Assez parlé, maintenant on passe à la pratique. Comment commence un tatouage ? « Avant toute chose, les clients viennent en consultation: on parle un peu, pour faire connaissance et voir si on est bien sur la même longueur d’onde. À partir de là, on élabore ensemble le dessin. » Les clients qui ont une “mentalité commerciale” se retrouvent vite sur le chemin du retour. « On installe une confiance mutuelle. Je donne vraiment tout à mon client, mais je dois être certaine qu’il marche avec moi et que je peux lui faire confiance. Un dessin de taille moyenne me prend environ 9 heures de travail, et je ne veux pas faire ça pour rien. À ce niveau-là, j’ai déjà eu pas mal de mauvaises surprises. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte de la quantité de travail que je fournis. »
« Une fois le premier croquis terminé, je le dessine au crayon sur la peau – pour avoir les bonnes dimensions et les bonnes lignes. Chaque personne est différente, même si tous les dessins ont la même taille: chaque tatouage tombe différemment sur chaque corps. »
Le dessin final est ensuite placé sur de papier à pochoir et ainsi imprimé sur la peau. Après seulement, l’artiste procède au tatouage lui-même (avec les aiguilles). Rien n’est donc laissé au hasard.
J’ai la chair de poule rien qu’en les regardant: à chaque aiguille correspond un usage particulier. « Il y a des aiguilles pour tracer des lignes droites, d’autres plus spécialement conçues pour colorier, d’autres encore pour l’effet ombré… » L’aiguille électrique est rangée dans un encrier spécial. « En fait, il n’y a pas beaucoup d’encre dans un tatouage: dans un petit pot, il y a à peu près 15 gouttes et je n’utilise par le tiers en deux heures de temps. Bien sûr, ça dépend beaucoup de la main de l’artiste. »
Et ça coûte combien de se faire tatouer ? « Pour avoir un bon tatouage, il faut dépenser beaucoup d’argent, je connais des artistes qui demandent jusqu’à 300€ par jour. Ça peut paraitre beaucoup, mais il ne faut pas oublier les heures de travail en dehors du tatouage: les recherches, les consultations, le temps passé à la table de dessin,… Un tatouage c’est donc un peu comme un investissement. »
Il ne faut pas l’oublier : « Tatouer reste une activité où il y a des risques, l’éthique des artistes est donc très importante. Ils engagent leur responsabilité. Quand un client a du sang sur les mains, je m’en occupe et je désinfecte directement. Je lui demande s’il se sent bien, s’il veut une tasse de café ou une chaise,… Il faut vraiment penser à tout et tout anticiper. Les gants en plastique sont une chose, mais je désinfecte même les lampes électriques autour de la chaise de tatouage: on n’est jamais trop prudent. »