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Et si c’était notre nature ?

Lucy Vincent, neurobiologiste et auteure de « L’Amour de A à X-Y » ***, confirme qu’il y a bien une difficulté particulière pour les femmes, liée à l’évolution.

« L’amour est un comportement qui est fait pour unir un couple le plus de temps possible pour que l’enfant survive. Lors d’un rapport sexuel, la femme, qui, comparée à l’homme, a moins de possibilités de se reproduire, sait qu’il y a un enjeu important : elle va peut-être devoir investir dans une grossesse et dans l’éducation d’un enfant. Elle entre dans un projet de long terme, qui nécessite d’être plus sélective dans le choix du partenaire. »

La contraception n’a-t-elle pas modifié cette donne ? « Le conscient dit peut-être qu’on peut avoir une aventure d’un soir sans conséquence, mais l’inconscient vient rappeler que, quand vous faites l’amour, vous entrez dans un engagement à long terme. Ce n’est pas très bien vu de dire ça aujourd’hui, mais le cerveau de l’homme et de la femme ne sont pas faits de la même façon. Le jeu d’hormones est différent. » Ces dernières années, l’attachement des femmes à leur partenaire sexuel a souvent été expliqué par la sécrétion de l’ocytocine, cette « hormone de l’attachement », présente massivement au moment de l’accouchement et de l’allaitement. «

On la retrouve dans n’importe quelle situation de rapprochement affectif, explique Lucy Vincent. Quand on se fait un sourire, quand on s’embrasse, quand on fait l’amour et, bien sûr, quand il y a un orgasme. » Même si, au saut du lit, on ne partage pas les mêmes goûts, les mêmes valeurs, les mêmes opinions… Ce qui peut poser problème. Pour Sabrina Bauwens, « l’ocytocine est un peu le truc à la mode. J’ai des patients qui demandent qu’on vérifie leur taux pour comprendre pourquoi ils ne sont pas heureux.

On donne des pseudo-explications aux problèmes. On prétend qu’un spray d’ocytocine peut faire revenir un mari volage. La réalité biologique est plus complexe que ça. » Nombreux sont les éléments psychologiques qui peuvent expliquer une différence d’attachement au sein d’un couple.

Pour celles qui aimeraient vivre le sexe sans amour, Lucy Vincent se montre rassurante : « Nous ne sommes plus aussi soumises à ces influences génétiques que nos mères et grands-mères, pour qui rien que le fait de coucher avec plusieurs hommes était impensable. Un processus est en marche, lié à la contraception, mais il prend du temps. » À un niveau individuel, peut-on y travailler ? « On peut se déconditionner de notre génétique, par exemple en lisant des histoires ou en regardant des films qui montrent des femmes libres, ayant des aventures sexuelles sans lendemain. » Serait-ce forcément une évolution positive ? « Je crois que plus nous avons d’options, plus nous sommes libres de nos choix, au mieux c’est. » À l’heure des derniers rendez-vous de l’été, à chacune de décider jusqu’où elle veut aller…

Témoignages