Quels sont les critères pour devenir mannequin "plus-size? Ça fait quoi d'être étiquetée "plus -size"? Tine Schoemaker, mannequin, répond à nos questions.
Comment es-tu devenue mannequin ?
Pendant mes études de photographie, j'ai souvent posé pour des camardes de classe et inversement. Ça qui m'a fait réaliser que j'étais à l'aise devant l'objectif. En outre, des agences de mannequins faisaient souvent appel à moi pour créer le porte-folio de leur mannequins débutants. C'est comme ça que je me suis fait des contacts et que j'ai eu envie d'essayer à mon tour comme mannequin. Je me suis donc inscrite dans une agence belge. Je n'ai pas décroché énormément de contrats. Après un an, je me suis inscrite dans une agence allemande spécialisée dans les "plus-size". Et depuis lors je reçois beaucoup de propositions.
Quels sont les critères ?
La taille d'abord : minimum 1,75m (à New York c'est 1,80m !). Des proportions harmonieuses, la taille fine est vraiment un must. Il vaut mieux avoir une silhouette en sablier.
En terme de taille de vêtement, on demande du 42 et du 44. Vous pouvez exceptionnellement décrocher un job avec un 40 ou un 46. Mais en général pour les échantillons, c'est la taille 42 qui est utilisée.
Votre poids doit rester stable, il ne faut ni monter ni descendre de taille, attention à l'effet yoyo, donc.
Un beau sourire et une belle peau sont aussi très importants.
Qu'est ce que ça fait d'être étiquetée "plus-size"?
Je ne suis pas très fan des terme tels que "plus-size" ou "voluptueuse". Ça me dérange qu'on me colle une étiquette sur le front et d'être limitée à celle-ci.
Ironie du sort, ce job m'a beaucoup aidée à prendre confiance en moi. Je n'ai pas un corps parfait et je n'ai jamais été la plus mince parmi mes amies, mais depuis que je pose devant l'objectif je me sens beaucoup mieux dans ma peau. On apprend aussi à relativiser la critique: un jour un client me trouve trop grosse, le lendemain un autre me trouve trop mince. Ne vous fiez qu'à vous-même, c'est mon meilleur conseil.
Est-ce que vous recevez des offres de mannequinat plus traditionnel ?
On n'utilise pas le terme de mannequinat traditionnel mais de "straight size". La grosse différence c'est qu'en tant que plus-size on est plutôt dans le commercial. Donc principalement dans des campagnes pour des webshops, par exemple, ou pour un lookbook. Les défilés ou séries mode dans les magazines c'est beaucoup plus rare.
Cela a ses avantages et ses inconvénients. Il est difficile de faire une carrière internationale sans défilés ou éditoriaux. Une apparition au défilé Chanel ou en couverture de Harper's Bazaar c'est un ticket pour la gloire. D'un autre côté, les jobs commerciaux paient mieux.
Est-ce qu'il y a d'autres différences ?
Bien sûr. Une carrière plus-size peut durer plus longtemps. Les straight-size commencent souvent vers 15 ans pour arrêter à 22. Moi j'ai commencé à 24 ans! Les jobs commerciaux cherchent plutôt des mannequins plus âgées, j'ai aujourd'hui 28 ans et on me dit parfois que je fais trop jeune.
Il arrive aussi que des mannequins qui étaient straight-size adolescente virent plus-size passées la vingtaine.
As-tu l'impression que la situation des mannequins plus-size évolue ?
Oui, je remarque que ces derniers temps il y a une vrai demande de diversité. Avant les mannequins plus-size étaient bookées pour des éditoriaux bien spécifiques. C'était une prise de position explicite d'utiliser un mannequin de taille 40. De nos jours, il arrive que des collègues soient engagées sur des séries mode sans qu'on ne souligne leurs tailles de vêtementss. C'est une évolution positive !
Quel est ton meilleur souvenir en tant que mannequin?
Un de mes premiers shootings, sur le thème du mariage dans le centre de Bruges. Normalement, pour ce type de shooting on a une caravane à disposition pour s'habiller, se maquiller et se coiffer, sauf que mes robes étaient si volumineuses qu'elles n'entraient pas dans le van. J'étais donc dehors en lingerie de mariage.
(lingerie: La Fille d’O)
Texte: Isabelle Vander Heyde, traduit par Annie Laloy
Images: Eva Vlonk