Dans les grandes lignes, l’esprit slow morning consiste à s’octroyer du temps pour soi et ce, dès le réveil. Popularisé par Hal Elrod dans son bestseller : Miracle Morning, cette tendance vise à réduire la fatigue et d’augmenter la productivité tout en se détachant des pressions sociales afin de vivre le moment présent, en pleine conscience pour prioriser, au moins une fois dans la journée, ce qui nous fait du bien. Sans surprise, cette approche a conquis de nombreux adeptes – après tout, qui ne rêve pas de ralentir dans un monde où tout va à cent à l’heure ?

Comment l’intégrer à sa routine matinale ?

Selon les adeptes, le slow morning n’est pas qu’une routine de plus, mais bien un mouvement à part entière, appelé slow living qui s’apparente davantage à une méthode de développement personnel qu’à deux-trois habitudes à adopter dès le réveil. Pour commencer, le téléphone dés le matin, c’est non. On préfère plutôt la méditation, le yoga, le journaling ou les exercices physiques légers. L’objectif ? Prendre du recul sur la journée à venir et éviter le mode pilote automatique et montée de stress que l’on peut parfois ressentir dès le réveil.

Selon l’experte, Laure Bouquery, coach de vie et sexologue à Bruxelles, le slow living ne se limite pas aux matins tranquilles : c’est un véritable mouvement que l’on retrouve dans de nombreux aspects du quotidien, du sexe à l’alimentation en passant par le dating. “Ce que l’on observe, c’est que les gens veulent ralentir dans tous les domaines de leur vie, revenir à un mode de vie moins dicté par le capitalisme, qui nous pousse sans cesse à en faire plus, toujours plus vite.”

D’ailleurs, selon Trends, en 2024, près d’un.e ouvrier.ère sur trois se trouverait dans la zone à risque du burn-out. C’est pourquoi, Laure Bouquery recommande à ses patient.es qui se disent constamment “sous pression” au nom de la performance de renouer avec une certaine lenteur. Pourtant, dès qu’un moment de libre se présente, on ne s’accorde pas forcément du temps pour soi. On préfère s’occuper de l’intendance, sortir faire du sport, voir du monde,… comme si nous avions peur de l’ennui, de n’avoir rien à faire. Mais est-ce que cela convient vraiment à tout le monde ?

Un tiers de notre vie : c’est le temps que l’on passe à dormir

Oui, nous passons un tiers de notre vie à dormir, et c’est parfaitement normal. Le sommeil est indispensable au bon fonctionnement de notre organisme, assurant notre récupération physique et intellectuelle. Ce n’est donc pas en sacrifiant nos heures de repos pour réaliser un rituel matinal que l’on parviendra à mieux gérer sa journée. Il s’agit plutôt d’adapter nos agendas à notre propre rythme en intégrant quelques pratiques inspirées du slow morning, par exemple.

Dans une société qui valorise le don de soi et le contrôle permanent, Laure Bouquery estime que les notions de slow permettent avant tout de démystifier la lenteur, en aidant à dépasser la peur du jugement souvent associée à l’idée de “lâcher prise”. Autrement dit, il s’agit de s’accorder la liberté d’explorer différentes manières de vivre tout en cultivant un certain esprit critique sur ses propres actions. C’est ce que notre coach de vie appelle la “vision outil” : trouver son propre équilibre en adoptant ce qui nous convient sans négliger les autres aspects de notre vie, qu’il soit familiale ou professionnel.

Quand les réseaux sociaux transforment le slow morning en pression matinale

Depuis quelques années, la tendance du slow morning s’est répandue sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, où l’on peut retrouver des milliers de vidéos de jeunes femmes récitant leurs affirmations matinales, accompagnées de journaling et de routines de skin-care, le tout après un brushing hollywoodien. Comptez déjà au minimum 1h de sommeil en moins. Dans ces mises en scène, leur journée semble commencer encore bien plus tôt, avec un cours de Pilates suivi de la préparation d’un carrot cake… Rien n’est laissé au hasard et au passage, vous pourrez encore enlever 2h de sommeil à l’équation.

Alors qu’à l’origine, le slow morning prône un retour à soi dans un monde où l’on ne s’accorde jamais le temps de souffler. Sauf qu’à force d’être mis en scène, il semble avoir été récupéré par le mouvement clean girl, se transformant en une esthétique plutôt qu’en une véritable pratique.

Watch on TikTok

Rappelons-nous que l’essence même du mouvement slow est de s’écouter, de s’accorder du temps pour répondre à ses besoins en revenant à l’essentiel. Comme Laure Bouquery aime le dire, il s’agit avant tout de remettre “l’énergie au bon endroit”.