Parce qu’on l’aime mais …
C’est, paraît-il, l’un des grands fantasmes féminins : transformer l’autre ! Possible ou illusoire ? Trois spécialistes du couple répondent.
1. Oui, à condition d’y mettre les formes
Passé le stade fusionnel, celui où l’on est en manque dès que l’autre n’est pas là et où il présente à nos yeux toutes les qualités, on a toutes quelque chose à reprocher à l’homme qui partage notre vie : petits détails du quotidien ou grandes remises en question existentielles, les demandes de changement sont nécessaires dans le couple, mais elles ne sont pas faciles à formuler.
Quand les messages subliminaux restent lettre morte, quand d’atermoiements en ajournements on sent poindre l’agacement, attention, danger ! Si pour crever l’abcès, on cède à la véhémence, c’est certain, on a toutes les chances que le message ne passe pas, mais pas du tout !
« Certaines requêtes, même anodines, sur le rangement, l’hygiène ou une recette de cuisine, peuvent se révéler extrêment conflictuelles si elles cachent un enjeu important, comme une lutte de pouvoir», souligne le psychologue et psychothérapeute bruxellois David Vandenbosch.
Attention aux reproches qui suscitent la colère, à l’attaque qui induit la contre-attaque… Il a l’art de ne jamais ouvrir son portefeuille lors des virées entre amis ? Est-il juste distrait ou serait-il pas un peu radin ? En parler est indispensable car ne rien dire, c’est courir le risque de l’encourager dans ce comportement qui nous déplaît et de se sentir de plus en plus agacée.
Mais pas question de le faire sous le coup de l’énervement et de donner à ce qu’on dit la forme d’un reproche ou d’une critique. « La bonne stratégie est d’ouvrir des espaces de discussion, poursuit David Vandenbosch. Ce qui implique de dégager du temps et de rester attentive et tournée vers l’autre, de se concentrer sur lui et de lui manifester de l’intérêt. » On met donc en place des moments de parole, où chacun évalue son degré de satisfaction par rapport à la relation.
« Je conseille de le faire régulièrement, une fois par semaine si c’est possible, précise la psychothérapeute Isabelle Tilmant, qui sort un livre sur la relation de couple*. C’est la bonne fréquence pour que les habitudes ne se sclérosent pas et puissent être modifiées. »
Enfin, pas question de se focaliser sur la parole si elle ne mène à rien. Parfois, un mail écrit avec humour, un acte détourné porteront bien plus efficacement le message et entraîneront, de manière plus simple et plus légère, un réaménagement de la vie commune.