L’argent a toujours été un sujet tabou au sein de votre couple ? Ou vous ne savez tout simplement plus comment gérer vos finances à deux ? La psychologue organisationnelle Josée Blondin vient de sortir un ouvrage au titre simple et évocateur : “Amour et portefeuille”. Dans celui-ci, elle nous fournit quelques astuces pour une meilleure gestion de notre portefeuille et une vie de couple épanouie. Rencontre.

“Parmi les problèmes que rencontrent les couples, le partage des dépenses est un enjeu qui revient très souvent. Il faut trouver un terrain d’entente. Comment ? En prenant le temps de se fixer des objectifs clairs, de brainstormer sur nos rêves et sur nos envies, et de mettre en place un plan d’action commun”, explique Josée Blondin. La psychologue a pour cela développé une stratégie en 5 temps.

1. Tirez parti de vos traits de personnalité respectifs

“Nous devons être conscients que plusieurs types de personnalité peuvent composer un couple”, explique-t-elle. “Cela aura une influence sur l’allure des conversations”. L’un.e peut être très anxieux.se et l’autre résistant.e au stress, l’un réagir promptement et l’autre avoir une personnalité plus tolérante, l’un.e être très affirmatif.ve et démonstratif.ve, l’autre plus conciliant.e et discret.te, l’un rechercher le confort et l’autre adorer le changement…

Il est donc important d’entendre ce qui est exprimé en tenant compte de la personnalité de l’autre et au choix des mots lorsque l’on souhaite aborder un sujet aussi épineux que la gestion des finances. Tenir compte des croyances et valeurs de son partenaire, c’est le B.A.-BA pour résoudre des problèmes et trouver des avenues communes pour les projets financiers. Exemple : une personne spontanée qui désire partir en voyage avec un baluchon comme seul bagage et son ou sa partenaire qui veut tout organiser, pourraient opter pour un entre-deux, soit un voyage semi-organisé, avec des moments planifiés et d’autres non, pour laisser une marge de folie.

2. Adaptez vos communications

“Un des principes importants de toute communication est de comprendre qu’elle se divise en trois compétences : écoute – compréhension – réponse”, ajoute la psychologue. “Malheureusement, au moins un des trois est souvent défaillant chez la majorité des gens”. Apprendre à connaître ses métaprogrammes et ceux de l’autre peut être un atout pour y arriver. Si la personne avec laquelle vous avez une discussion est visuelle, il ou elle vous comprendra beaucoup mieux si vous employez des expressions comme “je vois” ce que tu veux dire, je vais te “montrer” ma façon de penser, je vais “t’illustrer” mes propos… Si elle est auditive, on opte plutôt pour des phrases comme “j’entends” ce que tu me dis, ça me “parle”, bien “entendu”. Dans le cas du kinesthésique, on est dans le domaine du ressenti, ces expressions favoriseront donc le dialogue : je “sens” que tu n’est pas d’accord, ça me “touche” qu’on ne “sente” pas la situation de la même manière, notre couple est “solide”, gardons les “pieds sur terre”…

L’intonation de la voix est très importante aussi. Si vous optez pour un ton posé, vous aurez sans doute une meilleure écoute. Rappelons-nous aussi que dans une conversation, le but n’est pas de gagner à tout prix. Lorsqu’une personne a des croyances ou valeurs différentes des nôtres, il est tentant et facile de juger, en particulier si nous avons un gros ego.

3. Calmez votre état d’esprit et aiguisez vos perceptions

“Il est important que chacun.e soit dans le meilleur état possible avant de commencer à discuter d’argent. Si vous avez eu une journée stressante, que vous êtes fatigué.e, que vous sentez que vos émotions sont à fleur de peau, vous n’êtes pas dans un état optimal pour discuter d’un tel sujet”, continue-t-elle. Choisissez un moment qui vous convienne à tous les deux. Beaucoup de couples repoussent le sujet de ‘argent car ils craignent le désaccord. L’idéal est de se préparer en adoptant une attitude positive, et de ne pas se construire de scénarios catastrophes.

Dans l’absolu, la psychologue remarque que notre état d’esprit a un impact considérable sur nos relations amoureuses, sur notre perception de l’autre, et sur notre façon d’aborder certains sujets. En nous créant des scénarios, nous nous fermons à l’autre et nous lui prêtons à tord de mauvaises intentions. Avant d’adresser des reproches à l’autre, faites un pas de recul pour observer votre état. Si vous considérez votre partenaire comme très pointilleux, vous pourriez être tenté.e de ne pas lui présenter votre outil de gestion des dépenses, de peur de recevoir des reproches quant au fait qu’il n’est pas assez détaillé, à l’inverse, vous pourriez alourdir inutilement votre tâche, croyant répondre à des exigences que vous attribuez à l’autre.

“Changer votre perception, car le fait de voir une qualité chez l’autre et non un défaut vous amènera à utiliser des mots plus appropriés à la situation, un ton de voix chaleureux, et votre non-verbal projettera un message positif. Vous deviendrez ouvert.e à l’échange et à la personne devant vous”.

4. Vivez votre vie, pas celle des autres

“Certaines personnes ont tendance à se comparer aux autres afin de définir leur bonheur ou leur malheur. (…) Il faut savoir que les comparaisons peuvent devenir destructrices et susciter un mal-être quand, une fois que nous sommes adultes, elles définissent qui nous sommes, ce que vous voulons, ou ce à quoi nous aspirons”. Parfois, la comparaison s’insinue même au sein du couple. Elle peut créer inutilement des tensions et avoir un impact sur la dynamique relationnelle. Pour éviter cette situation, il est essentiel de culture la confiance mutuelle et la communication ouverte, et de souligner l’appréciation des qualités uniques de chacun des partenaires.

“Un couple que je voyais en consultation appréhendait l’arrivée de la retraite. L’insécurité principale était liée à l’état des finances. Ils se demandent si leurs économies allaient être suffisantes pour leurs vieux jours. Nous avons rapidement réglé cette question grâce à un planificateur financier qui leur a préparé des projection. Toutefois, leur appréhension persistait. D’où venait-elle ? Au cours d’une rencontre, l’épouse a dit à son mari : “je sais que tu aimerais avoir un condo en Floride, mais moi, cette idée ne me réjouit pas.” Et le mari a alors répondu à sa femme : “Ce n’est pas non plus une idée qui me tente vraiment. J’y ai pensé parce que des milliers de retraités le font.” Par cette simple franchise, ils venaient de dénouer le problème.

Se comparer, c’est s’imposer une pression de performance en s’éloignant de ce que l’on désire vraiment. Pour arrêter de se comparer, on prend un pas de recul. On se place en observateur afin de comprendre les raisons de cette comparaison. Puis on se place en mode conseils vis-à-vis de nous-mêmes. Prenez des notes et revenez-y les jours suivants. Vous obtiendrez tôt ou tard des réponses à vos questions. Aussi, n’oubliez jamais que vous ne voyez jamais que ce que les gens veulent bien montrer.

5. Repérez la place que prend votre ego

“Lorsqu’un couple discute d’argent, rappelons-nous que chacun s’exprime et comprend l’autre selon des valeurs, ses croyances, ses métaprogrammes, ses traits de personnalité… et aussi selon la grosseur de son ego !”. Que ce soit pour préparer la retraite, pour se procurer une voiture de luxe, pour acquérir un chalet à la campagne ou pour acheter tout bien qui sort de l’ordinaire, il est bon de nous demander si nous envisageons cette dépense pour satisfaire l’ego de l’un.e ou de l’autre.

Bref, il est important de se rappeler qu’il ne sert à rien de toujours avoir raison. L’harmonie est beaucoup plus agréable qu’une lutte de pouvoir qui mène à des échanges susceptibles de fragiliser le couple. “Il suffit d’enlever une lettre au mot ego, soit le E, pour laisser place à “GO”. Une avancée en synergie qui met l’accent sur la relation plutôt que sur un individu : “Ensemble, on va plus loin””, conclut Josée Blondin.

gérer son argent en couple

“Amour et portefeuille : quand couple et argent font bon ménage” de Josée Blondi, Les Éditions de L’Homme

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