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Le soir, on est ouvertes aux histoires sans lendemain. Mais le lendemain, on attend désespérément un sms, un compliment ou une déclaration d’amour, qui ne vient pas. Sommes-nous vraiment faites pour le « casual sex » ?

Les femmes sont-elles aussi douées que les hommes pour le sexe sans amour ?

On aimerait ne pas avoir à poser ce genre de question, se dire que les relations sexuelles sans attachement émotionnel, c’est une question de personnalité, de choix individuel ou de morale intime, mais pas de genre ! Pitié, pas ça… Et pourtant, elles sont légion, les filles qui disent se sentir comme des épouses répudiées parce qu’un type avec qui elles ont couché un soir ne les rappelle pas, la bouche en cœur, le lendemain matin. Bien sûr, il y en a qui assument. Dans leur manuel pour hommes « Sexe et sentiments »*, le Dr Sylvain Mimoun et Rica Etienne expliquent que, depuis la libération sexuelle, « les femmes n’ont pas forcément besoin d’être amoureuses pour faire l’amour, mais elles sont très sensibles à la connivence et à la complicité. Certaines aiment le sexe pour le sexe, comme les hommes, et le revendiquent. » Mais les auteurs précisent : « Elles sont encore peu nombreuses. » Et interrogent : « Pour combien de temps ? »

Ce sont surtout les jeunes femmes jusqu’à la trentaine qui ont le plus de mal à vivre les aventures sans lendemain, estime Sabrina Bauwens, sexologue à Liège. « Leur priorité est de trouver le compagnon idéal mais elles se laissent rattraper par le manque de sexualité. Surtout que tout leur rappelle qu’elles ne sont pas dans la norme si elles n’ont pas d’aventures sexuelles. Alors, elles se trouvent un sex friend, sans toujours se rendre compte de ce que cela implique émotionnellement. Même quand on se rencontre sur internet, on va au minimum prendre un verre avant.

Il y a un début d’attachement, d’intérêt, et donc une attente. Chez nous, on n’est pas encore dans les “plans cul” à l’américaine.» Quand la sexologue reçoit des patientes qui assument une sexualité totalement « détachée », ce sont souvent des femmes un peu plus âgées. « Elles ont un ou deux divorces à leur actif et une bonne situation professionnelle. Elles ont été mariées, elles ont des enfants, une maison.

Elles recherchent des plans sexe sans affectivité. » Au risque, de blesser à leur tour les hommes, surpris de trouver porte close après avoir été gentiment chercher les croissants… Sabrina Bauwens met en garde les plus jeunes : « Nous vivons dans une société où il faut avoir tout vécu à 20 ans. Les gens se lancent des auto-défis, pour être dans la norme. La phrase que j’entend tout le temps dans mon cabinet, c’est : “Tout le monde a l’air de s’éclater au pieu, sauf moi.” » Ne serions-nous pas plus libérées qu’il y a 30 ans ? « De plus en plus de femmes s’affirment libertines mais, en fait, elles n’en peuvent plus de cette image de fille facile qui leur colle à la peau. J’en vois passer combien d’hommes et de femmes qui veulent à tout prix sortir de ces relations “kleenex” pour enfin vivre quelque chose de sérieux, qui mêle l’amour, le sexe, la séduction…  » « Je suis dans un entre-deux », explique par exemple Carole, 37 ans, célibataire.

« Le sexe avec un type pour qui je n’éprouve rien, c’est impossible. Ça me dégoûte. Mais l’abstinence totale, je ne peux pas non plus. En attendant de trouver le grand amour, j’ai un sex-friend. Il est amoureux de moi mais il sait qu’il n’y a rien à espérer de sérieux entre nous. On se donne de l’affection et on partage des bons moments, sans engagement. Pour moi, c’est la situation idéale : je me sens aimée et j’ai la main sur la relation ; lui profite de la situation, tant qu’elle peut durer. Le bel inconnu qui ne se souvient plus de votre nom au petit déjeuner, j’ai essayé et ça m’a déjà plombé le moral pendant des semaines entières. »

Et si c’était notre nature ?