La dermorexie, c’est quoi ?
La dermorexie – contraction de derme (peau) et rexie (suffixe indiquant la dépendance) – est un obsession quasi-compulsive quant à l’état de sa peau. C’est lorsque l’on fait une véritable fixette sur ses imperfections cutanées. À tel point que l’on traque le moindre petit bouton d’acné, le moindre pore dilaté, l’apparition d’une petite ridule ou d’une rougeur. On passe des heures à scruter, traiter et camoufler son épiderme. Une quête de perfection galvanisée par les filtres des réseaux, et qui conduit certain.e.s à des rituels de soins excessifs, à des consultations dermatologiques à répétition, et même parfois à des interventions esthétiques invasives.
Pour certain.e.s, cette obsession reste vivable. Pour d’autres, elle s’apparente à un trouble du comportement, souvent lié à une dysmorphophobie (une perception déformée de son apparence). Avec pour conséquences une détresse psychologique importante, impactant jusqu’à la vie sociale, professionnelle et affective.
D’où vient cette obsession ?
Les racines de la dermorexie sont multiples. Il y a d’abord les standards de beauté irréalistes de notre société ultra-connectée. Les réseaux sociaux, avec leurs filtres lissants et leurs selfies retouchés, créent une pression sans précédent pour atteindre une peau « parfaite ». Résultat : ce qui était autrefois considéré comme normal – comme des pores visibles ou une texture irrégulière – devient aujourd’hui source d’angoisse. Puis il y a l’industrie cosmétique et médicale dont les promesses de peau « zéro défaut » et l’offre pléthorique de soins (laser, peelings, injections, etc.), alimentant constamment cette quête impossible. Sans oublier l’hégémonie des influenceurs beauté, dont les routines skincare en 10 étapes veulent laisser croire que la perfection est possible à condition d’investir dans des pots de crème super chers.
Si personne n’est à l’abri du phénomène, certains profils sont un peu plus à risque. Les jeunes adultes, particulièrement exposés aux diktats des réseaux sociaux, sont en première ligne. Les femmes sont les premières concernées, mais les hommes ne sont pas en reste, avec la montée en puissance des soins masculins et des standards de beauté virile. Les personnes ayant des antécédents de troubles anxieux, de TOC ou de dysmorphophobie sont également plus vulnérables. Il y a aussi celles et ceux qui ont vécu des expériences traumatisantes liées à leur apparence, et qui ont développé une relation compulsive avec leur peau.
Apprendre à aimer sa peau
La dermorexie n’est pas pour autant une fatalité. Pour les personnes qui pensent en souffrir, le premier pas consiste à se tourner vers un psychologue et un dermatologue. De quoi s’assurer une prise en charge globale, combinant soins de la peau et thérapie, afin de retrouver un équilibre. La société a également son rôle à jouer. Il s’agit de repenser notre rapport à la beauté, de valoriser la diversité des peaux, de promouvoir des images non retouchées et d’éduquer sur les réalités cutanées (spoiler : personne n’a une peau de bébé en permanence), afin d’abattre cette quête de perfection toxique.
Finalement, il s’agit d’apprendre à aimer sa peau. Et si, au lieu de chercher à tout prix à la “réparer”, on apprenait à l’accepter avec ses imperfection et son histoire ? Après tout, c’est elle qui nous protège, nous permet de ressentir et forge notre identité. Alors, la prochaine fois que l’on croise son reflet dans le miroir, c’est le moment de se dire que la beauté ne réside pas dans une peau parfaite, mais plutôt dans la manière de l’habiter.