Oui, une femme peut jouer au rugby. Oui, les rugbygirls sont féminines. Les idées sexistes, les machos de bord de terrain ? Elles leur mettent une dérouillée.
La Coupe du monde féminine de rugby s’achève sur la victoire de la Grande-Bretagne. Du grand art au féminin ! Sauf que pendant seize jours, on en a bouffé de la blague sexiste : « Des bonhommes, des bœufs, des camionneuses ! », « Elles doivent bien se faire ratatiner les miches dans la mêlée ! », … Gros lourd, va ! Après un impact, on te demande si Tic et Tac sont toujours en place ? Du machisme comme on l’aime (Hum !) … bien éloigné de l’esprit rugby ! Le point avec Malika Voegele, rugbywoman carolo.
- Les règles en bref, ça donne ?
“Une passe se fait toujours vers l’arrière. Lorsque l’on réalise un essai, qui équivaut à cinq points, on aplatit la balle ovale derrière l’en-but [NDLR : pour faire simple, c’est une partie déterminée du terrain]. Quand le ballon passe entre les perches [NDLR : l’espèce de goal en H], c’est ce que l’on appelle un essai transformé, qui compte pour deux points supplémentaires soit sept points. Il y a deux compositions principales : la mêlée et le reste que l’on appelle la ligne des 3/4. La mêlée est composée de filles plus costaudes physiquement, qui vont aller chercher le ballon. Les autres, plus filiformes, courent pour mettre les essais. Chaque physique a son importance.”
- On pense quoi des rugbygirls ?
“Il y a deux visions. D’abord, celle des bons machos pour qui le rugby est avant tout un sport d’hommes. En tant que femme, tu es juste bonne à venir supporter ou servir au bar. J’ai envie de leur répondre qu’il n’y a pas un sport pour un sexe. Il y a bien des hommes qui dansent ! Ensuite, il y a ceux qui pensent que les filles ont le droit d’essayer. Ils les acceptent et les intègrent à 100%.”
- Capables comme les hommes, alors ?
“Physiquement, oui. C’est juste de l’entraînement ! De toute façon, nous jouons femmes contre femmes. Nous sommes juste un peu plus vicieuses. Et puis, chacune peut se retrouver dans le rugby. Je suis grande, je cours vite: je suis ¾. Je suis petite et trapue: je suis dans le paquet. J’ai entraîné des jeunes filles de 45 kilos tout mouillés. Je pensais qu’elles allaient casser en deux mais au final, je n’avais pas envie de me retrouver en face d’elles. (Rires.)”
- Jamais de jugement sur le physique des unes et des autres ?
“Non ! Quand on voit une nouvelle arriver, on analyse ses potentialités. C’est un regard qui déshabille mais de manière positive. C’est vraiment une mentalité à part. Le rugby, c’est le respect de soi et des autres. C’est un peu une école de la vie ! »
- Jouer au rugby et être féminine, c’est possible ?
“Prenez la photo de l’équipe nationale belge et vous verrez. Ce sont de belles femmes, féminines jusqu’au bout des ongles. Maintenant, comme partout, il y en a qui ne le sont pas. Mais ce n’est pas le rugby qui les a rendues plus masculines. Et puis, vous croyez quoi ? Après l’entraînement, on se lave et on se pomponne pour sortir.”
- Quels conseils donner à celles qui voudraient se lancer ?
« C’est un sport hard mais il y a moins de blessées au rugby qu’au football. On apprend à tomber, recevoir des chocs. Le rugby ne fait pas mal en soi ! C’est un sport de brut(e)s, joué par des gentlemen (women). Il faut juste dépasser les deux appréhensions principales : la brutalité et la saleté. L’esprit d’équipe et l’amour du sport sont également importants. Les clubs sont très mal répartis géographiquement. Il faut parfois se battre pour trouver un club et donc ne pas avoir peur des kilomètres. »