Ces dessins montrent des pratiques très différentes. Tout comme la peinture, l’art du tatouage se décline en différents styles. « Il y a vraiment beaucoup de techniques différentes: le pointillage, la brosse “coup de couteau”, les couleurs brutes, les ombrés, les non colorés, les plus grands,… C’est impossible de tous les énumérer, chaque artiste procède à sa manière. » Émilie suit l’école japonaise: un fond très foncé avec des couleurs plus fortes et des lignes plus épaisses.

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Les vrais connaisseurs ont une mentalité de collectionneur: « Toute ma vie est écrite sur ma peau. Littéralement. Pendant mes voyages, je me laisse tatouer par différents artistes et comme mes clients, je collectionne les grands noms – un peu à la manière d’un collectionneur d’art. Ma main a été travaillée par l’argentine Bara, les fleurs ont été réalisées par Tomas Garcia, un artiste espagnol. Tout mon bras a été tatoué par Brujo et ce papillon a été fait par Rob Benavides , de San Diego. »

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Les deux squelettes qu’Émilie porte sur son torse peuvent même paraitre un peu vintage: « Ils ont été tatoués par l’artiste Just, basé à Paris. En fait, c’est un vieux dessin, entre-temps, son style a beaucoup changé. » Pour les initiés, ce tatouage a autant d’effet qu’une jupe Chanel vintage pour nous.

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« C’est pour ça que je trouve dommage que les gens qui n’y connaissent rien en tatouage débarquent chez moi sans s’informer. Certains arrivent avec des grands dessins sans même savoir ce qu’ils demandent. Pour moi, c’est la même chose que de ne pas apprécier du bon vin. »

« Comment je réagis au laser ? Par principe, je suis contre, mais je dois ajouter que je le fais aussi. C’est pratique pour faire de la place à un nouveau dessin. J’ai 32 ans et j’ai encore un bras libre (mon dos est tatoué de la nuque jusqu’aux hanches), c’est même un peu frustrant. Mais j’attends encore un peu, je veux gagner un peu en maturité. Ce sera mon dernier projet donc c’est vraiment super important. »

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Émilie n’est pas la seule à travailler dans son studio. « Le réseau des artistes tatoueurs s’étend à travers le monde et on a l’habitude d’aller les uns chez les autres. Il n’y a ni formation, ni formule secrète pour ce boulot: il faut travailler très dur et toujours continuer à apprendre. En regardant le travail des autres artistes, en se laissant prendre en mains, en échangeant certaines techniques. Pour le moment, j’ai reçu la visite d’un Italien qui a lui-même une boutique dans les environs de Côme. Je vais souvent là-bas pour rencontrer des collègues, pour tatouer, pour peindre ou juste pour me promener… Lui est là pour quelques semaines et il s’occupe de ses affaires. L’échange est toujours inspirant et enrichissant ! »

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