute autre forme de communication. L'autre n'a non seulement plus de nouvelles, mais il est littéralement rayé de la carte, sans plus aucun moyen de vous contacter ou de vous suivre en ligne. Et donc, forcément, de savoir ce qu'il s'est passé exactement. Difficile dès lors de tourner la page. Le cloaking peut d'ailleurs se produire dès la première rencontre, mais aussi à n'importe quelle étape de la relation.

L’impact émotionnel d’une disparition brutale

Forcément, ce phénomène peut être profondément déstabilisant pour celles et ceux qui en sont victimes. Vous avez un bon feeling avec quelqu'un, des échanges réguliers, vous avez même rencontré à une ou plusieurs reprises la personne puis, soudain, celle-ci devient totalement inaccessible. Pas de message d'adieu, pas d'explications, simplement une coupure nette. En résulte forcément un choc émotionnel dû à la multitude de questions sans réponses. Pourquoi cette disparition soudaine ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Pourquoi ne pas avoir eu le courage de me parler directement ?

Pourquoi ?

Difficile de comprendre les motivations qui poussent une personne à agir ainsi. Dans certains cas, la cause est l'anxiété sociale, qui pousse certaines personnes à éviter la confrontation directe plutôt que d'avoir une discussion potentiellement difficile. Les acteurs du cloaking préfèrent se retirer sans donner d'explications, une façon de gérer son propre inconfort, même si cela se fait au détriment des sentiments d'autrui.

Le cloaking est aussi un produit de notre époque hyperconnectée. Les rencontres en ligne ont simplifié les échanges, mais aussi rendu les relations plus éphémères. Le fait de pouvoir bloquer quelqu'un en quelques clics renforce cette idée de « zapping » des relations, où l'on passe d'une connexion à l'autre sans s'attarder. La simplicité d'accès à une multitude de profils sur les apps de rencontre encourage ainsi certaines personnes à couper les ponts plus rapidement, persuadés qu’ils trouveront mieux ailleurs et que leurs gestes sont sans conséquences.

Le cloaking soulève ainsi un questionnement plus large sur notre manière d’aborder les relations à l’ère numérique. Alors que les technologies facilitent les connexions, elles peuvent aussi déshumaniser les interactions, en rendant plus facile l'acte de rompre brutalement. Cette tendance est donc aussi une invite à réfléchir à la manière dont nous traitons autrui, et à la nécessité d'une communication honnête et respectueuse lorsque l'un ou l'autre décide de prendre ses distances.

Une décision parfois vitale

Si le cloaking peut sembler impitoyable, il peut également se révéler être une forme de protection. Les rencontres en ligne révèlent en effet parfois des comportements problématiques : jalousie excessive, possessivité, ou même des signes précurseurs de violence verbale. Pour celles et ceux qui perçoivent ces signaux d'alarme, couper tout contact de manière radicale peut sembler la seule issue pour se protéger d'une possible escalade.

En 2021, une étude a ainsi montré que 45 % des personnes interrogées avaient ghosté pour se sortir d'une situation "toxique", "désagréable" ou "malsaine". Ces chiffres soulignent que le ghosting, bien que douloureux, peut parfois être une réponse à des comportements abusifs. Il en va de même pour le cloaking.

Comment s’en prémunir ?

Bien sûr, d'autres personnes usent de cette méthode de façon abusive et il convient de se protéger afin d'éviter les cicatrices émotionnelles qui peuvent apparaître sur le court ou le long terme. La première démarche - souvent difficile - consiste à se rappeler que le cloaking est davantage un reflet de l’autre personne que de vous-même. Il est essentiel de ne pas internaliser cette disparition, ni de vous dévaloriser pour autant. Comprendre que certaines personnes utilisent le cloaking pour leurs propres raisons, qu'elles soient liées à leur passé, à leurs peurs ou à leur besoin de protection, peut aider à prendre du recul. Ensuite, il est primordial de se tourner vers ses proches, de parler de cette expérience pour ne pas rester isolé.e dans sa douleur. En partageant votre ressenti, vous pourrez plus facilement tourner la page et avancer.

Mais puisqu'il vaut mieux prévenir que guérir, il existe aussi certains comportements qui permettraient de se prémunir du cloaking. La première consiste à placer l'honnêteté et la communication comme mots d'ordre afin de bien faire comprendre à l'autre que clarifier les choses est toujours une bonne solution. Par là même, vous instaurez un climat de confiance. Ensuite, allez-y mollo. Lorsque vous rencontrez votre nouveau partenaire, il peut être tentant de mettre la charrue avant les boeufs, seul bémol, vous risquez juste d'apeurer votre crush. Même si c'est infiniment compliqué, soyez patient.e, et les bonnes choses se déploieront (en principe) d'elles-mêmes.

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