Réalisé par Halina Reijn, Babygirl s’impose comme le phénomène cinématographique de ce début d’année. Ce thriller érotique, qui redéfinit les codes du genre, se distingue également par un casting réunissant deux générations de talents d’Hollywood. D’un côté, Nicole Kidman, icône, et de l’autre, Harry Dickison, étoile montante déjà remarquée dans Sans filtre, Palme d’Or au Festival de Cannes en 2022, et dans Iron Claw, sorti début 2024. Sans oublier la production du film, A24, réputée pour ses films de qualité.
Le film suit Romy, PDG d’une grande entreprise, épanouie dans sa vie professionnelle et familiale aux côtés de son mari (interpreté par Antonio Banderas) et de ses enfants. Sa routine bien huilée bascule lorsqu’elle croise Samuel, un nouveau stagiaire à l’attitude rebelle et insolente. Dès leur première rencontre, l’alchimie opère, et Romy cède à l’attrait du danger et du fantasme en entamant une liaison secrète avec lui. À travers cette relation, elle explore ses fantasmes les plus inavoués. Mais plus leur histoire avance, plus le risque d’être découverte menace de bouleverser son monde.
Paradoxe, tension et tentation
Quel plaisir de revoir Nicole Kidman sur grand écran. Pendant 1h50, l’actrice se révèle dans la peau d’une femme déchirée entre des fantasmes inassouvis et une vie professionnelle et familiale qu’elle s’efforce de préserver à tout prix. Fidèle à sa réputation, elle parvient à sublimer un rôle complexe, dévoilant ses talents d’actrice à travers son interprétation de Romy. Ce personnage incarne le paradoxe entre un contrôle total sur sa vie qui bascule dès qu’un élément échappe à sa maîtrise, un combat qu’elle mène tout au long du film. La tension réside dans sa lutte pour dompter ses pulsions, même lorsque la tentation devient irrésistible. La subtilité de son jeu réside dans cet équilibre fragile, évitant de tomber dans l’excès et les clichés. Elle a d’ailleurs décroché le prix de la Meilleure Actrice à la dernière Mostra de Venise pour ce rôle, une récompense amplement méritée qui souligne l’intensité du rôle de Romy.
Harry Dickison, quant à lui, est l’étoile montante du film. Il incarne l’insolence et l’interdit, des traits qui définissent son rôle. Dès les premières scènes, son personnage se dévoile comme le symbole du fantasme inexploré, inatteignable et irrésistible, en contraste avec Romy, qui représente la retenue, le contrôle et la curiosité. Leur dynamique évoque une opposition entre le bien et le mal, ou encore une revisite d’Adam (au féminin) face à la pomme du péché.
Un érotisme au féminin
Ce qui distingue Babygirl, c’est la vision audacieuse de sa réalisatrice, Halina Reijn. Dans un genre souvent dominé par une perspective masculine, ce thriller érotique propose une approche inédite : celle d’un érotisme au féminin, plus subtil et complexe. Halina Reijn explore le fantasme et l’interdit sous un nouvel angle, offrant une lecture originale et captivante. Le film aborde également la question du désir féminin, rarement explorée avec une telle profondeur, tout en invitant à réfléchir sur le rapport aux autres et le respect de son propre corps.
Un autre point fort du film ? La manière dont il sublime le corps humain. Loin de tomber dans l’excès, Babygirl joue la carte de la subtilité. Chaque scène est pensée comme un hommage, où le corps devient un vecteur de fantasmes, sans jamais basculer dans le vulgaire. C’est sexy, audacieux et terriblement captivant, avec une tension sensuelle qui se ressent sans être montrée de façon explicite.
On y va
Avec une bande-son qui nous tient en haleine et qu’on écoute en sortant de la salle (George Michael, Robyn et l’inédit Wolves), Babygirl se fait une place de choix dans le cinéma actuel. Un casting bien pensé, une thématique qui sort des sentiers battus et une vision féminine innovante : le film redonne un coup de jeune au genre érotique. C’est moderne, audacieux et pile dans l’air du temps.