Interview exclusive Victoria Beckham : « J’ai encore plein de rêves »

Mis à jour le 3 octobre 2024 par Ilaria Casati et Noemi Dell'aira Photos: Sofia Sanchez & Mauro Mongiello
Interview exclusive Victoria Beckham : « J’ai encore plein de rêves »

Icône anglaise, chanteuse star des Spice Girls, entrepreneuse et styliste surdouée, épouse de footballeur… Rien ne lui résiste. Victoria Beckham parcourt avec nous les chapitres de sa vie.

Victoria Beckham est plutôt sympa. Très sympa même. Au mitan de sa vie, c’est une femme cool en legging et baskets que l’on découvre. Une image à mille lieues de la businesswoman control freak impassible derrière ses grandes lunettes noires que la presse décrit. Est-ce parce qu’elle se sent enfin à sa place, comme elle dit ? Victoria Beckham a l’humour pince-sans-rire british, reste philosophe sur sa vie, se moque des fautes de goût qui ont fait défaillir les arbitres du bon ton (« Mes looks coordonnés avec David ? Je les assume »). Victoria Beckham aura traversé toutes les époques avec le même aplomb depuis ses débuts de Spice Girls jusqu’à la création de sa marque de luxe qui défile à Paris et sa dernière collection pour Mango. À voir l’énergie qu’elle a mise dans ce shooting, on est convaincu : Victoria Beckham est définitivement une chic fille.

Chapitre 1 : la mode

« J’ai découvert la mode tard. Ma mère était femme au foyer, elle n’était pas du genre à lire la presse féminine et n’avait pas les moyens de s’offrir des vêtements de marque. La première fois que j’ai entendu parler de Coco Chanel, c’était à travers un parfum miniature. Je les collectionnais, c’étaient les seuls produits de luxe dans ma chambre ! Plus tard, j’ai découvert le shopping par la mode “high street”. Je n’ai pas honte de le dire. Je me revois avec ma soeur Louise prendre le train en direction d’Oxford Street, à Londres, et faire des razzias chez TopShop, Mango… J’ai toujours exprimé ma personnalité avec mes vêtements. Je suis passée par tous les styles… et je n’ai pas de regrets. Des années de photos sur les tapis rouges m’ont permis d’avoir une idée claire de ce qu’est un vêtement flatteur. Tous les détails comptent : la qualité des matières premières, la coupe, le design. Quand j’ai monté ma marque en 2008, je me suis totalement impliquée. Bien entendu, quand un Marc Jacobs, un Roland Mouret ou un Tom Ford m’ont donné des conseils, je me savais très privilégiée. Mais j’ai gardé la tête froide. Je n’avais pas la prétention de dire : “Mon nom est Victoria Beckham, et je vais faire un grand show !” Voilà pourquoi j’ai démarré avec une présentation de dix robes. Je pense que ma fraîcheur m’a aidée. Sinon la pression aurait été infernale. J’étais inconsciente des enjeux du milieu, de ce que signifie mettre son nom dans la balance. Mais j’ai très tôt fait un choix : chaque produit devait être le meilleur de sa catégorie. Pareil pour la collection que j’ai créée pour Mango il y a quelques mois : tout était VB approved. »

Victoria Beckham

Chapitre 2 : les Spice Girls

« Notre girls band a 30 ans. C’est à la fois vertigineux et magique, car, quand on parle de girl power, on pense encore aujourd’hui aux Spice Girls. Beaucoup de groupes féminins de la K-pop s’inspirent de nous, c’est très flatteur. Dans la bande, j’étais “Posh Spice”. Mon créneau, c’était celui de la fille qui aime les bons restaurants, les jolis hôtels. Mais surtout celle qui suit la mode. Je n’ai pas changé. Aimer les belles choses, ça coule dans mes veines, je n’y peux rien. À l’époque, les autres ne se souciaient pas trop des vêtements, alors, je récupérais leur budget pour me payer du Tom Ford pour Gucci. C’est exactement ce dont je rêvais pour ma garde-robe. Tom Ford a été l’un des premiers à m’habiller, avec Donatella Versace. Elle, je me souviens qu’elle avait fait les choses en grand. Elle m’a envoyé un jet privé pour me faire venir à Milan avec ma meilleure amie. Elle m’a proposé de choisir tout ce que je voulais dans sa boutique. Ce soir-là, je suis allée au défilé. J’étais assise à côté de Demi Moore, c’était fou ! »

Chapitre 3 : David

« David m’inspire beaucoup. On s’admire mutuellement. Est-ce que notre couple ressemble à celui qu’on voit dans le documentaire sur Netflix ? Oui. On aime s’amuser, discuter, danser, boire des coups. Et se moquer. C’est bien parfois de se moquer ! On trouve toujours une occasion de rigoler. Il faut bien ça pour être heureux. Je crois beaucoup au rire, à la famille, à l’amitié. Je me rends compte que nous sommes devenus un modèle. Ça fait plaisir aux gens de voir des couples qui durent. Au fond, nous partageons les mêmes valeurs. Nous venons du même milieu. Nos familles se sont serré les coudes pour nous élever. Mon père a gagné de l’argent, puis a fait faillite. Ni moi ni David ne sommes nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Nous avons un principe d’égalité, que ce soit pour s’occuper de la maison ou des enfants. Il n’y a qu’en cuisine que je suis nulle, je délègue à David. Moi, je m’occupe des drinks. Je ne dis jamais non à un verre de bourgogne, un champagne piscine, de la tequila Don Julio 1942… David ne se fait pas non plus prier. C’est notre kif. On se crée des moments pour nous. Je suis désolée de vous décevoir, mais nous sommes un couple banal : on dîne tôt, on se couche tôt. À 20 ans, on n’a jamais été des clubbeurs, à 50 ans, ça ne s’est pas arrangé ! »

Victoria Beckham

Chapitre 4 : les enfants

« Je suis très fière de mes enfants et de la relation que j’ai avec eux. C’est une de mes plus belles réussites. Je pense leur avoir transmis des principes. Être bien éduqué, c’est savoir vivre avec les autres. Même s’il n’a pas toujours été facile de mener ma vie personnelle et ma carrière de front. J’ai parfois dû faire des sacrifices, ne pas être aussi présente que je l’aurais souhaité. Le conseil qui m’a le plus touché, c’est celui de Diane von Fürstenberg. Comme moi, c’est une autodidacte qui a travaillé dur pour monter sa marque. Mais c’est une mère avant tout. Un jour, elle m’a dit : “Je ne me suis jamais sentie coupable en tant que mère, parce que j’ai fait du mieux que j’ai pu. La culpabilité ne mène nulle part.” Je ne vais pas vous mentir : c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais à toutes les jeunes femmes, je dis : “Ne sacrifiez pas votre carrière.” Aujourd’hui, mes enfants sont grands, ils ont pris leur envol. Ils ont compris que j’étais leur mère, mais aussi une personne qui a des choses à accomplir. Si Cruz est là de temps à autre, Harper est la seule qui vit encore sous notre toit. Elle a fêté ses 13 ans et n’a rien pour l’instant de l’adolescente irritable. J’ai encore le droit de lui faire des câlins, et on arrive à se parler sans se disputer. Ce matin, elle m’a appelée toute excitée : “Maman, il y a une immense affiche de tes parfums dans le centre de Londres !” C’est génial, non, d’avoir des enfants qui vous trouvent cool ? Les voir grandir est un cadeau. Ils m’apprennent tellement de choses ! Brooklyn vit désormais avec sa femme, Nicola. On se voit moins qu’avant, ce qui est normal. Je ne suis pas une de ces mères possessives avec leurs fils. Encore heureux ! »

Victoria Beckham

Chapitre 5 : la cinquantaine

« Le 17 avril, j’ai fêté mes 50 ans. Je n’ai aucun problème à le dire. Loin de m’angoisser, ce nouveau chapitre m’enthousiasme. Je n’ai pas peur de vieillir. Certes, je suis très disciplinée. Je prends soin de moi, je fais du sport une fois par jour, je mange sainement, je dors autant que possible, c’est vrai. Mais je suis d’une nature positive. Et puis j’ai encore plein de rêves. J’ai lancé récemment une ligne de parfums et de cosmétiques. Et ce serait formidable de concevoir bientôt une ligne d’activewear. Je suis entourée de femmes que je considère comme des sœurs. Sans ce petit monde, la vie ne serait pas si belle. Mais ça ne veut pas dire que tout a été rose. Il y a eu des moments difficiles. J’ai été harcelée à l’école, moquée pour mon physique. Enfant, il était rare que je me dise : “Ce matin, j’ai envie d’y aller.” J’arrivais en cours la boule au ventre. J’étais une élève médiocre. Et, clairement, pas la fille populaire. Ça m’a beaucoup fait souffrir, mais ça m’a endurcie aussi. J’ai beaucoup pris sur moi. Et j’ai appris à maîtriser ma peur. Mes parents ont été d’un grand réconfort. Aujourd’hui, ma réussite sonne comme une revanche. La petite Victoria Adams que j’étais, timide et mal dans ses baskets, serait fière de la Victoria Beckham épanouie qu’elle est devenue. »

Réalisation : Hortense Manga